Mission Juice : l’Europe part en exploration autour de Jupiter et de ses lunes
Le roi Philippe et le prince Gabriel se sont envolés pour la Guyane. Ils vont assister ce jeudi au lancement de la fusée Ariane 5, dans le cadre du programme Juice. La fusée va propulser un satellite en orbite autour de Jupiter pour explorer cette planète et ses différentes lunes. Une mission qui s’annonce des plus importantes.
Le programme Juice s’annonce comme un grand événement pour la conquête spatiale et pour l’histoire de l’Agence spatiale européenne (ESA), en charge de la mission. C’est en effet la première fois qu’une sonde 100% européenne va aller au-delà de Mars.
Juice est en fait la contraction du nom complet de la mission : “JUpiter ICy moons Explorer”. Soit l’exploration de Jupiter et de ses lunes glacées, à savoir Ganymède, Europe et Callisto.
La sonde permettra d’analyser l’environnement de la planète gazeuse et de ses lunes glacées, d’étudier le système magnétique de Jupiter, de comprendre le fonctionnement de cette planète et de comprendre comment fonctionnent les océans souterrains de ces lunes, qui pourraient à terme devenir vivables. En effet, les scientifiques de l’ESA estiment qu’il existe de potentielles sources hydrothermales propices à la vie dans les océans de la lune Europe, par exemple. Ces informations pourraient donc permettre des avancées importantes sur l’étude d’une éventuelle vie extra-terrestre dans notre système solaire.
630 millions de kilomètres
Cette mission européenne est notamment possible grâce à l’appui de scientifiques belges. Ce projet est en effet particulièrement important : un budget de 1,6 milliard d’euros, plus de 200 collaborateurs issus de 18 établissements européens. Parmi eux, des chercheurs de l’ULiège ont notamment participé au projet et s’occupent de l’analyse des données recueillies par cette sonde. Le Centre Spatial de Liège a spécifiquement participé à des tests d’instruments destinés à faire face aux conditions hostiles de l’environnement autour de Jupiter.
La sonde doit faire plus de 630 millions de kilomètres pour atteindre Jupiter, ce qui implique des calculs très précis et un matériel de pointe pour éviter la détérioration et des éventuels calculs faussés.
Le programme de l’expédition s’annonce pour les dix prochaines années au moins. Le lancement de la sonde via la fusée Ariane 5, à Kourou, en Guyane française, est prévu ce jeudi, ou au mieux avant le 30 avril. Cela dépendra des conditions météorologiques.
Jusqu’en 2035, au moins
Le satellite va d’abord réaliser de larges ellipses autour de la Terre, ce qu’on appelle des assistances gravitationnelles. Cela permet à la sonde de profiter de la gravité des planètes pour être propulsée, comme une sorte de pierre propulsée par une fronde. La sonde sera donc autour de la Terre en août 2024, autour de Venus en août 2025, puis de nouveau autour de la Terre en septembre 2026 et en janvier 2029.
L’arrivée de la sonde autour du système jovien, soit la région autour de Jupiter, est prévue en juillet 2031. La sonde s’occupera ensuite d’analyser de Jupiter et de ses lunes via 35 survols prévus entre juillet 2031 et novembre 2034. Place ensuite à la mise en orbite finale autour de Ganymède jusqu’en septembre 2035.
Les données seront envoyées et analysées durant toute cette période, avec l’espoir même de pouvoir prolonger la mission si la sonde tient jusque-là.
Cela se fera donc sur le temps long, mais c’est bien là le propre des voyages spatiaux : récolter les fruits de ces recherches sur le long terme pour ensuite améliorer le futur.
■ Les explications de Grégory Ienco dans Le 12h30.
Photo : ESA