Passer à 100% d’énergie renouvelable en Belgique ? “On pourrait attendre les 90% en 2050”

Assurer son indépendance énergétique, uniquement grâce au renouvelable, est-ce faisable en Belgique ? C’est la question que se pose Fabrice Grosfilley dans le duel de + d’Actu.

Pour en débattre, Fabrice Grosfilley reçoit ce lundi Fawaz Al Bitar, directeur général d’EDORA, la fédération des énergies renouvelables, et Michel Huart, spécialiste des énergies renouvelables et professeur à l’école polytechnique de l’ULB et à l’université de Namur.

Selon les chiffres de 2019, la consommation d’énergie en Belgique concerne à plus de 37% le pétrole, à plus de 27% le gaz naturel et à plus de 22% l’électricité. Et l’électricité utilisée en Belgique émane à plus de 46% du nucléaire, à plus de 30% du thermique (gaz) et à près de 22% des énergies renouvelables (éoliennes, biomasse, hydro…). On est donc loin d’une indépendance énergétique provenant des énergies renouvelables.

Infographie Consommation d'électricité en Belgique en 2019 - BX1

“Changer notre manière de consommer”

“Ce débat arrive beaucoup trop tard. On en a décidé de se lancer dans la transition énergétique depuis 2003, mais aucune stratégie n’a été menée en Belgique pour prévoir un remplacement des technologies fossiles et fissiles”, estime Fawaz Al Bitar. “On doit surtout se poser la question de la production de l’électricité, qui a un meilleur rendement que les autres énergies“, précise Michel Huart.

“Nous sommes face à un sacré défi. Nous devons changer notre façon de penser : on ne doit pas seulement agir sur la production, mais aussi sur la manière de consommer. On doit notamment réduire les pics de consommation en soirée, par exemple, en incitant à la réduction de ces pics et une consommation plus tassée”, ajoute Fawaz Al Bitar. “Historiquement, avec les centrales nucléaires, on produisait de l’électricité constamment la même quantité d’électricité. Et le consommateur utilisait l’électricité quand il le décidait. Or, désormais, on sait qu’il y aura plus de variations dans la production. Donc, il faut augmenter les capacités de stockage et jouer sur la consommation pour qu’elle soit plus dynamique”, explique-t-il.

“La Belgique dispose d’un secteur industriel très énergivore. La moitié de l’électricité consommée en Belgique est consommée par l’industrie”, rappelle Michel Huart. “Cela permet d’analyser qui sont les consommateurs et où se situent les potentielles réductions d’énergie”.

L’interconnexion européenne

Du coup, la Belgique peut-elle devenir autosuffisante grâce aux énergies renouvelables ? “L’objectif est que la part du renouvelable devienne prépondérante d’ici à 2050, voire plus loin. Mais la Belgique n’est pas une île, elle est interconnectée à l’Europe. Et selon une étude d’Elia à l’échelle européenne, imaginer une Europe énergétique à plus de 90% renouvelable est possible, estime Michel Huart.

“Je suis plus optimiste : nous estimons qu’en Belgique, 55% de l’énergie pourrait provenir du renouvelable d’ici à 2030, conclut Fawaz Al Bitar. “Nous pouvons également tirer profit de l’énergie renouvelable au niveau européen. Car certains pays sont quasiment à 100% d’énergie renouvelable”.

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Gr.I. – Photo : Belga/Eric Lalmand