Syndicats, étudiants, ONG, artistes : manifestation nationale contre les réformes sociales
Ce mardi, les rues de la capitale seront le théâtre d’une manifestation nationale de grande ampleur, à l’appel des trois principaux syndicats du pays (FGTB, CSC et CGSLB) rejoints par plus de 40 organisations de la société civile. L’objectif est de protester contre un ensemble de mesures gouvernementales perçues comme une attaque généralisée contre le monde du travail, les services publics et la protection sociale.
Baptisée “Marche nationale des carrières”, la mobilisation entend rassembler travailleurs, étudiants, enseignants, artistes, professionnels de la santé et citoyens issus de nombreux secteurs. Les organisateurs espèrent dépasser la barre des 100 000 manifestants, rappelant ainsi, les mobilisations massives de 2014 et 2022. La manifestation vise à dénoncer un ensemble de réformes menées par le gouvernement fédéral dit “Arizona” et les exécutifs régionaux MR-Les Engagés en Wallonie et en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Le départ du cortège est prévu à 10h45 depuis la Gare du Nord, en direction de la Gare du Midi. De nombreuses perturbations sont attendues, notamment dans les transports publics (Stib, De Lijn) et les aéroports de Bruxelles et Charleroi, où aucun vol passager ne décollera ce jour-là.
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Un front commun inédit
Ce mardi matin à 10h45, un cortège annoncé comme d’une rare ampleur s’élancera de la Gare du Nord à Bruxelles, rassemblant une diversité d’acteurs rarement vue dans une mobilisation syndicale.
Les trois grands syndicats du pays (FGTB, CSC et CGSLB) font front commun contre des mesures qu’ils jugent “antisociales”. À leurs côtés, plus de 40 organisations de la société civile, telles que Greenpeace, Oxfam, le CNCD-11.11.11, la FEF ou encore la Ligue des familles, défileront pour dénoncer les reculs sociaux et climatiques. Le monde politique d’opposition sera aussi représenté, avec des figures issues d’Ecolo, du PS, de DéFI ou du PTB, bien qu’aucun de ces partis ne soit à l’initiative de la manifestation.
■ Extrait de l’interview de la députée bruxelloise Ecolo, Margaux De Ré dans Bonjour Bruxelles (13/10)
Enfin, plusieurs collectifs plus radicaux, comme “Commune Colère” ou le “Front d’action révolutionnaire”, appellent à durcir le mouvement, certains évoquant même une grève générale reconductible.
Des revendications multiples
Si le mot d’ordre principal est le refus des politiques d’austérité et des atteintes aux droits sociaux, les revendications couvrent un large éventail de thématiques :
● Pouvoir d’achat : opposition au projet de saut d’index, à l’augmentation de la TVA sur les produits de première nécessité, et à la hausse du minerval pour les étudiants
● Emploi et conditions de travail : dénonciation de la flexibilisation accrue du travail, notamment via les nouvelles règles sur le travail de nuit, qui pourraient entraîner des pertes de revenus mensuelles allant jusqu’à 700 euros pour certains travailleurs
● Pensions : rejet de la réforme des pensions des fonctionnaires et des militaires, demande de pensions décentes et refus du “Malus Jambon”
● Fiscalité : appel à une fiscalité plus juste, avec une contribution plus forte des grandes fortunes et une redistribution renforcée
● Services publics : demande d’un refinancement structurel, en particulier dans la santé, l’enseignement, la culture et les collectivités locales
● Respect des droits syndicaux : inquiétudes face aux tentatives de restriction du droit de grève ou de négociation collective
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Quels secteurs seront dans la rue ?
La journée de mobilisation de ce mardi s’annonce particulièrement suivie dans de nombreux secteurs, avec des revendications convergentes contre l’austérité et les réformes sociales jugées injustes.
Au CHU Saint-Pierre de Bruxelles, près de 90 % des sages-femmes seront en grève pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail et la fermeture de lits.
Dans le secteur hospitalier comme dans l’enseignement, la colère est profonde : la CGSP Enseignement évoque des “mesures d’une lâcheté sans précédent” prises par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et prévoit en outre une série d’arrêts de travail entre le 13 et le 18 novembre.
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Du côté du secteur culturel, plus de 45 fédérations dénoncent les conséquences de la réforme des pensions, qui pourrait amputer le revenu mensuel de certains artistes de 400 à 1 600 euros.
Dans la logistique, le commerce ou les administrations locales, les inquiétudes liées à la baisse des revenus, aux coupes budgétaires et à la précarisation des travailleurs alimentent une mobilisation large et déterminée.
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Vers un prolongement du mouvement ?
Si la manifestation du 14 octobre marque un moment fort, les syndicats n’excluent pas de donner une suite au mouvement. Une réunion est déjà prévue le 21 octobre entre les trois syndicats pour analyser la mobilisation et envisager d’éventuelles nouvelles actions. Des collectifs plus radicaux, comme “Commune Colère”, réclament quant à eux une grève générale reconductible. Certains groupes marginaux, tels que le “Front d’action révolutionnaire”, appellent même à des actions de blocage.
Le front commun syndical se veut pour l’heure stratégique : maintenir la pression, montrer l’ampleur du mécontentement, et garder ouverte la possibilité d’un dialogue… si le gouvernement accepte de l’entendre.
E.D





