Le ministre de la Défense ne dit pas non aux militaires en rue, mais…
Le ministre de la Défense, Theo Francken, n’a pas caché mercredi les difficultés liées au déploiement de militaires dans la rue pour lutter contre le trafic de drogue. Devant la Chambre, il n’a pas voulu avancer de date mais même le mois d’avril déjà cité lui paraît optimiste.
Le ministre de l’Intérieur, Bernard Quintin (MR), veut recourir à l’armée dans certains quartiers ou points chauds de la capitale où les trafiquants de drogue se disputent un territoire à coups d’armes à feu. Il a inscrit cette demande vendredi passé dans les points du conseil des ministres. “On ne peut pas détourner le regard. La demande de l’Intérieur est alarmante et claire, et je suis prêt à fournir une aide“, a expliqué M. Francken en commission. Le sujet est en discussion. A 14h, une réunion, rassemblant les experts des administrations et cabinets concernés, y était consacrée. Mais le ministre souhaite que son projet de “codex” réglementant les tâches policières que peuvent accomplir des militaires soit entré en vigueur. Le texte est prêt mais doit encore être approuvé par le gouvernement, recevoir l’avis du Conseil d’État et être débattu au parlement.
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Un processus qui ne devrait pas s’achever avant les prochaines vacances parlementaires, selon lui. Ou si tout se passe de façon fluide et rapide, au mois d’avril au mieux… Une échéance qui ne pourrait pas plaire au MR dont le président avance la fin de l’année pour le déploiement des premiers militaires en rue. L’envoi de militaires est aussi tributaire de la constitution d’une réserve territoriale. Y seraient envoyés les jeunes auxquels le ministre enverra prochainement une lettre pour les inciter à entamer un service militaire volontaire. Les premiers 500 candidats seraient formés en septembre de l’année prochaine, et ne seraient déployés qu’au début de 2027.
“Nos militaires sont formés pour être très agressifs”
En 2016, face à la menace terroriste, des militaires avaient déjà été déployés dans les rues mais dans un contexte très différent. Depuis lors, l’armée de terre est en pleine refonte pour faire face à la menace de guerre sur le flan est de l’Europe. “Nos militaires sont formés pour être très incisifs, très agressifs, pour aller véritablement au combat. Si on les lâche en rue contre des jeunes dealers de 12 ans… la proportionnalité est importante (…) Ce serait dommage que je sois interrogé ici parce qu’un jeune militaire de 18 ans a cassé la pommette d’un jeune dealer de 12 ans à Anderlecht avec la crosse de son Scar (fusil d’assaut de la FN utilisé par l’armée belge), qu’il y ait une plainte au comité P, une enquête, etc.”, a fait remarquer M. Francken.
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Le MR s’est montré particulièrement discret en commission. Les autres partis de la majorité n’ont pas affiché de grand enthousiasme. Pour les Engagés, ce déploiement de militaires ne peut pas remplacer un renforcement des moyens policiers, et n’est concevable que dans un cadre temporaire et des conditions clairement définies, selon Stéphane Lasseaux. Chez Vooruit, la prudence dominait: une telle décision ne peut être prise du jour au lendemain, a plaidé Axel Weydts qui réclame un cadre juridique préalable clair.
Avec Belga – Photo Belga





