Les Bruxellois paient plus cher leur énergie faute de concurrence chez les fournisseurs

Alors que les prix de l’énergie s’envolent, Bruxelles doit faire face à un duopole dans les fournisseurs d’énergie relève le journal L’Echo. De quoi faire grimper la facture des habitants de la capitale.

Mi-juillet, deux fournisseurs d’énergie, Octa+ et Mega annonçaient qu’ils quittaient le marché bruxellois. Pour eux, le cadre régulatoire est trop contraignant et il existe un déséquilibre dans la charge entre les fournisseurs et le gestionnaire de réseau. Du coup, pour les Bruxellois, leur choix doit se faire entre Engie qui détient plus de 65% des parts du marché du gaz et de l’électricité et Lampiris. Luminus, lui, n’est plus disponible qu’en passant par Media Markt.

Ce manque d’offre crée un déséquilibre et les deux fournisseurs restants peuvent augmenter leur prix. Aujourd’hui, un Bruxellois paie plus cher son gaz qu’un Wallon et qu’un Flamand. Alors pourquoi les fournisseurs quittent-ils le marché de la capitale?  “Le marché bruxellois ne représente qu’un million de clients ce qui est très peu, explique Pascal Misselyn, porte-parole de Brugel, le régulateur de l’énergie à Bruxelles. De plus, le contexte socio-économique bruxellois fait que la dette et les factures impayées sont très importantes. Enfin, la législation pour protéger le consommateur est plus stricte dans la capitale.”

Depuis plusieurs mois, Brugel tout comme Test-Achat tirent la sonnette d’alarme par rapport au manque de concurrence et demandent qu’un dialogue soit renoué entre la Région bruxelloise et les fournisseurs.

Une grande précarité énergétique

En 2019, un quart des Bruxellois étaient touchés par la précarité énergétique. De plus, les fournisseurs d’énergie doivent proposer un contrat pour une durée de 3 ans, ce qui signifie que les dettes peuvent s’accumuler durant cette période. Et si un client ne paie pas, il faut aller devant un juge de paix ce qui représente un coût pour les fournisseurs. Un fournisseur de dernier recourt pourrait être la solution et Sibelga pourrait peut-être jouer ce rôle.

En tout cas, il faut changer la législation pour le député de l’opposition, Christophe De Beukelaer (cdH). “C’est très important d’avoir une nouvelle ordonnance gaz et électricité qui soit adaptée aux nouvelles données du marché. On l’attend, elle devait être votée en juin 2021 et à Bruxelles, on ne voit rien arriver. Le volet de la transition est important comme la protection du consommateur. On attend du ministre Maron qu’il vienne avec des propositions concrètes et pour le moment, de ce qu’on entend, rien ne va dans ce sens-là.”

Du côté du cabinet du ministre de l’Environnement, Alain Maron (Ecolo), on assure travailler pour trouver une solution et renouer le dialogue avec les fournisseurs d’énergie sans détériorer la protection du consommateur. L’obligation de contrat de trois ans ne changerait pas. Par contre, la procédure de remédiation de dettes pourrait évoluer.

■ Interviews de Pascal Misselyn de Brugel et Christophe De Beukelaer, député cdH, par Vanessa Lhuillier