Coronavirus : l’Economic Risk Management Group appelle à des mesures ciblées pour assurer la relance

Pierre Wunsch - Banque Nationale - Belga Thierry Roge

L’Economic Risk Management Group (ERMG) appelle les autorités belges à mettre en place des mesures ciblées pour assurer la relance économique après la crise du coronavirus (Covid-19). Ses co-présidents, le gouverneur de la Banque nationale, Pierre Wunsch, et le docteur Piet Vanthemsche, étaient auditionnés mercredi par la commission Économie de la Chambre.

L’ERMG, qui rassemble notamment les partenaires sociaux, a été créé afin d’évaluer les impacts économiques de la crise du coronavirus et formuler des propositions. Selon le groupe, le pays devrait subir en 2020 une récession de l’ordre de 8% du PIB. En raison des mesures de confinement, 1,2 million de personnes sont en chômage temporaire et 300 000 indépendants à l’arrêt. Dans le détail, lors de la 4e semaine de confinement (soit du 6 au 10 avril), 37% de salariés étaient en télétravail, 26% continuaient de prester sur leur lieu de travail, 31% étaient en chômage temporaire et 6% en vacances ou congé maladie. 50% des indépendants ont aussi demandé un droit passerelle.

Au total, environ 40% du secteur privé est à l’arrêt, soit un tiers de notre économie. L’impact le plus marqué est observé dans l’horeca, dans l’événementiel ainsi que dans le marché de gros et de détail. Par ailleurs, les petites entreprises ont plus de difficulté à s’organiser. “Le choc est important sur le résultat brut”, a relevé Pierre Wunsch. “Ainsi, 7% des entreprises craignent d’être confrontées à une faillite dans les mois qui viennent, surtout dans l’événementiel et l’horeca, mais aussi dans l’agriculture et l’industrie, qui ont des coûts fixes importants”.

Un scénario pour un confinement jusqu’au 3 mai

L’ERMG a élaboré un scénario basé sur 7 semaines confinement, soit jusqu’au 3 mai. Avec une hypothèse d’une reprise graduelle de l’activité sur 9 mois, il est possible d’arriver à terme à un niveau de PIB de 2% inférieur au niveau hypothétique d’avant-crise. “L’impact sur la consommation est très élevé, mais elle entraîne une situation d’épargne forcée pour ceux qui gardent leurs revenus. Cela pourrait aider à financer la reprise”, a relevé le gouverneur de la Banque Nationale. “Pour ceux qui pourront conserver leur emploi, l’impact de la crise est déjà dans une large mesure derrière eux.” Pour ceux qui perdront leur emploi, “la perte sera très importante. Un certain effort doit donc être fait pour les entreprises qui subissent de fortes baisses comme l’horeca et événementiel. Il faudra dès lors prendre des mesures générales suivies des mesures ciblées”.

Pour le moment, “on a pris beaucoup de mesures portant sur les liquidités. À présent, il faut travailler sur la solvabilité”, a suggéré Pierre Wunsch. “Si on prend des mesures, elles doivent être le plus possible ciblées sur les personnes et les entreprises touchées. Des réductions générales d’impôt coûteraient trop cher.” Par ailleurs, “je ne suis pas sûr que l’on aura besoin de soutenir la demande, en raison de l’épargne forcée”.

Pierre Wunsch a enfin qualifié d’“évident” le fait qu’une entreprise qui recevrait des aides de l’État ne serait pas autorisée à verser des dividendes. “Mais attention à ne pas mettre trop de conditions”, a-t-il prévenu.

Avec Belga – Photo : Belga/Thierry Roge