Les 15 procureurs du pays s’unissent pour interpeller l’exécutif sur l’état de la Justice
Le fonctionnement de la Justice est-il vraiment une priorité de ce gouvernement? C’est la question qu’ont posé, ensemble, les 15 procureurs du Roi du pays jeudi à Bruxelles, dans une démarche inédite.
Alors que la Justice est désœuvrée et manifeste depuis plusieurs semaines, le troisième pouvoir est “bien plus qu’un simple poste budgétaire”: il s’agit du “bien-être collectif”, ont-ils rappelé dans une lettre ouverte lue devant la presse et adressée au gouvernement fédéral.
■ Reportage de Thomas Dufrane, Marjorie Fellinger et Stéphanie Mira
Ce “cri d’alarme” dépasse le débat sur la pension des magistrats, que l’Arizona (N-VA, MR, Les Engagés, Vooruit et CD&V) entend retoquer, a insisté le procureur du Roi de Charleroi, Vincent Fiasse. “Les experts judiciaires, traducteurs et bien d’autres doivent aussi avoir des conditions de travail acceptables. Sans oublier les enquêteurs.”
Du côté des parquets, tous manquent de magistrats et les efforts sont minces pour rendre les carrières de magistrat, juriste, criminologue ou assistant administratif plus attractives. “Le récent accord fédéral souligne la nécessité d’investir dans la sécurité, notamment en renforçant le nombre de magistrats et de collaborateurs. Ces paroles sont encourageantes”, mais elles doivent “être traduites en actes”. “Faire des promesses vides ne fait qu’alimenter la frustration” et met “en péril notre modèle sociétal précieux”, relèvent les représentants du ministère public.
“Le récent accord fédéral souligne la nécessité d’investir dans la sécurité, notamment en renforçant le nombre de magistrats et de collaborateurs. Ces paroles sont encourageantes”, mais elles doivent “être traduites en actes”. “Faire des promesses vides ne fait qu’alimenter la frustration” et met “en péril notre modèle sociétal précieux”, relèvent les représentants du ministère public. En outre, “qui sera tenu responsable si un dysfonctionnement survient dans la chaîne judiciaire?”, s’interrogent les procureurs. Après des années de sous-investissement chronique de la part des gouvernements successifs, et autant de signaux d’alarmes de celles et ceux qui rendent la justice, aujourd’hui, “nous devons sans cesse établir des priorités: quelles affaires pouvons-nous traiter et lesquelles devons-nous abandonner?”, dénonce le ministère public.
La missive a été lue par les procureurs du Roi de Charleroi, Vincent Fiasse, et de Flandre orientale, Geert Merchiers. Signée par les 15 magistrats, elle sera envoyée au Premier ministre Bart De Wever et à la ministre de la Justice Annelies Verlinden. “Il est historique que l’ensemble des procureurs du Roi se mobilisent pour porter un message commun. Nous espérons que vous comprendrez pleinement la portée de cette action exceptionnelle”, concluent les représentants de la société devant la justice.
Annelies Verlinden a réagi dans la foulée de la conférence de presse tenue par les magistrats en soulignant sa compréhension des enjeux. Pour soutenir un renforcement “ambitieux” de la Justice, “nous avons lancé, avec plus de 50 représentants du SPF Justice et de l’ordre judiciaire, des ‘taskforces’ (groupes de travail, NDLR) thématiques portant sur les bâtiments judiciaires, la sécurité, les ressources humaines et matérielles, ainsi que l’attractivité de la profession. Les résultats doivent aboutir à un plan d’action élaboré par et pour les acteurs de terrain”, a-t-elle soutenu.
Dans leur lettre, les magistrats soutiennent cette initiative dont ils ont été “informés”. “Il doit cependant être clair que cet effort ne doit pas être un simple cadre théorique sans perspectives concrètes”, mettent-ils en garde. La ministre chrétienne-démocrate flamande s’est également dit “convaincue” que les “moyens supplémentaires dégagés cette année” seront pérennisés par ce gouvernement qui affirme placer haut la sécurité sur la liste de ses priorités
Belga – Photo : T.D





