Les nouvelles technologies au service du déconfinement

Depuis des semaines, les applications de traçage sont à l’étude pour gérer au mieux le déconfinement et éviter une deuxième vague de contamination.Mais elles ne sont pas les seules innovations à pouvoir jouer un rôle stratégique. De nombreuses start-up se transforment ou inventent des produits qui pourront simplifier notre quotidien.

Le traçage fait partie de la stratégie de déconfinement de nombreux pays et il entraîne aussi une quantité innombrable de questions concernant le respect de la vie privée et du secret médical. Pour qu’une application qui trace les contacts des personnes atteintes du Covid-19 soit efficace, il faudrait que 60% de la population la télécharge. Or, même dans les pays asiatiques, le taux d’utilisation dépasse rarement les 20%.

En Belgique, pour éviter que le principe soit recalé devant le conseil d’Etat, on a finalement décidé de procéder au traçage via des call centers qui seront gérés par les Régions. A Bruxelles, 200 personnes doivent être engagées et le système devrait avoir atteint sa pleine puissance début juin.

Cependant, cela n’empêche pas quelques sociétés de développer des produits numériques pour ceux qui souhaiteraient les utiliser. Ainsi, la société Esoptra propose un QR code à coller dans les entreprises. Le premier client sera la société Vinçotte. Le principe est assez simple. Dans les locaux communs comme les salles de réunion ou les cantines, des autocollants avec un QR code sont apposés. A l’aide de son smartphone, l’employé scanne le code à chaque fois qu’il rentre dans la pièce. S’il tombe malade, il le signale et ainsi, la société peut prévenir les collègues qu’il a croisés. A leur tour, ils peuvent se rendre chez le médecin ou se mettre volontairement en quarantaine. Ce système est assez économique selon la société puisqu’un autocollant coûte 5 euros et peut rester en place le temps de trouver un vaccin.

Une protection physique contre le virus

Voilà près de 10 ans qu’une université de Hong Kong mène des recherches sur un revêtement antiviral. Le revêtement MAP-1 de son petit nom va être commercialisé le mois prochain. Il peut être pulvérisé par couche sur les objets et évite ensuite que les bactéries et les virus puissent rester sur la surface. Constitué de millions de nanocapsules de désinfectant, le revêtement formé après pulvérisation tue les bactéries, les virus et les spores même lorsqu’il a séché. Il libère aussi ses capsules lors du contact humain et reste efficace 90 jours selon les chercheurs.

En Allemagne, une start-up a aussi imaginé des lampes à UV-C qui seraient placées dans les escalators afin d’y nettoyer les rampes, véritables nids à microbes. Les UV-C ont en effet la particularité de tuer les virus. C’est le même système que souhaite acquérir le Parc des expositions du Heysel afin de purifier l’air des palais et de sa salle de concerts. L’air passerait dans des espaces munis de ces lampes qui servent déjà à décontaminer l’air des salles d’opération. L’investissement serait d’un million d’euros.

Brussels Expo s’équipera de purificateurs germicides dès le mois de juin

Des masques 2.0

Depuis des semaines, les inventeurs sont dans leur laboratoires pour imprimer en 3D des visières, des masques, des embouts de respirateurs… Certains en profitent aussi pour réfléchir à une alternative au masque en tissu. Ainsi la société namuroise “nanOx” veut produire des masques en silicone réutilisables. Au prix de 29 euros, ils peuvent être stérilisés facilement au micro-ondes et s’adaptent mieux à la forme de chaque visage. Une capsule filtrante s’adapte entre les couches du masque. Un crowdfunding est toujours en cours.

Au Maroc, on est en train de breveter un autre masque en silicone qui contiendrait également un récepteur qui capterait notre température, l’humidité et la pression pour mesurer la pression et le cycle respiratoire ainsi que le taux d’oxygène dans le sang. Il est relié via Bluetooth à une application qui propose le traçage de déplacements de l’utilisateur.

Des bornes qui comptent les clients

Dans l’optique de la réouverture des magasins le 11 mai, il sera complexe pour certaines enseignes de mettre un vigile à l’entrée de chaque boutique afin d’autoriser l’entrée des clients pour qu’il n’y ait pas trop de monde à l’intérieur. Une petite société wallonne, Piximate, a créé une borne de comptage qui indique combien de personnes sont dans le magasin, la limite autorisée et autorise ainsi l’accès ou non au consommateur. La chaîne de magasins bio Färm testera bientôt le dispositif. Une autre société à Louvain fait également le même genre de boitier.

Et puis, il y a aussi les portiques qui mesurent la température corporelle afin de déterminer une éventuelle maladie. I-Care est en train de développer ce type de produit.

Les bracelets, les nouveaux accessoires du déconfinement

Il y a ceux qui prennent nos constantes vitales. Il s’agit par exemple d’un bracelet suisse conçu à la base pour définir les périodes d’ovulation des femmes. Les bracelets biométriques Ava vont à présent surveiller la température, le pouls, la fréquence de la respiration, le débit sanguin, ainsi que la variation du rythme cardiaque. Les données récoltées seront ensuite croisées avec celles de personnes atteintes par le virus afin de mettre au point un algorithme de détection pour les cas précoces.

Et puis, il y a les bracelets qui vibrent lorsqu’on s’approche à moins d’un mètre cinquante d’une personne. La société flamande Rombit a adapté son produit et va fournir au port d’Anvers des bracelets qui fonctionnent grâce au Bluetooth. Les ouvriers qui parfois risquent de ne pas respecter la distanciation sociale, devront le porter. S’ils se rapprochent trop, alors le bracelet vibre. Aucune autre donnée n’est enregistrée.

Mais pour ceux que la technologie inquiète, il y a toujours cette solution proposée dans certaines écoles chinoises. Pour la rentrée, les élèves ont porté ces drôles de chapeau qui leur rappellent en permanence la distance à maintenir. Et un plus, cela stimule leur créativité lors de la confection.

Vanessa Lhuillier- Photo: Rombit