Procès des attentats de Paris : Salah Abdeslam dévoile sa “vie simple” à Bruxelles

Le principal accusé des attentats du 13 novembre 2015 à Paris a été interrogé sur sa personnalité et sa vie en Région bruxelloise, avant son implication dans les attentats de Paris et de Bruxelles.

La cour d’assises spéciale de Paris examine cette semaine les personnalités des 14 accusés présents. Salah Abdeslam, 32 ans et seul membre encore en vie des commandos jihadistes qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et à Saint-Denis, est le premier à être interrogé.

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L’exercice est délicat : il s’agit d’évoquer sa vie sans “déborder sur le fond” du dossier qui ne sera abordé qu’en 2022, et donc sans évoquer son engagement religieux, comme le répétera plusieurs fois le président Jean-Louis Périès.

Barbe fournie, crâne rasé, gros gilet gris sur une chemise beige, Salah Abdeslam décrit dans des réponses succinctes son enfance “très simple”, heureuse, de fils d’immigrés marocains de Molenbeek (ouest de Bruxelles). Son père est chauffeur de tram à la STIB, sa mère femme au foyer, il est le quatrième d’une fratrie de cinq. “J’ai trois grands frères, une petite soeur. Qu’est-ce que vous voulez savoir ?”, dit Salah Abdeslam d’une voix calme teintée d’un léger accent belge, les mains jointes devant lui. Précisant n’avoir qu’“une seule” nationalité – française – il se décrit comme un enfant “calme, gentil, serviable”.

“C’est un peu personnel”

“Bon élève”, “aimé de (ses) professeurs”, il a suivi un “enseignement technique en électromécanique”, arrête les études à 18 ans pour travailler. Il aime le sport, “de combat, musculation, foot”.
La cour veut parler de sa vie personnelle, de sa petite amie d’avant les attentats. “Vous avez toujours des contacts avec elle ?” “Non”. “Et avant, vous aviez eu d’autres liaisons ?” Salah Abdeslam hésite. Je ne souhaite pas m’exprimer sur ça, c’est un peu personnel”.

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L’accusé, volubile depuis l’ouverture du procès après un silence quasi constant pendant l’enquête, ne fuit pas les questions même s’il n’offre que de brèves réponses, courtoises. Depuis huit semaines, celui qui s’est présenté au premier jour des débats comme un “combattant de l’État islamique” a plusieurs fois pris la parole pour justifier les attaques ou critiquer ses conditions de détention.

Son parcours connaît une première bascule en 2011 : engagé depuis dix-huit mois dans l’entreprise de son père, Salah Abdeslam est mis en cause dans une tentative de cambriolage – après une soirée alcoolisée, explique-t-il – et fait un premier séjour de cinq semaines en prison. Licencié, il alternera entre “intérim et chômage” et ajoutera une dizaine d’autres condamnations à son casier judiciaire. Il aide aussi un temps son frère Brahim, gérant de café et futur tueur et kamikaze des terrasses parisiennes. C’est le frère que Salah Abdeslam “préférait”.

“Avant j’étais comme ça”

Le président de la cour cite un autre de ses frères, selon lequel Salah Abdeslam aimait bien “sortir, fréquenter des boîtes de nuit, des casinos”. “Est-ce que c’est exact ?” “Ouais”, commence Salah Abdeslam. “Ouais, avant j’étais comme ça”. Le président l’encourage à développer. “J’ai été à l’école publique en Belgique, j’ai été imprégné par les valeurs occidentales, je vivais comme vous m’avez appris à vivre en Occident”. Et de préciser : “je dansais pas, je suis pas vraiment un danseur.

Le magistrat l’interroge ensuite sur ses conditions de détention, à l’isolement total et sous vidéosurveillance constante depuis son arrestation en 2016. Là aussi, Salah Abdeslam en dit peu. Des visites “tous les mois” de sa famille, des coups de fil et du sport “une heure le matin, une heure le soir”.

Le président mentionne son “comportement inégal” en détention et certains incidents. Il aurait traité des surveillants de “déchets de la société”, de “SS”, de “mécréants”. “Vous vous rappelez ça ?”, demande Jean-Louis Périès. “Non”.

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La première assesseure Frédérique Aline veut savoir pourquoi il n’a pas fait de demande de remise en liberté depuis qu’il est incarcéré. Il s’en étonne. “Parce que c’est difficile à imaginer que vous allez me lâcher“.

Avec Belga/AFP – Photo :  archive Belga/Igor Preys