Violences faites aux femmes : à Bruxelles, les chiffres s’alourdissent

Ce mardi 25 novembre marque la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, dans un contexte où les violences sexuelles et intrafamiliales continuent de progresser à Bruxelles. 

Selon les données de la police fédérale, les faits de mœurs – principalement des viols et atteintes à l’intégrité sexuelle – ne cessent d’augmenter depuis le 1er janvier 2020. En 2024, 2.174 faits ont été recensés, contre 1.846 en 2023, 1.810 en 2022, 1.677 en 2021 et 1.252 en 2020. Même en tenant compte d’une augmentation de la propension des victimes à porter plainte, ces données attestent d’une augmentation des faits année après année, écrit la police fédérale en marge des données chiffrées.

LVA, un dispositif proactif et en pleine expansion 

Le barreau de Bruxelles a lancé en 2022 le dispositif Lawyers Victims Assistance (LVA), créé par trois avocats pour offrir un soutien juridique concret aux victimes de violences sexuelles et intrafamiliales. 

Comme l’explique Pascale Poncin, avocate et coordinatrice du projet : “LVA est plus que jamais nécessaire, parce qu’on constate que non seulement il y a un mouvement de société, que les langues se délient, mais maintenant des personnes qui sont confrontées à des violences, quelles qu’elles soient, sont au courant qu’elles ont un accès gratuit. Les gens ne savaient pas vers qui se diriger il y a deux ou trois ans. (…) Vraiment, on constate qu’il y a une réelle augmentation, un réel besoin qui est là.” 

Les données montrent clairement l’essor du dispositif. Entre novembre 2024 et novembre 2025, le nombre d’avocats formés est passé de 150 à 315. Plus de 60 d’entre eux proposent désormais des consultations gratuites, contre une cinquantaine l’année précédente. Au 28 octobre 2025, plus de 800 victimes avaient déjà été prises en charge, soit près du triple par rapport à 2024. Le service reçoit en moyenne une vingtaine d’appels par semaine, un volume deux fois supérieur à celui de l’an passé.

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Pascale Poncin souligne également la levée progressive des tabous autour des violences :Ces sujets, considérés comme honteux ou tabous et qui suscitent la peur des conséquences ou des représailles, évoluent peu à peu dans les mentalités. Les personnes qui en sont victimes se rendent compte qu’il existe des lieux qui sont tout à fait adéquats pour les entendre, qu’on ne va pas remettre en question ce qu’elles ont subi, qu’on va essayer de les aider au mieux. 

Elle appelle à une extension du dispositif :Évidemment, notre vœu le plus cher serait que ça puisse s’étendre à tous les barreaux et que, au niveau local, chaque barreau puisse disposer d’un tel système, qu’on fasse partie d’un triptyque, avec la police et le niveau médical (…) pour pouvoir vraiment accompagner du début jusqu’à la fin la victime dans tous ses aspects.” 

Un phénomène massif : le mouvement Vie féminine alerte

Près d’une Belge sur cinq (17,2%) âgées de 15 à 49 ans et ayant déjà eu un partenaire a été victime de violences physiques, sexuelles et/ou psychologiques de la part de son partenaire au cours de sa vie, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) publié la semaine dernière. En 2023, 5,3% des femmes ont subi de telles violences en Belgique. 

Elodie Blogie est chargée des relations extérieures de Vie féminine, grande organisation qui se bat pour les droits des femmes. Elle nous expliquait : “Ils sont même en-deçà de certains autres chiffres. Et l’étude de l’OMS dit aussi que c’est certainement en-deçà de la réalité. Ce qu’on peut dire c’est que, dans tous les cas, c’est un phénomène massif dans la société qui va toucher énormément de femmes à un moment de leur vie. Toutes les femmes, si on parle de toutes les violences sexistes et sexuelles.”

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À l’occasion de cette journée du 25 novembre, Vie féminine lance une nouvelle campagne intitulée “Partir pour ne pas y rester “, centrée sur la création d’un pack d’accompagnement destiné à aider les femmes à quitter un partenaire violent. Ce pack inclurait : un soutien financier, un soutien psychologique et une aide juridique.Ce qu’on observe, c’est que partir, c’est très compliqué. Il y a énormément de freins. Partir, c’est un moment dangereux pour les femmes. C’est prendre un risque. Ce qu’on demande avec ce pack, c’est justement de pouvoir lever une série de ces freins.” explique Elodie Blogie. 

En 2024, 21 féminicides ont été recensés en Belgique, un chiffre encore incomplet tant le pays peine à centraliser ces données.

V. Rolus – Photo Belga ( action de sensibilisation contre les violences faites aux femmes, à Bruxelles en 2020 )

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