Budget fédéral : le gouvernement approuve son “job’s deal” et réforme les allocations de chômage

Le gouvernement fédéral a approuvé au cours de la nuit son “job’s deal” qui vise à répondre au problème des métiers en pénurie. Le plan contient une nouvelle réforme des allocations de chômage.

Au 4e trimestre de 2017, le marché du travail belge comptait 134.750 postes vacants, soit le double d’il y a trois ans. Les gouvernements régionaux ont transmis leurs propositions au gouvernement fédéral, ainsi que les partenaires sociaux, pour tenter de réduire ce nombre en mettant au travail plus de chômeurs. Le système des allocations de chômage sera réformé. Dans les 6 mois qui suivent le licenciement, les allocations de chômage seront augmentées, ce qui signifie une hausse du plafond actuel de 2.619 euros ou une hausse du pourcentage de remplacement de 65%. L’opération se fera par arrêté royal. Les allocations diminueront ensuite plus rapidement. Là encore, un arrêté royal fixera les modalités: durée des périodes de dégressivité, degré de dégressivité et catégories de personnes concernées. Les textes sont attendus pour le mois de novembre et entreront en vigueur progressivement à partir de janvier 2019. L’allocation de chômage en 3e période, soit un montant forfaitaire dépendant de la situation de famille, sera “au minimum” maintenue, a indiqué le ministre de l’Emploi, Kris Peeters.

Ce projet a été décrié par les syndicats et une partie de l’opposition. “Ce n’est absolument pas notre volonté de pousser des gens dans la pauvreté. Au contraire, nous voulons les aider à trouver un emploi”, a assuré M. Peeters.

Une série de 26 autres mesures seront prises. Une immunisation fiscale forfaitaire est prévue pour les nouvelles primes régionales pour les demandeurs qui suivent avec succès une formation à un métier en pénurie. Un travailleur licencié pour raison médicale aura droit à un outplacement (1.800 euros) ou un accompagnement équivalent vers un autre emploi. La dégressivité sera gelée pour les chômeurs qui suivent une formation pour un métier en pénurie. Le travailleur licencié avec dispense de prestation du préavis devra s’inscrire dans le mois auprès de l’office régional de l’emploi. Le crédit-temps thématique pour la poursuite d’une formation à un métier en pénurie sera porté à 48 mois. Pour les bénéficiaires d’une RCC (successeur des prépensions) d’entreprises en restructuration, l’employeur pourra prendre le coût de la formation (3.600 euros) à sa charge.

Un arrêté royal est annoncé pour apporter de la sécurité juridique aux actions positives que mène un employeur en faveur des “groupes à risque” (jeunes, peu qualifiés, travailleurs âgés, etc.). Pour favoriser la formation dans le secteur de la santé, vu le risque de pénurie au regard du vieillissement de la population, une partie ou la totalité des réserves Maribel social pourra être utilisée. Le gouvernement fédéral contribuera via Beliris à la création d’un pôle emploi/construction à Bruxelles. L’arrêté “chômage” sera adapté en vue de permettre le service d’intérêt général pour les demandeurs d’emploi de longue durée.

Certaines réformes seront soumises à la concertation sociale. L’exécutif souhaite établir avec les partenaires sociaux un agenda précis pour avancer dans la réforme en cours des rémunérations qui ne doivent plus être liées à l’âge mais à la compétence et à la productivité. Pour ce qui est des RCC (chômage avec complément d’entreprise), le relèvement graduel de l’âge d’octroi est confirmé, ainsi que le retrait de la possibilité offerte aux partenaires sociaux de s’en écarter. (avec Belga)

■ Reportage de Michel Geyer et Marjorie Fellinger