L’édito de Fabrice Grosfilley : une réunion plénière, pourquoi faire ?
Rendez-vous lundi à 19h au siège de l’Open VLD. Voici le message que Frédéric De Gucht a fait parvenir à la plupart des formations politiques de la Région bruxelloise. Pas toutes, cependant. Le Vlaams Belang, le PTB et la Team Fouad Ahidar ont été volontairement laissés de côté. Frédéric De Gucht ne souhaite pas discuter avec ces trois partis qu’il qualifie d’extrémistes. On rappellera quand même que Team Fouad Ahidar, avec trois députés dans le collège néerlandophone, pèse autant que l’Open VLD au parlement bruxellois, et que le PTB, avec 14 élus, est le troisième groupe de l’assemblée.
Une grande réunion plénière avec dix partis autour de la table, alors que les négociations pédalent dans la semoule, et que celui qui envoie les invitations, Frédéric De Gucht, les a déjà fait capoter à plusieurs reprises — la dernière fois, il y a tout juste une semaine, en bloquant la proposition déposée par Yvan Verougstraete —, on peut dire que c’est assez gonflé. On voit mal comment Frédéric De Gucht pourrait endosser le rôle de pacificateur, après avoir été à plusieurs reprises, et de manière très spectaculaire, l’homme du blocage et du refus. L’objectif de la réunion, pour le libéral néerlandophone, serait malgré tout de permettre à tout le monde de s’exprimer, de mettre ses priorités sur la table, et de donner à chacun accès aux mêmes informations. Sur cette base, on pourrait ensuite décider d’autres rencontres.
Bon, disons-le tout de suite : la grande réunion plénière risque de faire pschitt. Ecolo a déjà fait savoir, dès hier soir, qu’il ne participerait pas. Les écologistes confirment qu’ils ne veulent pas s’asseoir à la même table que la N-VA. Le Parti socialiste ne s’est pas encore exprimé, mais il adoptera probablement la même position. Vous retirez le PS et Ecolo, respectivement 17 et 7 députés, et il n’y a déjà plus de majorité possible (puis qu’on a déjà retiré le PTB et TFA et leurs 18 élus de l’équation). On rappellera qu’au mois de mai déjà, Georges-Louis Bouchez et David Leisterh avaient tenté d’organiser une grande réunion plénière, sur base d’une note très proche de leur propre programme de parti. Cela avait été un fiasco : PS, Ecolo et Défi ne s’étaient pas présentés. Une réunion qui rassemble des partis qui ne peuvent pas former une majorité, ça ne sert pas à grand-chose, sauf à faire de la com’, à donner une image : vous voyez bien, j’ai essayé, ce sont les méchants partis de gauche qui ne veulent pas venir.
En clair, Frédéric De Gucht continue d’occuper le terrain pour rester au centre de l’attention médiatique, pas pour trouver une solution. Et on en prendra pour preuve deux déclarations qu’il a faites à la VRT il y a deux jours. Pour expliciter ses priorités, il a par exemple expliqué que les tarifs préférentiels de la STIB accordés aux jeunes ou aux seniors coûtaient beaucoup trop cher, ou encore que l’on finançait beaucoup trop d’associations. Le genre de déclarations qui posent un candidat à la présidence de l’Open VLD dans le registre du libéralisme pur et dur, mais certainement pas un discours qui aiderait un médiateur censé inviter des partis de droite et de gauche autour d’une table de négociations pour construire une synthèse acceptable par tous.
Frédéric De Gucht est clivant, il l’assume. Il est à ce stade un homme de parti en campagne, pas un homme d’État au service de la Région bruxelloise. Pour la petite histoire, la réunion de lundi doit se tenir au siège de l’Open VLD, alors qu’habituellement les négociateurs cherchent un endroit neutre pour ce genre de rencontre. Initialement, elle était prévue à 14h, mais finalement elle a été déplacée à 19h. À 14h, lundi, on risquait de tomber en pleine séance plénière du parlement bruxellois, et plusieurs chefs de délégation ont donc fait savoir à Frédéric que, non, ils ne pouvaient pas snober le parlement pour venir à sa réunion. Une maladresse qui relève de l’anecdote. C’est peut-être un détail pour vous, Frédéric, mais pour les parlementaires bruxellois, ça veut dire beaucoup.





