Le centre d’accueil pour sans-abris de la rue de Trêves n’aura plus le soutien du fédéral après le 31 juillet
Le centre d’accueil pour sans-abris de la rue de Trêves, géré par la Croix-Rouge de Belgique, en collaboration avec Médecins du Monde et le CAW Brussel, ne bénéficiera plus du soutien financier du gouvernement fédéral après le 31 juillet prochain. Plus de 250 sans-abris risquent de se retrouver à la rue, faute de prolongation de cette aide.
Installé depuis l’hiver 2018-2019, le centre d’accueil pour sans-abris de la rue de Trêves, à Bruxelles, est toujours en place depuis lors. Soutenu financièrement par le gouvernement fédéral, ce centre coordonné par la Croix-Rouge de Belgique avec Médecins du Monde et le CAW Brussel, a pu rester ouvert hors des périodes hivernales grâce à un financement de la Région bruxelloise. Et suite à la crise sanitaire du coronavirus, le gouvernement fédéral avait proposé cette année une prolongation de son soutien financier jusqu’au 31 juillet.
Mais selon Bruzz, cette prolongation ne durera pas au-delà du mois de juillet. “Après la deuxième prolongation du soutien fédéral, la ministre Nathalie Muylle (CD&V, chargée de la lutte contre la pauvreté) a clairement indiqué que cette prolongation serait la dernière pour le centre de la rue de Trêves, à moins que la crise sanitaire reprenne”, explique la porte-parole de la ministre fédérale. “Ce qui n’est pas le cas à ce stade”.
Du côté de la Région bruxelloise, le ministre bruxellois en charge de l’Action sociale Alain Maron (Ecolo) indique à Bruzz que “les discussions avec le gouvernement fédéral sont toujours en cours” pour une possible reprise du financement par la Région bruxelloise, et ce jusqu’au début de l’hiver.
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“Un problème structurel”
Joachim Joris, coordinateur du CAW Brussel dans ce centre d’accueil, reste toutefois circonspect : “Nous entendons cela depuis des mois”, confie-t-il à Bruzz. “Nous avons invité les ministres Maron et Muylle, mais nous ne les avons pas encore vus. Le gouvernement fédéral montre du doigt le gouvernement bruxellois et vice versa”. Il ajoute que ce type de soutien saisonnier n’est pas tenable : “Le gouvernement fédéral nous aide à construire des abris d’urgence, comme ce centre d’accueil durant l’hiver, mais l’urgence est permanente. À Bruxelles, le sans-abrisme est un problème structurel qui nécessite une approche structurelle”.
“Le gouvernement régional ne fournit pas de réponse concluante sur la reprise de ce projet. Cela crée une grande incertitude chez les résident.e.s et les employé.e.s. Cette incertitude est désormais devenue chronique : au mieux, nous attendons avec impatience une prolongation de quelques mois, alors que la valeur ajoutée et la pertinence de ce centre méritent d’être structurées”, ajoute l’association Médecins du Monde par voie de communiqué.
Depuis l’ouverture du centre, les responsables du site estiment avoir accueilli 2 459 personnes différentes. Et sur l’ensemble des enfants accueillis, plus de 70% d’entre eux ont été placés dans une école en Région bruxelloise. Actuellement, ce sont 261 personnes qui vivent encore dans ce centre d’accueil, dont 41 enfants venus de familles, 58 femmes seules et 18 mineurs non-accompagnés. Ces personnes sont désormais dans l’inconnu pour le 31 juillet et après.
“En soi, il est irresponsable d’expulser du jour au lendemain des personnes sans perspective. Faire cela au milieu d’une épidémie de COVID-19 est complètement impensable”, ajoute Michel Genet, directeur général de Médecins du Monde. “La fermeture du centre met également en péril le traçage efficace des contacts : en effet, comment retracer les personnes qui errent dans la rue ? En d’autres termes, cette décision met en péril des mois de travail, le nôtre et celui de nos partenaires“.
Gr.I. – Photo : Belga/Nicolas Maeterlinck