13% des cellules commerciales en Région bruxelloise sont vides

Des rideaux baissés, des vitrines peintes en blanc pour qu’aucun curieux ne puisse voir ce qu’il reste d’un ancien commerce. Et partout la même impression de tristesse des passants qui marchent sans s’arrêter. C’est le constat qui inquiète le conseiller communal cdH, Laurent Hacken à Forest. Ce mardi soir, il interpelle le collège forestois sur le vide commercial de la rue Jean-Baptiste Van Pé. Si les commerces sont nombreux à y avoir fait faillite, ce n’est pas le seul quartier de la région à enregistrer ce déclin. Hub.brussels, l’organisme régional qui gère le commerce, compte une vacance de 13,5% en moyenne mais les écarts entre les quartiers sont importants.

À la date du 1er juillet 2017, la base de données OliGo recensait 25.435 cellules commerciales en Région de Bruxelles-Capitale dont 21.999 étaient occupées. Les cellules vides sont réparties de manière non homogène sur le territoire régional. Il faut savoir que depuis les années 50, le nombre de commerces a diminué surtout au centre et en première couronne car les surfaces étaient plus petites. Les structures ont été modifiées mais l’offre commerciale a grandi.

Par contre, la répartition est très différente. En effet, le Pentagone compte à lui seul, près de 18% de l’offre commerciale de la Région bruxelloise alors qu’il ne représente que 2% de la superficie. Ensuite, certaines communes disposent d’un tissu commercial très serré. C’est le cas de la Ville de Bruxelles (27%), d’Ixelles (10,5%), de Schaerbeek (9,7%). Saint-Gilles, malgré sa petite taille, compte ainsi 6,4% de l’offre commerciale. Ainsi, 50% des points de vente sont situés à Bruxelles, Ixelles et Schaerbeek.

Alors forcément, ces données, on les retrouve aussi dans les cellules vides. Sur les 3.500 locaux vides, 18,3% se trouvent dans le Pentagone, 13,9% dans la première couronne et 10,7% dans la seconde.

“Pour qu’un commerce fonctionne, il faut que le commerçant réponde à la demande mais aussi que la commune fasse les bons aménagements en termes de mobilité et d’urbanisme, explique Julien Bacq, directeur en recherche et développement à Hub.brussels. Un quartier change d’abord avec sa population et ensuite les commerces viennent. Ce n’est pas l’inverse. Par contre, à un moment, il faut des entrepreneurs courageux et audacieux qui viennent s’installer dans un quartier en renaissance.”

Des zones à surveiller

Pour Hub.brussels, il n’y a rien d’étonnant à voir le quartier du bas de Forest se vider des commerces. Les enseignes de quartier n’ont pas su se renouveler mais l’organisme régional croit beaucoup dans le projet de centre culturel dans l’abbaye de Forest dans le cadre du contrat de quartier Abbaye. “Cela va dynamiser le quartier. Nous le pensons depuis 2010. Cependant, il est important que les commerçants fassent les travaux en même temps. Nous sommes là pour les aider et c’est pour cette raison que nous avons signé un protocole d’accord avec la commune.”

Mais le bas de Forest n’est pas le seul quartier bruxellois à connaître la fermeture successive de ses commerces. Le quartier Stalingrad-Lemonnier est sous étroite surveillance. “Le chantier du métro est un véritable handicap, poursuit Julien Bacq. Il y aura bien sûr un plan d’accompagnement mais cela sera un chantier exceptionnel.”

Le quartier de Helmet est aussi à surveiller car le tram va disparaître pour être remplacé par le métro. Or, lorsque les transports en commun sont enterrés, les gens ne voient plus les vitrines en passant et sont donc moins tentés d’aller faire leur shopping dans le quartier. La place Dailly, Saint-Josse ou encore les chaussées de manière globales ne sont pas dans une grande forme commerciale. Quant au Sablon, malgré sa spécificité, il est sous monitoring permanent car depuis quelques années, le flux piétonnier qui y est mesuré est en déclin.

Tableau de l’évolution de la vacance dans les 10 plus grands noyaux commerciaux de la Région

Noyaux 2019 2017 Diff
Bruxelles – Centre 14,7% 16,6% -1,9%
Haut de la Ville 12,4% 12,7% -0,3%
Saint-Gilles 14,8% 16,1% -1,4%
Marolles 21,5% 22,0% -0,5%
Bockstael 11,1% 12,9% -1,8%
Brabant 5,9% 5,1% 0,9%
Molenbeek – Centre 13,2% 12,0% 1,2%
Anderlecht – Centre 7,0% 10,4% -3,4%
Sablon 12,8% 12,7% 0,1%
Saint-Josse 19,9% 19,7% 0,3%

Un schéma commercial pour la Ville et la Région

Au niveau de la Ville de Bruxelles, une des premières mesures de l’échevin du commerce, Fabian Maingain (DéFi) a été d’établir un cadastre des commerces et de signer une nouvelle convention avec Hub.brussels. Pendant des années, la Ville de Bruxelles avait refusé de travailler avec la Région sur cette question. Pourtant, le vide locatif est bien présent notamment dans le quartier des Marolles où il atteint les 18%. “Ce sont des cellules de moins de 60m² et aujourd’hui, il devient quasiment impossible de vivre d’un commerce si petit, explique Fabian Maingain. Nous allons mettre l’accent sur ce quartier afin que les emplacements inoccupés ne soient pas repris que par des galeries d’art qui travaillent sur rendez-vous. C’est important pour la vie d’un lieu, son identité. Nous voudrions mettre l’accent sur la seconde main. Nous cherchons aussi un emplacement pour ouvrir un centre de logistique accessible aux petits commerçants afin qu’ils puissent y mettre leur stock.”

D’autres lieux vont bénéficier d’une politique ciblée comme l’Ilot sacré dans lequel des magasins éphémères vont voir le jour. Des autocollants pourront aussi être apposés sur les vitrines des cellules vides pour ne pas créer cette impression de quartier en perte de vitesse. “Nous voulons travailler sur la dynamique des flux piétons afin de toujours amener du monde. Nous pouvons aussi faire un accompagnement personnalisé pour les petits commerces qui souhaitent trouver un emplacement. Enfin, nous avons une vision plus macro avec Hub.brussels et la Régie foncière. Lorsque nous sommes propriétaires des murs, nous pouvons vraiment influencer le quartier comme nous l’avons fait pour Notre-dame-aux-neiges entre la place de la Liberté et le parlement. Aujourd’hui, 97% des cellules sont remplies ce qui n’était pas le cas voici peu.”

Du côté de la Région, on étudie actuellement l’étude sur la structuration du commerce bruxellois de Hub.brussels afin de mettre en place le schéma commercial régional. La secrétaire d’Etat en charge de la Transition économique, Barbara Trachte (Ecolo), souhaite articuler ses actions autour de 4 thématiques: les chantiers, le rôle du commerçant dans les quartiers, l’accès à l’information, la mobilité et l’accessibilité. “Les communes ont été consultées durant tout le processus de concertation du schéma de développement commercial. Le projet vise à améliorer rapidement l’environnement des commerçants et des futurs commerçants, en activant les leviers régionaux. Les communes pourront s’inscrire dans cette dynamique et trouveront un partenaire régional prêt à collaborer”, conclut la secrétaire d’Etat.

■ Vanessa Lhuillier – Photo: BX1

■ Reportage de Jean-Chritophe Pesesse

 

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12 novembre 2019 - 22h53
Modifié le 22 janvier 2020 - 16h13