Une soixantaine de personnes, dont des enfants, menacés d’expulsion à Woluwe-Saint-Lambert
Une soixantaine de personnes sans-papiers, dont neuf enfants, risquent d’être expulsés mardi prochain de l’immeuble qu’ils occupent dans la commune bruxelloise de Woluwe-Saint-Lambert, a fait savoir mercredi le collectif “Roza Nera – Zone Neutre” à l’agence Belga.
Le collectif, qui rassemble des personnes sans-papiers et les soutient, occupe cet immeuble situé sur l’avenue George Henri depuis le 5 août dernier. Le bâtiment, vide depuis trois ans selon Zone Neutre, appartient à l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP), qui regroupe 79 États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique avec lesquels l’Union européenne (UE) entretient des relations privilégiées. Parmi ces États figurent le Zimbabwe, les Bahamas, la Côte d’Ivoire et la République du Congo, ou encore Cuba, la Jamaïque et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Après plusieurs tentatives de négociation, les occupants ont reçu un avis d’expulsion par courrier le 11 octobre dernier, les exhortant à quitter l’immeuble au plus tard le 22 octobre prochain. Les résidents et le collectif ont fait appel, mais craignent de ne pas avoir assez de temps pour mener à bien la procédure devant le tribunal. Lundi dernier, la police, accompagnée d’un huissier, s’est rendue sur place. Depuis, ils se rendraient régulièrement sur les lieux pour “intimider les habitants” et les pousser à quitter le bâtiment.
“Le recours à ce type de pratique est choquant, mais pas tellement surprenant“, relate Mohammed, l’un des occupants. “En tant que personne sans-papiers, nous faisons constamment face à de la répression, qu’elle soit insidieuse à travers le déni de nos droits, ou carrément ouverte comme dans ce cas-ci. Nous vivons dans le stress permanent d’être arrêtés, déportés, expulsés.”
Outre l’avis d’expulsion, les conditions de vie dans l’immeuble se dégradent de jour en jour. Les occupants sont notamment privés d’électricité depuis deux mois, a indiqué le collectif. “Ni la commune, ni le CPAS n’ont apporté d’aide afin de rétablir l’approvisionnement en électricité ou fournir un lieu permanent à la soixantaine de personnes sans-papiers“, continue Zone neutre. “La signature d’une convention d’occupation temporaire pourrait permettre aux habitants d’avoir un toit jusqu’à ce que le bâtiment soit réaffecté”, a plaidé le collectif.
Selon le collectif, c’est la quatrième fois que ce groupe est contraint de déménager, parfois “sans réelle raison“. L’un des bâtiments desquels la soixantaine de personnes sans-papiers s’était déjà fait expulser, situé rue de Linthout, est encore vide à ce jour.
La situation avenue George Henri “n’est pas un cas isolé“, insiste en outre le collectif. Il dénonce la “systématisation des expulsions ces derniers mois, et la répression croissante dont font l’objet les personnes sans papiers“, soutenant que seule une régularisation pourrait leur permettre d’accéder à l’autonomie financière et administrative nécessaire à une “vie digne“.
Belga – Photo : Google Maps