L’horeca bruxellois doute de la réouverture du 8 mai et annonce des actions : “Il y a peu de chances que les clients suivent”
L’horeca pourra normalement rouvrir ses terrasses sous certaines conditions dès le 8 mai prochain. Mais comment organiser une telle réouverture ? Les cafés et restaurants se satisfont-ils de cette première lueur d’espoir ? On en parle dans le Face à face de ce jeudi, dans Toujours + d’Actu.
Environ 7 000 établissements horeca sont aujourd’hui comptabilisés en Région bruxelloise, dont près de 4 700 restaurants et près de 2 000 cafés. Il est toutefois complexe de savoir combien de ces établissements ont une terrasse sur l’ensemble de la Région. Quelques communes ont toutefois des chiffres plus précis. À la Ville de Bruxelles, on sait que 1 600 lieux n’ont pas de terrasse alors que 350 ont déjà fait une demande d’extension de terrasse. Et sur le territoire d’Ixelles, 850 établissements n’ont pas de terrasse alors que des cafés et restaurants ont également commencé à faire des demandes d’extension de terrasse.
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Ces extensions et cette ouverture du 8 mai pourront-elles donner du baume au cœur au secteur de l’horeca ? “Malheureusement, le trottoir est trop étroit chez moi, donc je ne demanderai pas d’extension. Et il ne faut tromper personne : une extension de terrasse n’aidera personne financièrement“, estime Liza Miller, gérante du café Le Pantin à Ixelles. “Mais psychologiquement, cela reste essentiel pour les gérants, les travailleurs ou les clients. De notre côté, on ne rouvrira certainement pas en mai, ni en juin car notre café se base avant tout sur la rencontre, c’est primordial”.
“On a pris la décision de ne pas ouvrir en mai, car on a fait nos calculs et la rentabilité n’est pas du tout assurée. Ce serait jouer au casino avec la météo…”, indique pour sa part Thomas Kok, de la Maison du Peuple à Saint-Gilles.
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“Pour être honnête, on ne sait pas si on ouvrira le 8 mai. D’autant plus qu’on a eu contact avec la fédération bruxelloise de l’horeca, et qu’elle nous a confirmé qu’il y avait une éventuelle fermeture programmée vers 20h00 ou 21h00″, dit Matthieu Léonard, administrateur et chef de cuisine au restaurant CoinCoin, à Woluwe-Saint-Pierre. “Je me vois mal de dire à mes clients à une certaine heure de dégager, sans possibilité de se rabattre à l’intérieur. (…) Les gens sont dans le parc, ou au Bois de la Cambre, et peuvent boire et manger dehors, et nous, qui pouvons mettre en place des mesures sanitaires strictes, on nous l’interdit. Donc il y a peu de chances que les gens suivent cette ouverture du 8 mai”.
Des mesures jugées “discriminatoires”
Matthieu Léonard annonce par ailleurs que des cafetiers et restaurateurs bruxellois vont se regrouper avec la fédération bruxelloise de l’horeca pour intenter un procès devant le tribunal de première instance de Bruxelles contre les mesures sanitaires actuelles, jugées “discriminatoires” pour l’horeca.
Liza Miller, pour sa part, demande que les mesures de soutien et d’accompagnement confirmées par le fédéral, puissent être prolongées jusqu’à la date d’ouverture de chaque établissement : “Par exemple, l’an dernier, je n’ai pas pu ouvrir durant l’été, je n’ai rouvert que le 1er septembre”, dit-elle.
“Les primes actuelles ne sont qu’une toute petite bouffée d’oxygène”, dit de son côté Matthieu Léonard. “Nous demandons que la Région bruxelloise entame un nouvel plan d’aides et d’indemnités. Car le plan Tetra actuellement proposé par le Région, ne couvre toujours pas nos frais fixes”.
“On a besoin d’être soutenu. Financièrement, on est exsangue”, explique Thomas Kok. “Le fédéral doit prendre ses responsabilités, et on doit suivre l’exemple en Flandre”, ajoute-t-il.
Ces trois représentants de l’horeca mèneront-ils une action symbolique en ouvrant leur établissement le 1er mai ? Seul Matthieu Léonard annonce une action samedi prochain : “La terrasse sera dressée et montée, mais on manifestera simplement, jusqu’à 50 personnes, devant notre établissement”.
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Gr.I. – Photo : BX1