Plusieurs constructeurs automobiles souhaitent acheter des crédits CO2 à Tesla

TESLA BORNE RECHARGE

Le groupe Stellantis ainsi que les constructeurs Toyota, Ford, Mazda et Subaru sont prêts à acheter des crédits d’émissions de CO2 au fabricant américain de voitures électriques Tesla pour éviter les amendes, selon un document publié par la Commission européenne.

Le représentant de Stellantis en Belgique l’a confirmé vendredi, en marge du Salon de l’Auto de Bruxelles

Mercedes a de son côté décidé de former un groupement avec Volvo et Polestar, les marques européennes très électriques contrôlées par le groupe chinois Geely, ainsi que Smart (une coentreprise Mercedes-Geely), selon une déclaration d’intention publiée mardi sur le site de la Commission européenne.

Les six constructeurs traditionnels, qui représentent au total plus d’un tiers du marché européen des voitures neuves, risquent de lourdes amendes avec le renforcement en 2025 des normes d’émissions de CO2 européennes, jusqu’à 15 milliards d’euros sur plusieurs années, selon le lobby européen de l’automobile.

Le règlement dit “CAFE” (Corporate Average Fuel Economy) force les constructeurs à écouler environ une voiture électrique sur quatre modèles vendus. Ce texte a été renforcé depuis le 1er janvier dernier, à 93,6 grammes de CO2/km en moyenne, avec des barèmes adaptés à la production de chaque constructeur. Mais, sur un marché automobile européen très ralenti en 2024, les ventes d’électriques ont progressé plus lentement qu’attendu.

Pour éviter une potion amère, les constructeurs peuvent former des groupements (“pools” en anglais) avec des constructeurs électriques et leur acheter des crédits d’émissions, qui peuvent se chiffrer à plusieurs millions d’euros.

C’est ce qu’ont décidé de faire pour l’année 2025 Stellantis (avec ses marques comme Peugeot, Citroën, Fiat ou Alfa Romeo), Toyota-Lexus (4e groupe en Europe), Ford (3% du marché sur les onze premiers mois de 2024) et les plus petites marques japonaises Mazda et Subaru, en s’alliant avec le pionnier de l’électrique Tesla (2,2% du marché). Stellantis a confirmé mardi que la participation à ce groupement l’aiderait “à atteindre les objectifs d’émissions (de CO2) pour 2025 tout en optimisant [l’utilisation de] ses ressources”.

Laurent Barria, le CEO de Stellantis Belux, a confirmé la démarche vendredi, lors du Salon de l’Auto de Bruxelles, expliquant qu’elle visait à donner “un peu de marge” au groupe automobile. Il a rappelé qu’énormément d’argent a été et est investi pour atteindre les nouvelles normes et assuré que Stellantis est toujours prêt à faire face à ses responsabilités et aux échéances fixées. “En même temps, nous continuons à nous concentrer sur le développement de technologies innovantes et à faibles émissions”, a encore souligné un porte-parole du groupe automobile.

Cette stratégie de groupement, déjà pratiquée au cours des dernières années par Jaguar ou Honda, est contestée alors que certains constructeurs demandent plutôt une révision à la baisse des normes européennes.

Participer à un pool “reviendrait à financer (les) ennemis”, s’était désolé début novembre un dirigeant de Renault.  Stellantis ne partage toutefois pas ce point de vue et est plutôt demandeur de mesures d’accompagnement. “Nous ne remettons pas en cause les cibles à atteindre. Mais peut-être plutôt la feuille de route”, conclut Laurent Barria.