Plan Good Move : le SNI craint un exode économique vers les autres régions

Près de deux mois après la mise en place du plan Good Move, le Syndicat Neutre Pour Indépendants (SNI) a réalisé un coup de sonde auprès de 150 indépendants et PME établis dans les 19 communes de la Région bruxelloise. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce nouveau plan de mobilité ne fait pas l’unanimité. Le syndicat craint un exode économique vers les autres régions.

Les conclusions de cette enquête sont à première vue très sévères.  Au niveau de la circulation d’abord, près de deux tiers des sondés jugeaient déjà la circulation difficile dans Bruxelles avant l’application du Good Move. Ils sont aujourd’hui plus de 90% à affirmer que la situation a empiré.  Au niveau du stationnement ensuite. Avant le plan, moins de la moitié tenait le stationnement pour difficile ou très difficile. Aujourd’hui, ce pourcentage est passé à 75%.

Ces problèmes de circulation et de stationnement ont évidemment une influence sur l’activité des entreprises bruxelloises. 87% des commerçants sondés voient déjà un impact négatif sur leur activité.

Contacté, le SNI précise que cet impact négatif consiste soit en une perte de clientèle soit en une perte financière, mais aussi en des problèmes de livraison de la part des fournisseurs pour un grand nombre d’entre eux.

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Des conséquences financières

La moitié des entreprises sondées rapporte une baisse de leur chiffre d’affaires et pour près de 3 sur 10 une diminution au-delà des 20%. Plus de trois quarts vont reporter, voire abandonner purement et simplement, des investissements qui étaient prévus alors que le licenciement de personnel et la faillite est déjà mentionné dans 15% des cas.

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Les plus grosses difficultés sont rapportées dans les communes les plus proches du centre-ville, telles que Bruxelles-Ville, Ixelles, Etterbeek ou Anderlecht.

Tous ces chiffres ont finalement une conséquence directe. Il ressort de l’enquête que deux tiers des indépendants et PME bruxellois envisagent de quitter Bruxelles.

Le plan Good Move, seul responsable ?

Néanmoins, il faut également remettre ces chiffres en perspective au vu de la situation économique actuelle. Le syndicat à l’origine de l’enquête le reconnait lui-même : la crise énergétique que nous traversons participe aussi aux difficultés financières de ces commerçants.

Malgré tout, pour le SNI, le plan Good Move ne peut pas perdurer en l’état. Il appelle les autorités bruxelloises à davantage écouter les appels partenaires économiques et de modifier rapidement ce nouveau plan de mobilité afin d’éviter un exode économique vers les autres régions.

Une méthodologie remise en cause

La méthodologie employée par le syndicat pour cette étude a rapidement été remise en cause. “1133 commerçants ont reçu un mail pour cette enquête, sur les 19 communes. Sur ceux-ci, 147 viennent du Pentagone. Donc, on est à 13% de commerçants répondants qui sont concernés par le plan Good Move Pentagone“, fait remarquer le porte-parole d’Écolo/Groen à la Ville de Bruxelles. Et de pointer le faible nombre de répondants, avec 150 réponses sur 1133 mails. Des chiffres que nous n’avons pas pu vérifier à l’heure actuelle auprès du SNI.

On déplore une méthodologie qui ne semble pas optimale pour refléter les attentes des commerçants bruxellois”, ajoute-t-il. “Nous rencontrerons le SNI avant la mi-octobre pour discuter de cette enquête, et nous invitons encore une fois tous les commerçants qui le désirent à contacter sans tarder le cabinet de l’échevin (Ndlr : Bart Dhondt, échevin de la Mobilité) ou le service mobilité de la Ville”.

Interrogé sur ce sondage lors du conseil communal de la Ville de Bruxelles de ce lundi, l’échevin des affaires économiques Fabian Maingain (DéFi) a également appelé à la prudence concernant les chiffres avancés par la SNI et à stopper le “bashing” constant sur la mobilité dans le centre-ville, dans l’intérêt des commerçants.

V.d.T. – Photo : Belga/James Arthur Gekiere

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03 octobre 2022 - 13h21
Modifié le 11 octobre 2022 - 09h58