Soudanais torturés : l’opposition et la société civile soulignent la responsabilité du gouvernement

L’opposition et la société civile ont souligné mercredi la responsabilité du secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration Theo Francken et celle du gouvernement fédéral dans le rapatriement, avec la collaboration autorités de Khartoum, de ressortissants soudanais qui, selon divers témoignages recueillis par un think tank libéral au Moyen-Orient, ont fait l’objet de tortures après leur retour.

Le gouvernement fédéral “connaissait les risques de mauvais traitements qui attendaient les Soudanais à leur retour“, a souligné la députée PS Julie Fernandez dans un tweet. “C’est une faute qui engage des vies. Le gouvernement Michel tout entier en porte la responsabilité“, a-t-elle dénoncé, estimant que “les compétences de Theo Francken doivent lui être retirées sans délai“.

Si les faits relatés sont confirmés, ceux-ci démontrent que l’accord avec les autorités soudanaises, soutenu par l’ensemble du gouvernement MR/N-VA, est une faute politique grave qui ne peut rester sans conséquence“, a affirmé le président de DéFI Olivier Maingain. DéFI somme le gouvernement de mettre un terme aux expulsions de Soudanais vu le risque de traitements inhumains et dégradants.

Les écologistes s’en sont pris, par la voie du député Benoît Hellings à la “monumentale faute de jugement” commise par le secrétaire d’Etat N-VA. Pour les Verts, M. Francken “a franchi la ligne rouge“.

C’est “tout simplement choquant“, s’est étranglée la députée sp.a Monica De Coninck, demandant également que cessent les procédures d’expulsion vers ce pays tant que les conditions de sécurité ne sont pas réunies.

Les associations dénonce les maltraitances

Les associations de défense des droits humains, de soutien aux réfugiés et les ONG actives dans la coopération au développement telles que le CNCD 11.11.11 ou Amnesty International ont invité le secrétaire d’Etat Francken à prendre ses responsabilités. “Vous avez un gros problème“, a notamment tweeté le président de la Ligue des droits de l’Homme Alexis Deswaef.

Plusieurs Soudanais qui ont été renvoyés ces derniers mois depuis la Belgique témoignent des maltraitances et de l’enfermement dont ils ont été victimes à leur arrivée au Soudan, a rapporté Het Laatste Nieuws mercredi. Tous avaient rencontré précédemment l’équipe d’identification invitée par le secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration. Il ressort de témoignages que l’Institut Tahrir pour la politique au Moyen-Orient (Tahrir Institute for Middle East Policy) a pu récolter que plusieurs Soudanais entendus par l’équipe d’identification à Bruxelles ont été immédiatement enfermés et maltraités à leur retour. “C’est ce contre quoi nous avions mis en garde il y a quelques mois“, a commenté Koert Debeuf au nom de l’Institut.

Ce dernier garde contact avec les Soudanais expulsés. “Nous voulions savoir comment ils allaient et s’ils étaient en sécurité. Ce n’est pas le cas. Ils craignent vraiment pour leur vie“, a commenté cet ancien porte-parole du premier ministre libéral Guy Verhofstadt.

Theo Francken souligne que les procédures ont été correctement appliquées, conformément aux législations européennes et internationales. Il souhaite qu’une enquête soit ouverte pour savoir si les migrants renvoyés vers le Soudan ont été torturés.

Pour l’instant, nous n’avons pas reçu de signal que cela se produisait, pas même de la part de l’ONU“. La torture ne peut cependant être tolérée en aucun cas, estime-t-il. “S’il apparaît qu’ils sont en effet torturés, c’est un gros problème“, a-t-il réagi, assurant que le cas échéant, plus “personne ne sera renvoyé”.

Le CD&V demande l’arrêt des expulsions 

Ce que nous redoutions s’est hélas produit“, a regretté mercredi la députée Nahima Lanjri (CD&V) après les témoignages faisant état d’actes de torture subis par des ressortissants soudanais expulsés de Belgique après avoir été identifiés par une mission venue de Khartoum à la demande du secrétaire d’Etat à l’Asile et à la Migration Theo Francken.

L’expulsion de Soudanais doit être suspendue tant que toute la clarté n’a pas été faite en la matière“, a estimé la députée, spécialiste des questions de migration au sein de son parti.

La parlementaire se dit “déçue que les avertissements invitant à une extrême prudence dans la collaboration avec le régime soudanais et sa mission d’identification n’aient pas été entendus“. La procédure d’asile doit pouvoir être entourée de garanties qui valent aussi en cas d’expulsion, a-t-elle souligné.

Force est de constater que la mission d’identification (soudanaise) a souffert d’un manque de contrôle et que les garanties permettant d’assurant que ces ressortissant ne souffriraient pas d’un risque de torture ou de traitement inhumain étaient insuffisantes. Tant que ce risque existe et tant que nous ne disposons pas d’une sécurité absolue, il n’est pas permis de renvoyer des gens. L’expulsion de Soudanais doit être suspendue tant que toute la clarté n’a pas été faite à cet égard“, demande Mme Lanjri.

Belga