Narcotrafic à Bruxelles: “Personne ne nous a écoutés et aujourd’hui, nous en payons les pots cassés”

La criminalité liée au trafic de drogue, “ça fait des années qu’on dit que ça allait arriver. Il y a dix ans, il y a cinq ans déjà, les professionnels tiraient la sonnette d’alarme en disant que les organisations criminelles devenaient surpuissantes. Alors quand ces fusillade arrivent, en ce qui me concerne, je ne suis pas du tout du tout ni étonné ni surpris”, a expliqué Michal Claise dans Bonjour Bruxelles ce mercredi matin.

L’ancien magistrat désormais candidat DéFI aux prochaines élections législatives, souligne “que nous avons affaire à une véritable pieuvre. Il y a la tête et il y a le bout des tentacules. C’est le bout de tentacules qui est en train de se manifester. Il y a une guerre de territoire, mais une organisation criminelle, c’est quelque chose de terrible.”

“Il y a toujours eu des problèmes de sécurité des rues mais il n’y a pas que cela. Il faut ajouter à cela les menaces qui sont formulées à l’égard des policiers. Il faut ajouter aussi le fait qu’un magistrat a fait l’objet de menaces de mort directe et que l’ancien ministre de la Justice a failli se faire enlever. Et je vous passe, parce que le phénomène est européen quand on parle des narcotrafiquants, la situation aux Pays-Bas qui est aussi grave, voire pire”.

“Personne n’a pris conscience. Et pourtant, Dieu sait si les professionnels avaient tiré la sonnette d’alarme. Nous avons suffisamment crié en disant: écoutez, ça ne va pas, on va droit dans le mur. Parce que nous savions, en termes d’enquêtes, et personne ne nous a écoutés. Et aujourd’hui, nous en payons les pots cassés. Il y a un sous-financement de la police évident, de la magistrature également. Mais il y a effectivement un manque de considération par rapport à l’immensité du phénomène. Et  toutes les solutions proactives que nous avions suggérées, et à la tribune de la Chambre notamment, rien n’a été suivi d’effets.”

Légalisation?

“Je pense qu’il faut en même temps considérer que la détention préventive n’est pas nécessairement une solution à tout, et notamment par rapport aux plus petits dealers qui sont eux mêmes sous influence”, affirme Michel Claise. “Il faut de l’imagination. Moi, ça fait des années que je le dis: pourquoi ne pas légaliser le cannabis ? Les produits sont coupés et donc c’est très mauvais pour la santé. Si on organise le cannabis pris en charge par l’État, non seulement il y aura un produit sain, mais en plus de ça, un accompagnement des personnes sous addiction. Ce sont les pharmacies qui doivent vendre ça, au profit de l’État. Parce que de toute façon, je préfère que l’argent soit dans la poche de l’Etat pour nous permettre d’avoir des moyens, que dans la poche des mafias.”

“Pour ce qui concerne la peine, il y a d’autres solutions. Il y a des pays comme la Norvège par exemple, qui ont des programmes de réinsertion. C’est quelque chose qu’on utilise peu chez nous. La réinsertion, c’est quand même quelque chose de fondamental. Comment voulez-vous effectivement qu’il y ait un effet positif de la prison s’il n’a pas une possibilité à la sortie d’avoir une totale réinsertion pour la personne qui va en sortir ?”

■ Interview de Michel Claise, au micro de Fabrice Grosfilley