Les directeurs de prison réclament la libération de deux détenus pour chaque entrant
Les directeurs des prisons belges réclament, dans une lettre ouverte publiée mercredi dans plusieurs médias, que la surpopulation carcérale soit combattue en libérant deux détenus pour chaque nouvelle personne emprisonnée. Cette mesure devrait rester en vigueur jusqu’à ce que plus aucun détenu ne soit contraint de dormir à même le sol, précisent-ils.
La lettre a été rédigée par les présidents des fédérations francophone et flamande des directeurs de prison. Ces derniers estiment que leurs cris d’alarme sont ignorés. “Cette semaine, un nouveau record a été battu : le cap des 13.000 détenus a été franchi, 326 citoyens dorment à même le sol dans les cellules belges. Réaction publique venant du spectre politique du rouge vif au bleu foncé ? Néant.”
Les directeurs de prison affirment qu’ils sont dans l’impossibilité de travailler en conformité avec la loi et demandent des mesures à court terme “afin d’éviter une rupture du barrage“.
Ils exigent donc la mise en place de quotas en deux phases : jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de détenus dormant à même le sol, deux personnes doivent être libérées pour chaque nouvel entrant. Ensuite, une fois cette situation résorbée, il faudrait adopter le principe d’un détenu sortant pour chaque détenu entrant.
Les directeurs demandent aussi des moyens financiers calculés sur base du nombre réel de détenus et “pas sur un chiffre théorique qui ne correspond pas à la réalité“. Cela signifie que les moyens alloués devraient être calculés sur un nombre de 13.000 prisonniers au lieu de 11.000.
La lettre se termine sur un avertissement : “Ignorer politiquement cet appel n’est plus une option. La ligne rouge a désormais été franchie. En l’absence de décisions, des actions seront inévitables. Nous n’en pouvons tout simplement plus.”
Le personnel et la direction de toutes les prisons belges organiseront une action de protestation devant les portes de tous les établissements pénitentiaires entre 12h30 et 14h30 demain/jeudi.
Annelies Verlinden estime que le gouvernement doit envoyer un signal
La ministre de la Justice Annelies Verlinden (CD&V) estime que l’ensemble du gouvernement doit envoyer un “signal” à court terme après l’appel à l’aide lancé par les directeurs de prison. Elle l’a indiqué mercredi au cours de l’émission de radio De Ochtend sur la VRT.
“Il est grand temps de montrer que nous prenons cette question très au sérieux“, a réagi la ministre de la Justice. Celle-ci a souligné que depuis son entrée en fonction en février, elle a immédiatement pris des mesures et contacté d’autres départements politiques, tels que l’Asile et la Migration, la Santé publique et les Affaires intérieures et étrangères. Des groupes de travail ont été mis sur pied pour lutter contre la surpopulation.
“Si nos prisons comptent plus de 5.000 personnes sans titre de séjour légal, plus de 1.000 personnes internées nécessitant des soins psychiatriques spécialisés, ce n’est pas seulement le problème de la Justice“, a déclaré Mme Verlinden. Celle-ci estime nécessaire de collaborer avec les pays d’origine.
À plus long terme, une capacité supplémentaire pourrait apporter une solution, mais cela reste difficile. “S’il y avait des solutions simples, il y a longtemps qu’elles auraient été mises en œuvre“, a commenté Mme Verlinden.
À l’entame des négociations budgétaires, Mme Verlinden a récemment insisté pour obtenir 1 milliard d’euros supplémentaires pour la Justice. Un objectif ambitieux, reconnaît la ministre, qui comprend que la situation budgétaire est difficile. Mais elle insiste sur le fait que le système pénitentiaire est le dernier maillon de l’État de droit.
Belga – Photo : Belga





