La première photo d’un trou noir prouve qu’un mouvement de rotation l’anime
Une équipe de scientifiques a dévoilé mercredi après-midi, au Berlaymont, le centre névralgique de la Commission européenne à Bruxelles, la première image d’un trou noir, capturée par Event Horizon Telescope, une collaboration mondiale associant des scientifiques financés par l’Union européenne.
Cette découverte a été présentée simultanément dans cinq autres conférences de presse à travers le monde. Ce trou noir se situe à 55 millions d’années-lumière de la Terre, au centre de Messier 87, une galaxie massive dans la constellation de Virgo. Sa masse est 6,5 milliards de fois plus importante que celle du Soleil. Ce sont huit télescopes en réseau, positionnés en haute altitude en différents endroits du globe – notamment dans la Sierra Nevada en Espagne, sur des volcans à Hawaï et au Mexique, dans les montagnes d’Arizona, dans le désert d’Atacama au Chili et en Antarctique – qui ont permis de capturer cette image. Les observations ont été faites les 5, 6, 10 et 11 avril 2017 et les informations ont mis plusieurs mois à revenir. Plus de 200 chercheurs dans le monde ont participé à cette opération.
“Cette découverte extraordinaire prouve, une fois encore, qu’une collaboration avec des partenaires du monde entier peut déboucher sur des résultats incroyables“, a fait valoir Carlos Moedas, commissaire européen chargé de la Recherche, de la Science et de l’Innovation. “Nous avons prouvé une fois de plus que la théorie de la relativité d’Einstein fonctionne“, explique Edouardo Ros du Max Planck Institute of Radio Astronomy. “Peut-être que les observations montreront à un moment que les choses commencent à se fausser, mais pour l’instant, Einstein avait raison“.
Les différentes photos reconstituées du trou noir, prises à quelques jours d’intervalle n’ont pas montré de différences significatives. Par contre, la forme de l’anneau délivre déjà en elle-même une information, comme l’explique Monika Moscibrodzka de l’Université Radboud de Nimègue aux Pays-Bas. “L’anneau est plus brillant en bas. Pourquoi ça? Ce genre de structure ne peut se former que si quelque chose à la source est en rotation. Qu’est-ce qui peut tourner? Ca pourrait être le trou noir, ou la matière autour, ou les deux“. “Personnellement, je pense qu’il y aura un avant et un après ce jour où j’ai vu pour la première fois cette image“, a conclu Anton Zensus du Max Planck Institute of Radio Astronomy. “Aujourd’hui, pour nous tous, marque le début du jour d’après“.
La technique d’observation développée servira à nouveau à l’avenir à observer d’autres trous noirs et objets galactiques. “On trouvera probablement plus que ce que l’on espère, car à chaque fois qu’on ouvre une nouvelle fenêtre sur l’univers, on trouve des choses inespérées”, s’avance Edouardo Ros du Max Planck.
Belga (Photo d’illustration : Belga/Ophélie Delarouzée)