Une soixantaine de personnes expulsées d’un immeuble de l’avenue Georges Henri: “Aucune solution de relogement n’a été proposée”

La police est sur place. Une partie de la rue Georges Henri est fermée.

Après un report en octobre dernier, la soixantaine de personnes sans papiers, dont neuf enfants, occupant un immeuble de l’avenue George Henri a été expulsée ce jeudi matin. Le bâtiment, qui abritait auparavant des bureaux, appartient à l’Organisation des états d’Afrique, du Pacifique et des Caraïbes. Celle-ci avait obtenu un jugement autorisant cette expulsion en août dernier. La police est présente sur place depuis environ 6h du matin.

Selon le collectif qui prend en charge ces personnes, cité par la RTBF, ces dernières ont été prises par surprise car le jugement d’expulsion ne leur a pas été signifié correctement. Contacté, le bourgmestre Olivier Maingain (DéFI) assure que cette expulsion leur a bien été signifiée correctement. Selon lui, une partie des occupants a d’ailleurs tenté d’occuper un autre bâtiment à Etterbeek dans la nuit de mardi à mercredi, mais qu’elles en ont été empêchées.

Le bourgmestre dit avoir fait appel à la Région pour tenter de trouver des perspectives de relogement, la commune n’en disposant plus. Sans succès pour le moment.

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Selon le collectif bruxellois Roza Nera – Zone Neutre,, les habitants des étages supérieurs ont été empêchés de quitter leurs chambres, tandis que la rue était bouclée. L’expulsion s’est achevée vers 11h30 et le bâtiment est depuis entièrement vide. “Aucune solution de relogement n’a été proposée“, relate Saïd, porte-parole de Roza Nera – Zone Neutre.

La police les a néanmoins autorisés les enfants à se rendre à l’école après plusieurs heures de négociation. D’après le collectif, le bâtiment, propriété du Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), était inoccupé depuis plus de trois ans avant d’être investi le 5 août. Les occupants du bâtiment avaient reçu un premier ordre d’expulsion du propriétaire en octobre dernier.

Celui-ci avait été suspendu pour permettre des discussions avec le propriétaire, précise le collectif. “Ces négociations ont échoué et un deuxième jugement d’expulsion a été prononcé. Les habitants ont alors cherché des alternatives, en attendant l’avis officiel précisant la date limite de départ.” Toutefois, selon les occupants, cet avis ne leur a jamais été communiqué, “malgré les déclarations de l’huissier de justice”. “Les résidents ont donc été pris au dépourvu en pleine nuit“, dénonce le collectif qui considère cette expulsion comme illégale. Il s’agit de la quatrième expulsion subie par le collectif depuis le début de l’année. “Le cas de Roza Nera est loin d’être un cas isolé”, insiste le collectif, qui alerte sur une répression croissante des sans-papiers en Belgique.

Le bourgmestre de la commune de Woluwe-Saint-Lambert, Olivier Maingain, affirme, de son côté, que l’expulsion a été réalisée en totale conformité avec la loi. “Le juge de paix a ordonné la fin de l’occupation du bâtiment, qui bénéficie également d’une protection diplomatique”, précise-t-il. L’huissier de justice aurait fait appel à la police fédérale. Selon le bourgmestre, l’intervention s’est déroulée “sans incident”. “Les services communaux ont fourni une assistance pour transporter des effets personnels des occupants vers un lieu désigné.” Le cabinet du ministre bruxellois chargé de l’Aide aux sans-abri, Alain Maron (Ecolo), examine les possibilités de relogement, précise Olivier Maingain.

BX1 avec Belga – Photo : Google Map

■ Reportage de Thomas Dufrane, Frédéric De Heneau et Paul Bourrières