“Qui voudrait vivre dans une cave? On ne sait plus quoi faire, c’est hallucinant”: les conteneurs à Ixelles resteront jusqu’en juin

Depuis le mois de novembre, un mur de conteneurs s’élève devant un immeuble de la rue Jules Bouillon à Ixelles, privant les habitants de lumière du jour. En janvier, la commune promettait que ces conteneurs seraient déplacés durant le mois de février mais ce ne sera finalement pas avant juin, soit huit mois d’une situation très compliquée que dénoncent les riverains. Du côté de la commune, on assure faire au plus vite malgré les impératifs techniques, et on se félicite que les conteneurs auront disparu de l’espace public au profit d’un hangar.

■ Reportage de Sabine Ringelheim, Frédéric De Henau et Pierre Delmée

Trois mois après l’installation de ces conteneurs devant la façade de son asbl, Hayate El Aachouche ne cache pas sa colère. “Il y a vraiment quelque chose d’hallucinant dans cette histoire. Ce n’est plus possible“, nous alerte-t-elle. Directrice de l’association Le Printemps de la Tulipe, active dans la lutte contre le décrochage scolaire, elle s’exprime au nom de tous les riverains concernés, qui ont décidé de s’unir. “On nous a rapidement dit qu’il y aurait une solution mais à chaque fois, c’était reporté de deux semaines. Puis, c’était février. Et jeudi, on a reçu un courrier qui nous disait: bonne nouvelle, on a trouvé une solution… mais c’est en juin! Ce n’est pas possible, ça fait déjà trois mois”. Une réunion avec les riverains est prévue, a précisé la commune, “mais si c’est pour faire passer la couleuvre avec du thé et du café, ce n’est même pas la peine d’y aller.”

Pas une couleuvre mais des réalités compliquées, selon l’échevine de la Révonation urbaine d’Ixelles, Nevruz Unal (PS), qui rappelle que “malheureusement, la commune n’est que le dernier maillon, l’entrepreneur avait eu toutes les autorisations de la Région. Des autorisations basées sur des plans techniques mais, et je le regrette bien sûr, qui ne prennent pas en compte l’aspect humain“.

► Reportage | Des conteneurs installés à Ixelles dérangent les riverains (3/12/24)

“Les conteneurs disparaîtront totalement”

Le déplacement des conteneurs à proximité de l’église était la piste privilégiée, finalement sans succès. “C’était la seule et unique solution envisagée, et ça ne marche pas. Le cabinet n’a ni cherché ni investigué plus loin. Le plan A, c’est le confort de l’entreprise, pas de trouver des solutions pour les habitants“, selon Hayate El Aachouche. “On a l’impression que la priorité du cabinet de la Rénovation urbaine, ce n’est pas le calvaire que vivent les habitants et les travailleurs qui doivent rester dans le noir. C’est hallucinant, il y a pourtant des locaux vides disponibles à proximité. Et pourquoi faut-il trois étages de conteneurs?” Une nécessité liée à l’importance du chantier, répète la commune.

“Non, vraiment, je comprends la détresse des riverains mais nous avons cherché plusieurs solutions dans tout le périmètre autour. Il y a des impératifs techniques“, affirme l’échevine ixelloise. “La piste du déménagement à proximité de l’église présentait plusieurs problèmes: Sibelga exigeait des travaux, Vivaqua estimait que la grue serait trop lourde et là aussi, des riverains s’opposaient à la présence des conteneurs… Heureusement, parallèlement, un commerçant nous a proposé d’occuper un hangar. Des travaux et quelques aménagements sont nécessaires mais un appel d’offres va être lancé au plus vite pour que ceux-ci soit terminés en juin. Ce qui permettra de faire disparaître totalement ces conteneurs de l’espace public“.

“C’est pas moi, c’est l’entrepreneur, c’est Sibelga, c’est… toujours quelqu’un d’autre“, réagit Hayate El Aachouche. “Elle ne donne pas l’impression de nous comprendre. C’est oppressant, c’est très difficile de vivre sans lumière comme ça. Certains partent en vacances mais tout le monde n’a pas les moyens de le faire. Qui voudrait vivre ou travailler dans une cave? C’est très difficile aussi pour mon personnel, même moi j’ai du mal. Et les parents qui ont besoin de nous ne viennent plus toquer à la porte. Avant, on avait du passage tous les jours. Maintenant, ils pensent que c’est fermé. Le coiffeur de la rue a carrément dû mettre la clé sous la porte et ne recevra même pas la petite indemnité de 2.000 euros.”

Action en justice

Outre l’absence de lumière, d’autres nuisances sont rapportées. “Il y a des tentatives de cambriolage, de la consommation de drogue, des gens peu recommandables qui viennent se cacher ou qui utilisent l’espace derrière les conteneurs comme toilettes“, rapporte Hayate El Aachouche. “On rajoute de la difficulté à un quartier déjà difficile“.

Face à ce report, les riverains s’unissent et envisagent dorénavant une action en justice et réclament un retrait immédiat. “Toutes les voies diplomatiques ont été essayées, ça n’a pas marché, nous ne pouvons plus supporter cette situation.”

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