Socialisation des loyers gelée : un couple de seniors peine à finir le mois dans le vert, la Région invoque l’absence de budget

Hourya et Abdelhamid, un couple de retraités installé à Neder-Over-Heembeek, remplissent toutes les conditions pour bénéficier de la socialisation des loyers, un dispositif bruxellois qui permet d’adapter le loyer aux revenus des locataires précaires. Pourtant, leur demande, déposée en septembre, a été refusée d’office. En cause : l’absence de gouvernement régional et de budget pour 2025. Une situation qu’ils jugent injuste.

Hourya, 68 ans et Abdelhamid, 72 ans, perçoivent chacun la GRAPA (Garantie de Revenus aux Personnes Agées), soit environ 922 euros par personne. Ensemble, leur revenu mensuel s’élève donc à 1 844 euros. Or, leur loyer mensuel, charges comprises, pour un logement communal de la Régie Foncière de la Ville de Bruxelles atteint les 900 euros, soit près de la moitié de leurs revenus. Face à cette situation, le couple a du mal à joindre les deux bouts. “Ils doivent se priver de beaucoup de choses pour ne pas tomber dans le négatif”, explique leur beau-fils Ossama.

Jusqu’à récemment, ils vivaient chez leur fille à Verviers, mais en raison de son travail, celle-ci ne pouvait plus s’occuper d’eux. Ils ont donc déménagé à Bruxelles pour se rapprocher de leur deuxième fille, plus disponible au quotidien. Le logement à Neder-Over-Heembeek, un studio modeste, représentait une solution idéale, avec un espoir de bénéficier de la socialisation des loyers.

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Mise en place en 2021 par la Région bruxelloise, la socialisation des loyers permet à des locataires de logements publics non sociaux (communes, CPAS, Régies foncières) de payer un loyer proportionnel à leurs revenus, sur le même modèle que les logements sociaux. En pratique, cela signifie qu’un ménage ne doit pas consacrer plus de 22% de ses revenus à son loyer. La Région prend en charge la différence entre le loyer “socialisé” et le loyer réel, via une compensation financière versée aux opérateurs.

Début septembre, Ossama prend contact avec la Régie Foncière pour entamer la procédure. Mais quelques jours plus tard, le verdict tombe : la réception de nouvelles demandes est suspendue, sur instruction de la secrétaire d’État au Logement, Nawal Ben Hamou (PS). “On nous a dit que ce n’était plus possible à cause de l’absence de budget et de gouvernement”, déplore Ossama. “Mais cela fait plus d’un an qu’on est sans gouvernement… Pourquoi suspendre maintenant? Et surtout, pourquoi empêcher au moins l’enregistrement des dossiers?”, s’interroge-t-il.

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Un dispositif suspendu faute de budget

Si selon lui, aucune base légale claire ne justifie une telle suspension, la secrétaire d’État au Logement répond : “Depuis le 23 septembre 2025, toutes les demandes introduites à partir du 1er janvier 2025 sont gelées, faute de budget disponible”. Nawal Ben Hamou confirme que les aides existantes sont maintenues, mais qu’aucun nouveau dossier ne peut être accepté, faute de moyens budgétaires et de cadre décisionnel. Le budget 2025 de la socialisation s’élève à un peu plus de 10 millions d’euros, mais il est déjà entièrement affecté aux bénéficiaires actuels. “Les bénéficiaires actuels conservent leur aide. Mais pour toute nouvelle demande, il faut un budget supplémentaire. Et cela, seul le prochain gouvernement pourra le décider”, explique-t-elle.

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Une réponse qui laisse Ossama perplexe. Il estime que l’administration aurait dû accepter les dossiers “en attente”, afin qu’ils puissent être examinés dès qu’un nouveau gouvernement sera formé. “Si on avait su que le dispositif allait être suspendu, on n’aurait jamais pris cet appartement. Aujourd’hui, mes beaux-parents ne s’en sortent plus financièrement”. 

Mais pour l’administration régionale, enregistrer des demandes maintenant n’aurait “aucun sens”, car les documents devraient de toute façon être réintroduits et datés de moins de trois mois. En cas de relance du dispositif, tous les candidats devraient donc reprendre la procédure à zéro, sans priorité fondée sur une date d’introduction antérieure.

“Sans gouvernement, rien ne changera”

Actuellement, 260 familles sont identifiées comme potentiellement éligibles à la socialisation à Bruxelles. Mais aucune d’entre elles ne pourra voir sa demande traitée tant qu’un nouveau gouvernement n’aura pas été formé et qu’un budget dédié n’aura pas été adopté. En 2024, 2 529 ménages en bénéficiaient. L’aide peut représenter jusqu’à 400 euros d’économie par mois, selon les chiffres de la Ville de Bruxelles.

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E.D

BX1
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