Andrea Rea, professeur de l’ULB né en Belgique, s’est vu refuser la nationalité belge

Le sociologue et ancien doyen de la faculté de sciences sociales de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) Andrea Rea s’est vu refuser sa demande de naturalisation belge, en raison d’un “manque de preuves” sur “sa connaissance d’une des trois langues nationales, son intégration sociale et sa participation économique”.

Italien de deuxième génération (ses parents sont arrivés en Belgique dans les années 1950), le sociologue et professeur d’université Andrea Rea est né en Belgique et a travaillé ces vingt dernières années pour l’ULB. Pourtant, comme il l’a expliqué ce mardi au Soir et dans Toujours + d’Actu sur BX1+, le sexagénaire a appris que sa demande de naturalisation belge a été refusée. “Je pensais remplir tous les critères. J’ai finalement eu un choc, un émoi voire même une colère”, dit-il.

Selon le parquet qui a refusé son dossier, pourtant remis complet à la commune : “L’intéressé ne rapporte la preuve, ni de sa connaissance d’une des trois langues nationales, ni de son intégration sociale, ni de sa participation économique. En effet, elles ne déposent aucun comptes annuels (sic) attestant d’un travail continu au cours des 5 années précédant sa déclaration”. Or, Andrea Rea confirme avoir remis toutes les déclarations nécessaires, notamment concernant son travail à temps plein à l’ULB.

Entre public et privé

Le problème est en fait administratif : un arrêté royal indique que les documents nécessaires diffèrent si vous travaillez dans le public ou le privé. Or, Andrea Rea est un professeur nommé, mais travaillant dans une université privée. La commune a hésité entre les deux statuts, et a donc pris renseignement auprès de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui a indiqué que le statut de fonctionnaire était privilégié dans ce cas. Le parquet n’a par contre pas pris la même décision, ce qui a mené à ce refus direct, sans autre forme de procès. “Ce dossier démontre le pouvoir discrétionnaire très important dont dispose le parq uet aujourd’hui sur l’application de la loi”, dit l’intéressé.

“Aujourd’hui, les conditions de naturalisation sont beaucoup plus complexes suite à un changement de législation poussé par le Vlaams Belang et la N-VA”, précise Andrea Rea. Il demande aujourd’hui aux parlementaires de s’interroger sur “le pointillisme” de certains fonctionnaires au sein des parquets. “Cela risque d’alourdir l’appareil judiciaire, en raison des recours menés suite à ces problèmes”, dit le sociologue, qui confirme qu’il va déposer un recours pour enfin obtenir sa naturalisation belge.

■ Interview d’Andrea Rea par Fabrice Grosfilley dans Toujours + d’Actu.