Un coin de Belgique au cœur des États-Unis : à la découverte de Brussels, dans le Wisconsin
EXCLU BX1 | Au cœur du Wisconsin, dans le Nord des États-Unis, on retrouve une petite ville nommée Brussels, en hommage à notre capitale.
Mille habitants environ, quelques fermes, des champs et de grandes forêts : bienvenue à Brussels, dans le Wisconsin. Cette petite ville, située à trois heures de route de Chicago, près des Grands Lacs, abrite une importante communauté belge. Ainsi, bon nombre d’habitants de cette ville descendent d’immigrants belges.
Theresa Alexander en fait partie : dans son jardin bordant Green Bay, un bras du Lac Michigan, cette descendante d’immigrants de Grez-Doiceau et Perwez, qui continue à parler wallon, nous explique que “ma grand-mère a émigré en 1871, et nous avons longtemps vécu avec elle. Mais elle ne parlait que le wallon, et un peu de français“, forçant donc la jeune Theresa à apprendre ces langues d’un autre continent. Aujourd’hui, parmi la communauté de Brussels, peu parlent encore le Wallon : “seuls quinze à vingt personnes le parlent encore de manière fluide. Beaucoup disent encore le comprendre, mais ne peuvent plus tenir de conversations“, nous explique-t-elle.
Un centre pour l’héritage belge
Reste que l’attachement à la Belgique demeure, dans ce petit village américain : en 2010, le fils de Theresa, Joe Alexander, fonde le “Belgian Heritage Center”, un centre dédié à l’héritage belge dans ces contrées, et à la préservation de l’usage du wallon. Dans ce centre, abrité derrière un grand monument dédié aux premiers émigrants belges et doté d’un grand drapeau noir-jaune-rouge, on découvre les histoires et les photos de nos compatriotes, partis peupler le Wisconsin dès 1850.
“Ils ont dû construire des routes jusqu’ici, et puis dégager les terres. Ils ont coupé les arbres pour en faire des planches et des toits : c’était titanesque à l’époque !“, relate Joe Alexander, fondateur du Belgian Heritage Center. Au cours du dix-neuvième siècle, les Belges s’installent dans la région, en construisant leurs habitations. Ils fondent aussi, tout autour de Brussels, d’autres villes aux noms curieux : Namur, Rosiere, Champion (appelée, à l’origine, “Aux Premiers Belges”), Walhain et Luxemburg.
Les premiers Belges à élire domicile dans le Wisconsin amènent également leurs traditions, notamment une kermesse annuelle, fin août : “la kermesse s’est réduite ces quinze dernères années. Mais quand j’étais jeune, elle durait trois jours !“, explique Joe Alexander, “Il y a une messe à l’église, et ensuite des célébrations pour les récoltes de l’automne“.
D’autres Brussels à travers l’Amérique du Nord
Reste que Brussels, dans le Wisconsin, n’est pas un cas isolé : à travers le continent nord-américain, on retrouve trois autres Brussels, un dans l’Illinois (États-Unis), et deux autres au Canada (Ontario et Manitoba).
“Les émigrants belges sont partis avec leurs traditions religieuses, leur langue, l’ensemble des éléments de leur patrimoine. Et bien entendu, le fait de donner des noms comme Bruxelles ou Namur est une façon de souligner le lien qui les attachait à la Belgique“, indique Serge Jaumain, professeur d’histoire contemporaine à l’ULB et spécialiste des États-Unis.
Qui étaient ces Belges partis peupler l’Amérique du Nord ? Les explications complètes de Serge Jaumain
Six mille kilomètres séparent aujourd’hui Bruxelles et Brussels. Deux villes qui restent néanmoins liées par leur héritage, et leurs habitants.
■ Reportage de Arnaud Bruckner et Stéphanie Mira avec Kristin Alberts