Trois personnes sur dix sous le seuil de pauvreté à Bruxelles, le poids du logement “intenable”

Près de trois personnes sur dix (28%) vivaient sous le seuil de risque de pauvreté en Région bruxelloise l’an dernier, contre 8% en Flandre et 15% en Wallonie. Les inégalités sociales sont particulièrement marquées dans la capitale, et exacerbées par les dépenses liées au logement. Certains doivent ainsi vivre avec 9 euros par jour, ressort-il vendredi du dernier Baromètre social publié par l’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale, qui s’inquiète d’une dégradation de la situation. Le nombre de bénéficiaires d’un revenu d’intégration sociale est passé de 28 479 personnes en 2013 à 45 135 en 2023, soit +58 %.

 

Plus d’un bruxellois sur quatre vit en situation de pauvreté (avec un revenu de moins de 1.450 € pour un isolé en 2023). À cette situation vient s’ajouter un nombre important de personnes en grande précarité qui sont absentes des statistiques, souligne le Baromètre social : la Région bruxelloise concentre sur son petit territoire une grande part des personnes sans-papiers présentes en Belgique, soit minimum 50 000 personnes.

Si le taux de risque de pauvreté est relativement stable depuis des années, certains indicateurs indiquent une dégradation de la situation sociale dans la capitale:

  • le nombre de bénéficiaires d’un revenu d’intégration sociale est passé de 28.479 personnes en 2013 à 45.135 en 2023, soit +58 %.
  • le nombre de personnes sans-chez-soi a quadruplé depuis 2008. 7.134 personnes ont été dénombrées par Bruss’help la nuit du 8 novembre 2022, dont 34 % dans l’espace public ou dans des hébergements d’urgence.
  •  l’écart entre le revenu imposable moyen des Bruxellois tend à s’accroître par rapport aux deux autres régions et à la moyenne belge : en 2020, le revenu imposable moyen des Bruxellois.es était inférieur de 20 % par rapport à la moyenne belge, alors qu’il l’était de 10 % en 2000. Un écart en défaveur de Bruxelles qui a donc doublé.

Les pauvres plus pauvres, les riches plus riches

Les inégalités sociales sont plus marquées dans la capitale: les personnes pauvres y sont plus pauvres et les personnes riches, plus riches, constate l’Observatoire.

Les 10% de la population avec les plus bas revenus disposent de moins de 985 euros par mois et par personne, contre moins de 1.250 euros par mois au niveau national.

À l’autre extrême, les 10% des plus aisés jouissent d’un revenu supérieur à 4.120 euros par mois et par personne en Région bruxelloise, là où il est de plus de 3.735 euros par mois en Belgique. 

 Logement, un “budget intenable”

Le poids des dépenses de logement exacerbe encore ces inégalités. Les 10% des Bruxellois avec les plus faibles revenus consacrent ainsi plus de 45% de leurs revenus aux dépenses de logement, contre à peine plus de 10% pour les 10% bénéficiant des revenus les plus élevés.

Après paiement des dépenses de logement, les revenus disponibles par personne varient de 9 euros par jour pour les moins nantis à 100 euros par jour pour les plus favorisés, illustre l’Observatoire.

“Croissant pauvre”

Les revenus médians sont nettement plus élevés en périphérie de la Région bruxelloise, dans les Brabants flamand et wallon, qui comptent de nombreux navetteurs travaillant à Bruxelles.

Au sein de la Région bruxelloise, les personnes ayant de très bas revenus restent en grande partie concentrées dans le «croissant pauvre» (zone formant un croissant à l’ouest du centre-ville), et ce depuis plusieurs décennies.

Les revenus sont également très bas dans les quartiers concentrant les logements sociaux, dispersés dans la Région.

Ils sont globalement les plus élevés en seconde couronne dans le quadrant sud-est de la Région, à l’exception des quartiers de logements sociaux. Les quartiers de seconde couronne ouest indiquent des revenus intermédiaires.

Les familles nombreuses à risque

Les familles nombreuses sont particulièrement à risque de pauvreté en Région bruxelloise, relève le rapport. Plus d’un quart des personnes avec un revenu sous le seuil de risque de pauvreté vivent dans des ménages constitués de cinq personnes ou plus.

En outre, six enfants sur dix ouvrent le droit à un supplément social pour les allocations familiales en Région bruxelloise. Ces proportions d’enfants ouvrant le droit à un supplément social atteignent jusqu’à 80 % des enfants à Saint-Josse-ten-Noode et 77 % à Molenbeek-Saint-Jean.

Les Belges d’origine non européenne globalement plus pauvres

Parmi les 20% des Bruxellois les plus riches, la majorité sont ressortissants d’un pays de l’Union européenne ou sont Belges avec des origines belges. Parmi les 20% avec les plus bas revenus, la plupart sont Belges d’origine non européenne ou de nationalité non européenne.

Le revenu moyen des ressortissants européens est le plus haut, à savoir deux fois plus élevé que celui des Belges d’origine non européenne qui disposent du revenu moyen le plus bas.