La FGTB annonce une grève générale, l’accord du gouvernement Arizona inquiète plusieurs secteurs

Cet accord gouvernemental fait grincer bien des dents. Associations, ONG et partenaires sociaux se sont exprimés depuis hier suite à la lecture des réformes annoncées.

Les fédérations patronales critiquent l’appel à la grève de la FGTB

Les organisations patronales flamandes Voka et Unizo ont partagé leur incompréhension mardi après l’annonce par la FGTB d’une grève générale pour contester l’accord gouvernemental.

“C’est un comportement irresponsable”, réagit Danny Van Assche, le patron d’Unizo, l’union des entrepreneurs indépendants flamands. “La FGTB parle d’un possible marathon de protestation. Nous sommes préoccupés par les conséquences économiques.”

L’organisation plaide pour la voie du dialogue. Le Voka juge également “inacceptable” de “paralyser l’économie” alors que les entreprises sont en difficulté. “La FGTB joue avec le feu”, ajoute son directeur général Hans Maertens. L’organisation patronale appelle les autres syndicats à ne pas suivre l’appel à la grève.

Les mesures prises en matière de sécurité sociale sont contre-productives, selon Solidaris

Les mesures prévues dans l’accord de gouvernement visant à garantir la viabilité financière de la sécurité sociale et à favoriser le retour à l’emploi risquent d’être contre-productives, regrette mardi Solidaris.

Selon la mutualité socialiste, 60% des personnes en invalidité le sont en raison de maladies musculo-squelettiques ou de troubles de santé mentale, souvent liés à des conditions de travail dégradées. Si l’accord envisage de responsabiliser davantage les employeurs à ce sujet, il s’agit toutefois d’une mesure insuffisante, pour Solidaris. “Les causes structurelles des maladies risquent d’être renforcées par toute une série de nouvelles mesures socio-économiques, prévues par l’accord, dégradant les conditions de travail: recul de l’âge de la pension, généralisation du travail de nuit et de la flexibilité au travail.” Sur le volet de l’accessibilité des soins, Solidaris salue l’élargissement du champ d’application du maximum à facturer (MAF) pour les patients psychiatriques de longue durée ainsi que la réforme du modèle de conventionnement.

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La mutualité regrette toutefois l’absence de mesures en faveur d’un meilleur remboursement des soins les plus reportés, d’un élargissement de l’octroi automatique du statut BIM ou d’une augmentation de l’indemnité maladie invalidée de minimum 10% au-dessus du seuil de pauvreté. “La trajectoire budgétaire prévue va forcer les prestataires et les mutualités à trouver près de 2 milliards d’euros d’économies sur la législature. […] Mais l’accord semble déjà dispenser un secteur en particulier: l’industrie pharmaceutique”, dénonce en outre Solidaris. “Conséquence: il y a un risque que les économies se fassent sur le dos du patient”, à travers un déconventionnement, des soins plus chers ou encore des délais d’attente rallongés pour un rendez-vous avec un spécialiste.  Pour Jean-Pascal Labille, secrétaire général de Solidaris, l’accord de gouvernement risque dès lors de fragiliser un grand nombre de personnes dont les femmes, les travailleurs précaires, les pensionnés ou les malades de longue durée.

L’opposition réclame les tableaux budgétaires, mais aussi la bonne version de l’accord

L’opposition a réclamé, mardi en ouverture de la séance plénière consacrée à la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre Bart De Wever, les tableaux budgétaires et la bonne version de l’accord de gouvernement.

“Il y a moins de 5 ans, les tableaux budgétaires ont été envoyés aux parlementaires par les services du Premier ministre avant sa prise de parole”, a souligné Pierre-Yves Dermagne (PS), en référence à la présentation de l’accord du précédent gouvernement auquel participait le PS. Sofie Merckx (PTB) a soutenu la proposition de M. Dermagne, mais a aussi demandé d’obtenir la bonne version de l’accord de gouvernement.

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Selon elle, la version envoyée aux députés comporte toujours des phrases qui figurent dans la version néerlandaise, mais pas dans la version française. “Un débat sans aucun chiffre n’a pas beaucoup de sens”, a jugé Alexia Bertrand (Open Vld). Selon Stefaan Van Hecke (Groen), les députés n’ont pas reçu la version qui avait été envoyée aux membres des partis de la majorité lors de leur congrès de participation. Le président de la Chambre Peter De Roover a indiqué que ces tableaux seraient envoyés pendant le discours du Premier ministre. “Ce n’est pas une façon de travailler”, a protesté Sarah Schlitz (Ecolo).

La CSC travaille à un plan d’action

La CSC souhaite élaborer un plan d’action avec les autres syndicats pour contester les mesures que le gouvernement De Wever veut mettre en place. “On sent qu’il y a beaucoup de colère”, confirme mardi le porte-parole du syndicat chrétien David Vanbellinghen.

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Les responsables de la CSC se sont réunis mardi pour une première analyse de l’accord de gouvernement. Malgré les incertitudes qui entourent encore le texte, l’impact sera très significatif, particulièrement pour les travailleurs les plus vulnérables, explique David Vanbellinghen. Le syndicat étudie la mise en place d’un plan d’action et sa participation à une grève générale, comme celle annoncée par la FGTB, est “envisageable”. Un travail de sensibilisation des travailleurs dans les entreprises sera également mené dans les prochaines semaines, ajoute François Reman, également porte-parole à la CSC. La manifestation du 13 février ne se limitera par ailleurs plus aux revendications pour les services publics mais prendra des contours plus larges.

Grève générale

La FGTB mènera une grève générale pour contester les mesures annoncées par le nouveau gouvernement fédéral, a-t-elle décidé mardi lors de son comité fédéral. Aucune date n’a toutefois encore été fixée pour cette action.

Le syndicat socialiste qualifie l’accord gouvernemental de “déclaration de guerre” contre l’ensemble du monde du travail. Il indique que la grève générale constituera “le début d’un marathon de résistance” qui durera toute la législature. Une manifestation nationale, déjà annoncée, aura lieu le 13 février.

1/10. C’est la note donnée à l’accord par la FGTB. Pour le président Thierry Bodson il n’y a pas une mesure positive pour le monde du travail. La FGTB s’inquiète de la limitation du chômage à 2 ans, des attaques sur les droits sociaux et du renforcement d’accès à la pension légale qui pourrait entraîner des conséquences sur les femmes, les malades ou les pensionnés. Un âge de la pension relevé qui inquiète aussi le syndicat militaire.

Sur le rail , l’Arizona veut aligner progressivement le système des pensions des cheminots sur le système global des salariés et fonctionnaires. Ce qui risque de pousser les travailleurs de la SNCB à descendre dans les rues les prochains mois.

Des mesures qui divisent

Du côté de la sécurité routière, l’Institut VIAS regrette l’absence de mesures en faveur d’une tolérance zéro pour l’alcool au volant ainsi que d’une interdiction de faire connaitre l’emplacement des contrôles mobiles via des applications. Mais l’institut se réjouit que les excès de vitesse, la conduite sous l’influence de drogues et d’alcool, ou encore la distraction au volant figurent dans l’accord. Touring de son côté invite le gouvernement à revoir la mesure sur la suppression de l’allègement fiscal pour les motos électriques, tricycles et quadricycles pour encourager des alternatives à la voiture.

Sur les 208 pages de l’accord du gouvernement Arizona, seules six sont consacrées au climat et à l’environnement et au bien-être animal. Un volet qui n’est pas à la hauteur des enjeux expriment les associations environnementales comme le WWF, le CNCD, la coalition climat ou Amnesty international.

Et puis ça grince des dents du côté de l’HoReCa aussi. Le nouveau gouvernement veut étendre l’interdiction de fumer aux terrasses des cafés et restaurants. Avec un risque d’amende pour l’établissement.

De son côté, l’Union belge du Transport (UBT) considère que cet accord “n’est pas un accord social mais un compromis qui permet d’éviter le pire”. Il relève quelques points positifs comme le maintien de l’indexation automatique des salaires. Mais note que d’autres points tels que l’extension des heures supplémentaires volontaires par exemple “constituent des menaces sérieuses pour les conditions de travail”.

D’autres secteurs plus enthousiastes

La CGSLB veut “donner une chance” à la concertation

La CGSLB ne s’associe pas à l’annonce de la grève générale de la FGTB, réagit mardi le président national du syndicat libéral Gert Truyens. “Ce gouvernement a été démocratiquement élu et nous voulons donner une chance à la concertation”, justifie-t-il.

Elle dit vouloir d’abord donner sa chance à la concertation. “Aujourd’hui, nous ne sommes pas demandeurs d’une grève de 24 heures”, confirme Gert Truyens. “Nous sommes un syndicat de concertation. Nous voulons d’abord voir dans quelle mesure ce gouvernement prend au sérieux les avis des partenaires sociaux.”

Le président du syndicat libéral considère aussi qu’une grève compliquerait les discussions dans le cadre des négociations avec les employeurs sur l’accord interprofessionnel (AIP). La CGSLB continue néanmoins de soutenir l’action syndicale du 13 février. La manifestation devait mettre en avant les revendications syndicales pour les services publics mais elle prendra finalement des contours plus larges. Gert Truyens considère cette mobilisation comme “un signal” adressé au gouvernement pour qu’il prenne au sérieux le dialogue social.

La Fédération belge des banques alimentaires (FBBA) s’est, elle, réjouie mardi dans un communiqué de l’accord de gouvernement. Selon cette dernière, il va stimuler les dons de denrées alimentaires.

Les assureurs, par le biais de l’organisation sectorielle Assuralia, ont eux salué l’intention de la coalition d’instaurer un cadre d’indeminisation clair en cas de catastrophe naturelle.

De son côté, l’Association Belge des Victimes de l’Amiante (ABEVA) se réjouit aussi de l’intention du gouvernement de supprimer l’immunité du responsable d’une exposition environnementale ayant conduit à une maladie, indique-t-elle mardi dans un communiqué.

Les explications d’Anaïs Corbin dans Bonjour Bruxelles