Élections 2019 : le Bureau fédéral du Plan a analysé ce que coûteront les propositions des partis

Le Bureau fédéral du Plan a livré vendredi son analyse chiffrée des priorités que lui ont soumises les partis politiques en vue du 26 mai. Les priorités des uns et des autres sont difficiles à comparer. L’exercice permet toutefois de cerner l’impact sur les finances publiques des mesures proposées.

Durant dix semaines, le Bureau Fédéral du Plan et les partis ont échangé et discuté des mesures prônées par les candidats aux prochaines élections fédérales du 26 mai 2019. Le 11 avril dernier, tous les partis ont rendu leur liste définitive de mesures, et le Bureau Fédéral du Plan les a analysées en long et en large. Le BFP a d’abord validé ou non l’estimation budgétaire fournie pour chaque mesure par les partis, avant d’analyser les effets de ces mesures sur une série d’indicateurs, comme la croissance économique, l’emploi, les finances publiques, la mobilité, etc. 314 mesures ont été proposées au BFP, par les treize partis représentés à la Chambre. Les mesures se retrouvent sur le site du Bureau Fédéral du Plan. Voici l’analyse des principales mesures proposées.

Découvrez notre dossier complet sur les élections du 26 mai 2019.

MR : une nouvelle réforme fiscale

Le MR propose de relever la quotité exemptée d’impôts à 13.500 euros. Le coût s’élèvera à 1,4 milliard en 2020 et jusqu’à 8,8 milliards en 2024. Des mesures de renforcement de la compétitivité sont également mises en avant, en particulier une suppression des cotisations sociales sur les trois premiers emplois. Coût de 26 millions d’euros en 2020 à 187 millions en 2024.  Si le taux d’emploi augmente de 0,02 pt en 2020 à 0,7 pt en 2024, l’impact sur la dette serait considérable : +4,9 pts en 2024 et une détérioration du solde de financement allant jusqu’à 1,89 pt en 2024.

PS : des pensions minimales à 1500 euros

Le PS met l’accent sur les dépenses sociales, dont le coût va de 973 millions en 2020 à 2,21 milliards en 2024. La mesure la plus chère est la pension anticipée à 60 ans, dont le coût atteint 1,6 milliard en 2024. D’autres sont prévues, dont le remboursement des consultations chez le généraliste ainsi que les visites (190 millions). En matière de pouvoir d’achat, le cocktail socialiste, notamment la hausse des pensions minimales à 1.500 euros, représente 5,2 milliards dès 2020. Des investissements dans les services publics sont prévus, en particulier le rail, pour 1,13 milliard. Les mesures fiscales, dont la globalisation des revenus rapporteraient 1,94 milliard en 2020 et 2,24 milliards en 2024. Il faut noter que le Bureau du Plan n’a pas été en mesure d’évaluer le gain d’un impôt sur la fortune. L’effet sur le taux d’emploi oscille entre 0,24 pt et 0,16 pt. La dette augmenterait de 2,78 pts en 2024 alors que le solde des finances publiques se détériorerait de 0,87 pt à 0,49 pt.

Ecolo : le rail plutôt que les voitures de société

Ecolo a mis l’accent sur le défi climatique. En 2020, les mesures coûteraient 1,22 milliard avant de rapporter 261 millions en 2024. Il est question d’investir dans le rail, rénover/isoler des bâtiments et de “transformer” l’avantage fiscal des voitures de société (économie: 2,38 milliards d’euros). Le relèvement des allocations les plus basses au-dessus du seuil de pauvreté coûterait 1,4 milliard et les mesures en matière de fiscalité, en particulier la globalisation des revenus, rapportent de 448 millions en 2020 à 2,43 milliards en 2024. A terme, l’impact sur le taux d’emploi serait négatif: -0,04 pt en 2024. La dette diminuerait de 0,79 pt et le solde de financement s’améliorerait de 0,26 pt en 2024.

cdH : réforme fiscale et transition environnementale

Le cdH a proposé des mesures très diverses. Son soutien à l’éducation et aux familles, qui va de la hausse de la quotité exemptée pour enfants à charge à l’investissement dans l’enseignement, représente 831 millions en 2020 et 1,3 milliard en 2024. Son programme pour “doper l’emploi et le niveau de vie”, (crédit d’impôt, augmentation de la quotité exemptée mais aussi lutte contre la fraude fiscale) coûterait 339 millions d’euros en 2020 mais rapporterait 1,26 milliard en 2024. Le parti propose aussi des mesures de transition environnementale, reposant notamment sur le rail, coûtant de 653 millions en 2020 à 2,46 milliards en 2024. Le taux d’emploi augmenterait, jusqu’à 0,5 pt en 2024. Le solde de financement se détériorerait jusqu’à 0,46 pt en en 2024 tandis que la dette augmenterait, jusqu’à 1,19 pt la même année.

PTB : un plan pour le prix des médicaments

Les petits partis ont soumis moins de mesures. Le PTB a ainsi fait évaluer son “plan kiwi” pour le prix des médicaments. Le gain pour l’État est de 325 millions par an.

DéFI : une augmentation de la quotité exemptée d’impôts

La réforme fiscale proposée par DéFI est encore plus onéreuse que celle des libéraux puisqu’elle repose sur une augmentation de la quotité exemptée d’impôt jusqu’à 13.670 euros. Coût: 10 milliards d’euros en 2024.

PP : réforme fiscale et réduction des dépenses publiques

Quant au PP, il propose une réforme fiscale avoisinant également les 8 milliards et une revalorisation des missions régaliennes de l’État d’environ 1,6 milliard d’euros.

Gr.I. avec Belga – Photo : Belga/Nicolas Maeterlinck