Sommet sur l’énergie nuclaire : des activistes bloquent l’ouverture du sommet et dénoncent “un conte de fées nucléaire”
Des activistes représentant une quarantaine d’organisations du monde entier ont bloqué l’ouverture du sommet sur l’énergie nucléaire organisé jeudi à Brussels Expo, affirme Greenpeace Belgique dans un communiqué. Plusieurs accès au bâtiment accueillant la réunion ont notamment été barrés par des manifestants de Greenpeace France. Des activistes ont également grimpé sur la façade du Palais 10, affichant une bannière dénonçant “le conte de fée illusoire” que représente le développement de l’énergie nucléaire.
Le sommet est organisé par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), en collaboration avec le Premier ministre belge Alexander De Croo. Différents chefs d’État et leaders de l’industrie nucléaire y sont réunis pour réfléchir à des moyens de tripler la capacité atomique mondiale au cours des 26 prochaines années. Cette cible avait été fixée lors de la COP28 à Dubaï en décembre 2023, pour contribuer à atteindre l’objectif de zéro émissions nettes de CO2 d’ici 2050.
“Le nouveau nucléaire’, qu’il s’agisse de grands réacteurs ou de petits réacteurs modulaires SMR, qui sont notamment prônés par le gouvernement belge, est le plus mauvais choix possible pour un avenir décarboné”, regrette Greenpeace Belgique. “Pourquoi perdre autant de temps et d’argent dans un nucléaire fantasmé, alors que les gouvernements peuvent atteindre leurs objectifs climatiques et énergétiques grâce aux économies d’énergie et aux renouvelables ?”
Selon l’association “Don’t Nuke the Climate”, entre 24 et 28 réacteurs nucléaires devraient être raccordés au réseau électrique chaque année pendant 26 ans pour atteindre la cible fixée à la COP28. “Cette solution est tout simplement irréaliste, sauf dans un conte de fée”, souligne Jan Vande Putte, chargé de campagne pour Greenpeace Belgique.
Pour dénoncer ces “fantasmes pro-nucléaires”, plus de 600 organisations internationales ont signé une déclaration, publiée jeudi, demandant à investir dans une énergie “sûre, respectueuse de l’environnement et abordable pour toutes et tous”.
Le nucléaire est une partie de la solution, proclame De Croo à l’entame d’un sommet
Une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement se sont réunis jeudi à Bruxelles, sur le plateau du Heysel, pour un sommet dédié au nucléaire. L’objectif de cette grand-messe internationale, première du genre, est de consacrer la place de cette source d’énergie dans la stratégie en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre et garantir la sécurité énergétique.
“L’énergie nucléaire fait partie de la solution pour parvenir à des émissions nettes nulles d’ici 2050”, a déclaré le Premier ministre belge Alexander De Croo, hôte de ce sommet. À titre personnel, il s’est d’ailleurs prononcé pour une prolongation de 20 ans de la durée de vie des réacteurs belges de Doel 4 et de Tihange 3, au lieu de la prolongation de 10 ans décidée par le gouvernement actuel.
Pour atteindre les objectifs climatiques de l’Europe, M. De Croo estime que l’énergie nucléaire doit être pleinement déployée. À cette fin, il faudra bousculer l’opposition entre les énergies renouvelables et le nucléaire, car les deux seront nécessaires pour parvenir à des émissions nettes nulles d’ici 2050, selon le premier ministre. Le nucléaire constitue une forme d'”énergie durable” disponible en “quantités énormes, sûres et fiables”, avance-t-il.
Ce message a été souligné par Rafael Grossi, directeur général de l’AIEA. M. Grossi a notamment évoqué la crise énergétique et les nombreuses tensions dans le monde pour expliquer pourquoi le tout premier sommet sur l’énergie nucléaire n’a lieu qu’aujourd’hui. L’énergie nucléaire représente actuellement un quart des énergies renouvelables dans le monde, et la moitié en Europe, a indiqué M. Grossi. “Mais il faut faire plus. Il ne s’agit pas d’un concours de beauté, mais d’un combat dans lequel toutes les sources d’énergie disponibles et exemptes de CO2 doivent être utilisées pour se libérer du carbone le plus rapidement possible”.
Quelque 300 PDG et entrepreneurs et 37 chefs d’État et de gouvernement d’Europe et d’ailleurs participent à ce sommet nucléaire organisé par la Belgique et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
La réunion s’achèvera par une déclaration commune.
■ Explications d’Anaïs Corbin dans le 12h30
Belga – Photos : GreenPeace et Belga