Le jeu vidéo à Bruxelles : un secteur en plein développement avant l’espoir du “tax shelter”
Un accord a été annoncé lundi dernier pour l’instauration d’un tax shelter pour permettre le développement du secteur des jeux vidéo. Dans le monde, l’industrie vidéoludique est déjà plus profitable que la musique ou le cinéma. Et ce secteur est aussi en pleine expansion en Belgique et plus particulièrement à Bruxelles.
Selon un dernier bilan réalisé en 2019 par l’organisation en charge du secteur du jeu vidéo Belgian Games, en collaboration avec FLEGA, WALGA et hub.brussels, 13 entreprises autour du jeu vidéo étaient enregistrées en Région bruxelloise en 2019 contre seulement cinq l’année précédente. Il s’agit surtout de studios de développement, soit ceux qui créent les jeux vidéo. On compte également une école de formation et une maison d’édition, qui permet la publication des jeux dans le commerce.
L’étude de Belgian Games indique également qu’il existe bon nombre de start-ups qui développent leur premier jeu vidéo et comptent souvent une ou quelques personnes. Peu arrivent à se constituer par la suite en entreprises pérennes avec de multiples équivalents temps-plein.
Un manque de volonté politique pourrait expliquer ce faible nombre d’entreprises, mais cela change depuis quelques années avec plusieurs partis réclamant des moyens d’investir dans le jeu vidéo, d’où cette idée de “tax shelter” au niveau fédéral.
En outre, les événements autour du jeu vidéo sont de plus en plus nombreux et aident à ce développement : compétitions e-sport, conventions,… Cela ouvre des vocations.
D’autres pays plébiscités
D’autres pays sont à la pointe dans ce secteur comme la France, les États-Unis et le Canada. Les Belges qui se forment à la création de jeu vidéo ou aux métiers autour de ce média préfèrent donc partir vers ces contrées pour grossir les rangs de studios de développement plus ambitieux afin de poursuivre leur carrière.
La Belgique, elle, n’a pas pris le même virage pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le secteur des jeux vidéo protège historiquement mal ses salariés. Beaucoup de problèmes d’abus ont été signalés par le passé, notamment sur ces périodes de “crunch”, ces périodes en fin de développement d’un jeu durant lesquels les heures supplémentaires ne se comptent plus… La Belgique est connue pour son système de protection sociale, ce qui peut en partie expliquer le fait que les grands studios évitent la Belgique.
Le mobile n’était par l’Eldorado
En outre, beaucoup de studios belges se sont lancées sur le mobile au début du siècle, avec l’espoir d’y voir un nouvel Eldorado. Mais le modèle économique s’est révélé trop fragile pour permettre une croissance importante. De nombreux petits jeux belges sont ainsi arrivés sur un marché déjà saturé.
Ainsi, en Belgique, seul le seul studio gantois Larian a réussi à se faire une place au niveau international grâce à d’ambitieux jeux qui sont considérés comme des double A, soit des jeux au large budget mais légèrement moins important que les plus jeux les plus populaires du moment.
Enfin, peu d’entreprises belges se sont portées vers d’autres secteurs autour du jeu vidéo et du développement 3D qui peuvent aider au secteur culturel, comme les effets spéciaux dans le cinéma par exemple.
Un levier pour les entreprises belges
Il reste désormais à savoir si le “tax shelter” proposé par le fédéral, qui devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2023, va vraiment aider au développement du secteur. C’est évidemment l’espoir de l’organisation Belgian Games, alors que d’autres craignent que ce tax shelter belge bénéficie… à des studios basés à l’étranger. Des critères seront toutefois en place pour aider avant tout les entreprises belges : un “test culturel” sera mené durant lequel chaque projet de jeu devra prouver sa dimension culturelle belge, et 50% des salaires devront être versés en Belgique.
Le secteur espère ainsi la création de centaines d’emplois grâce à ce coup de pouce, qui pourrait également servir de levier pour les studios belges, en vue notamment de collaboration avec des entreprises internationales.
► Pour plus d’informations sur le secteur belge du jeu vidéo : Belgiangames.be
Grégory Ienco – Photo : Belga/Nils Quintelier