Publication d’une carte blanche pour dénoncer le sexisme ordinaire

Une centaine de chercheurs francophones et néerlandophones belges ont signé cette carte blanche qui dénonce les violences sexuelles et sexistes dans l’enseignement supérieur.

Grosse pétasse ridicule“, l’ouverture de la carte blanche intitulée “Vers une université de (cyber)violences basées sur le genre,”  interpelle sur la violence à l’encontre des femmes dans le milieu académique. Et les formes de violences sont multiples, elles peuvent s’associer à des mises en doute constantes des compétences des femmes en raison de leur genre, des propos haineux et sexistes sur les réseaux sociaux, voire des menaces de viols et de morts, des diffusions de photos sans consentement sur le web ou encore des montages photos… Les exemples sont multiples et variés et pour ces raisons, les signataires pointent l’urgence d’aborder la question de la lutte contre les violences sexuelles et sexistes par les autorités académiques. 

Les universités sont particulièrement touchées confirme Françoise Tulkens, professeure émérite UCLouvain, ancienne vice-présidente de la Cour européenne des droits de l’homme, à l’initiative de la carte blanche.  “Dans les universités, il y a des relations hiérarchiques et des relations de pouvoir qui rendent la situation plus complexe et plus difficile à la fois à accepter pour les victimes et encore plus difficile pour déposer plainte ou faire valoir. On a été alertés par une série de cas. Il faut en parler simplement et voir ce qu’on peut faire de manière efficace dans les institutions d’enseignement supérieur. Pour écouter, entendre, orienter, prendre en charge et engager des poursuites disciplinaires en toute indépendance.

Les demandes et propositions

Les signataires proposent d’élargir la loi du 22 mai 2014 à l’espace virtuel. Pour rappel, la loi contre le sexisme dans l’espace public en Belgique condamne et sanctionne toutes les formes d’harcèlements sexuels dans les lieux publics : « La loi stipule que toute personne ayant un comportement ou un geste, en public ou en présence de témoins, visant à considérer une personne comme inférieure ou à la mépriser en raison de son sexe ou encore de la réduire à sa dimension sexuelle, peut être punie. ».

De plus, ces membres de l’enseignement supérieur plaident pour que des formations sur le continuum des violences et le sexisme ordinaire soient présents dans chaque formation universitaire. Mais également, qu’il y ait une meilleure protection des victimes et des témoins. L’objectif souhaité est qu’il n’y ait plus de position d’infériorité et de supériorité entre les femmes et les hommes.

Il y a un cadre légal, il peut toujours être amélioré. Entrer le cadre légal et la mise en œuvre, il y a parfois des difficultés. Il faut maintenant passer de la parole aux actes. Il faut avoir des formations à tous les niveaux pour permettre aux personnes victimes de le dire, de l’exprimer. Je ne pense pas que ce sont des textes ou des lois qui vont changer des choses radicalement, mais il faut commencer par là et agir sur tous les fronts” conclue Françoise Tulkens.

Une lutte collective

Par cette carte blanche, nous souhaitons rappeler que la lutte contre les violences ne peut être que collective. Vous qui vous apprêtez à rédiger un commentaire dénigrant sur les réseaux sociaux, vous qui likez ou partagez ce même commentaire, vous qui êtes sur le point de diffuser des photos intimes de votre ex : abstenez-vous. Vous, qui voyez votre collègue de travail ou de cours se décomposer, ne minimisez pas les violences qu’elle subit et encouragez-la à s’adresser aux services compétents. Vous qui subissez ces comportements : vous n’êtes, en aucun cas, responsable de ce qui vous arrive et vous n’êtes pas seule. C’est ensemble que nous construirons une université sûre pour toutes et tous.

Ca.Pa. /Interview par Anaïs Corbin/ image : Bx1

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10 février 2022 - 11h02
Modifié le 10 février 2022 - 13h24