Pass ou obligation vaccinale, le tie break: l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce mercredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito la rumeur autour de Novak Djokovic et la vaccination.
Obligation vaccinale, pass vaccinal, ou simple information vaccinale ? Quelle serait la formule la plus utile ? La plus efficace ? La moins difficile à mettre en œuvre ? C’est la question, sur laquelle, vous le savez sans doute, nos députés sont en train de plancher.
Ce mercredi après-midi, il y a dans ce débat une information qui vient d’Autriche et qui va sûrement intéresser nos parlementaires et tous ceux qui ont un avis plus ou moins éclairé sur la question. Quand je dis information, ce n’est pas tout à fait vrai. C’est plutôt de l’ordre de la rumeur à ce stade, puisqu’on attend confirmation du principal intéressé. Cette rumeur annonce donc que Novak Djokovic aurait finalement décidé de se faire vacciner contre la Covid-19. C’est en tout cas ce qu’a affirmé l’un de ses biographes sur une chaîne de télévision autrichienne. La raison de ce revirement est assez simple à comprendre. Djokovic a déjà été exclu de l’Open d’Australie, s’il n’est pas vacciné, il ne pourra participer ni à l’US Open, ni à Roland-Garros. Il pourrait ainsi perdre son statut de numéro 1 mondial. À l’inverse, s’il peut revenir en compétition, il sera en mesure de remporter un 21e Grand Chelem et donc en capacité de revenir au niveau de Rafael Nadal, voire de le dépasser pour devenir le joueur le plus titré de l’histoire du tennis.
Si je vous parle de Novak Djokovic, c’est parce que son parcours est assez éclairant des comportements que les antivax, ou pour être plus nuancé, les vaccinosceptiques, peuvent adopter face aux difficultés. Ce matin, à la Chambre, en Commission santé, les membres du Comité consultatif de Bioéthique ont plaidé pour l’obligation vaccinale plutôt que pour le pass vaccinal. Si cette obligation est étayée scientifiquement, “c’est plus clair et transparent qu’un pass vaccinal” ont-ils expliqué. Même avis du professeur Vincent Yzerbyt de l’UCLouvain. Si on devait décider de passer à l’obligation vaccinale, par exemple parce qu’un nouveau variant arrive, l’obligation vaccinale clairement assumée est moins dommageable à la cohésion sociale qu’un pass qui est perçu comme une hypocrisie par la population.
Alors pour l’instant, ce débat a perdu en intensité et les parlementaires le savent. L’obligation vaccinale, plus personne n’y pense vraiment dans les circonstances actuelles. D’abord, parce qu’Omicron a fait baisser la pression d’un cran, rendant l’épidémie moins sévère. Ensuite par ce que les vaccins actuellement à notre disposition se sont montrés décevants. Mais, ils protègent contre les formes graves, et donc restent utiles, voire indispensables dans certains cas. La durée de l’immunité qu’ils opposent à la contamination est finalement très réduite. Il n’empêche qu’avec le cas Djokovic, s’il devait se confirmer, on tiendrait un cas d’école. La preuve concrète que le pass vaccinal peut, dans certains cas, porter ses fruits. Quelqu’un qui semble en théorie opposé à la vaccination, peut tout à coup découvrir qu’il peut avoir un très grand intérêt, à changer d’avis.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley