Périlleux marchandage, l’édito de Jean-Jacques Deleeuw
L’actualité de juillet est souvent synonyme de dossiers à clôturer très vite avant la fête nationale. Une friche Josaphat d’un côté, des mesures fiscales de l’autre. Le nombre de taxis à valider, l’indexation des loyers en débat, bref une dernière ligne droite. Un dossier surprise s’est immiscé dans cette actualité estivale : un échange de prisonniers avec l’Iran.
L’Iran, qui n’est pas un modèle de démocratie, loin s’en faut, détient deux personnalités depuis de longs moments : il y a l’universitaire irano-suédois de la VUB Ahmadreza Djalali et l’humanitaire belge Olivier Vandecasteele, incarcéré arbitrairement à la prison d’Evin. En Belgique, est emprisonné un diplomate iranien qui a fomenté un attentat raté en France en 2018 contre des opposants iraniens. Assadollah Assadi a été condamné pour terrorisme. Les mollahs iraniens tiennent absolument à récupérer ce diplomate-terroriste. Arguant que grâce à l’immunité, on ne peut pas condamner un diplomate…
De notre côté, les opérations de sensibilisation pour faire sortir Djalali des geôles persanes avaient toutes échoué. Tout le monde s’y était mis : les universités, les étudiants, Amnesty International, les médias, l’opinion publique… Sans succès.
Hier, la commission de la Chambre a approuvé un texte de traité de transfert des prisonniers entre l’Iran et la Belgique. Ce texte ouvre la voie à un transfert possible d’Assadi en Iran pour qu’il y purge sa peine ou qu’il soit relâché pour bons et loyaux services, qui sait ?
Reste que ce traité ne concerne même pas les deux personnes qui croupissent dans les prisons iraniennes : Djalali n’a pas la nationalité belge et Vandecasteele, lui, n’a même pas encore été jugé dans les formes par un tribunal.
On peut juste espérer que les Iraniens soient adoucis par notre bonne volonté d’accepter le transfèrement d’Assadi.
Ce traité n’assure donc même pas un échange de prisonniers comme au bon vieux temps de la guerre froide. Juste une volonté d’apaisement auprès d’un régime tyrannique et terroriste. Pas sûr que cela marche, mais qui sait ?
Et puis surtout, pourquoi ce traité déboule maintenant ? L’urgence est demandée la semaine dernière par le gouvernement à la Chambre, puis votée en commission hier… Au début, tous les partis semblaient très réservés sur le texte et suite à un huis clos entre le ministre de la Justice et les chefs de groupe, tout s’est éclairci et la majorité a approuvé le transfert. Qui est intervenu ? On peut supposer que la France a dû donner son accord. Libérer un terroriste qui a agi sur le territoire français sans s’accorder avec Paris semble impossible. Assadi est un gros poisson terroriste, peut-être trop gros pour la Belgique seule. Il vaut certainement plusieurs prisonniers, qui sait, même des Français ? En plus des deux qui intéressent les Belges et que l’on voudrait voir libérés….
Pas sûr que cela marche, mais qui sait ?