Selon Sven Gatz, “le gouvernement bruxellois, en affaires courantes, navigue tout droit vers l’iceberg”
Le ministre bruxellois des Finances, en affaires courantes, Sven Gatz (Open VLD) a adressé lundi une mise en garde au Parlement bruxellois: face à l’impasse budgétaire de la Région bruxelloise, “seul un nouveau gouvernement doté des pleins pouvoirs peut procéder aux réformes nécessaires et éviter le pire“.
Le ministre était interrogé sur l’évolution du budget régional en période d’affaires courantes. Comme il se doit, celui-ci est géré en douzièmes provisoires sur base du budget initial 2024 déficitaire et sans tenir compte des augmentations automatiques des dépenses liées notamment à l’index.
■ Explications d’Emilie Vanhemelen dans Bonjour Bruxelles
“La différence entre le gouvernement bruxellois et le Titanic, c’est que le Titanic n’a pas vu l’iceberg ou l’a vu beaucoup trop tard. Le gouvernement bruxellois, en affaires courantes, navigue tout droit vers l’iceberg. Seul un nouveau gouvernement peut encore éviter une collision aux conséquences désastreuses” a imagé le ministre Sven Gatz.
Selon lui, bien que la Région de Bruxelles-Capitale soit actuellement encore en mesure de s’autofinancer raisonnablement et dans des conditions relativement bonnes, il est clair que cela risque de devenir de plus en plus difficile. “Si un nouveau gouvernement ne parvient pas à faire des choix clairs en matière de réformes, d’économies et de recettes, une dégradation de la note par Standard & Poors est imminente. Bruxelles serait alors rétrogradée à la situation de la Région wallonne. Le recours à l’emprunt deviendrait alors plus coûteux et désastreux. Les charges d’intérêt augmenteraient de plusieurs dizaines de millions“, a notamment dit le ministre.
D’après Sven Gatz, le résultat financier du budget 2024 s’est détérioré d’environ 10 % par rapport à l’esquisse budgétaire, passant de -1,315 milliard à -1,451 milliard, selon les premiers chiffres. Cette détérioration est principalement due à des recettes fiscales moins importantes – droits de succession (-37 millions), droits d’enregistrement sur les ventes de biens immobiliers (-75 millions) et recettes des droits d’émission qui ne se sont pas concrétisées (-111 millions). En outre, les dépenses relatives aux primes à l’énergie Renolution ont été supérieures de 72 millions d’euros à ce qui avait été budgété, a expliqué le ministre Gatz.
Le ministre du budget a donc également appelé le parlement à ne pas effectuer de dépenses supplémentaires avec des majorités de remplacement lors du prochain vote des douzièmes provisoires, prévu en mars pour la période avril-mai-juin.
Selon lui, l’indexation des salaires en 2025 risque d’aggraver le résultat de l’année en cours à plus de -1,5 milliard. Bien que ce chiffre soit encore nettement inférieur au scénario plus négatif de -2,5 milliards (hypothèse dans laquelle le gouvernement continuerait à exécuter toutes les dépenses sans entrave, quod non), la situation devient de plus en plus intenable.
L’administration Finances estime aussi que les recettes seront inférieures de 160 millions d’euros cette année: 82 millions de recettes fiscales en moins, 7 millions de recettes en moins provenant de la loi de finances spéciale et 71 millions provenant du Fonds pour le climat et des droits d’émission.
Le ministre démissionnaire des Finances et du Budget a enfin fait valoir que le déficit pourrait être encore réduit en diminuant les dépenses facultatives.
Belga – Photo : Belga