L’édito de Fabrice Grosfilley : se souvenir et reconstruire
C’était il y a tout juste un an. À Bruxelles, nous étions sous des trombes d’eau avec un ciel si bas qu’un canal s’est pendu, mais en Wallonie ces précipitations étaient multipliées par 15. La Hogne, la Vesdre, l’Ourthe, l’Amblève qui sortent de leur lit. Le bilan, on le connait : des milliers de sinistrés et 39 morts au total sur l’ensemble de la Wallonie.
Aujourd’hui c’est donc le temps du souvenir. Du recueillement. De l’hommage aux victimes. Avec un déplacement du roi Philippe et de la reine Mathilde en province de Liège. D’abord à Limbourg puis à Chênée. Minute de silence, Brabançonne, discours. Et puis surtout la rencontre avec les familles des victimes. Entendre, réconforter, exprimer sa compassion.
Depuis Bruxelles, il faut se rappeler qu’on n’est qu’à quelques dizaines de kilomètres de ces vallées où des cours d’eau d’ordinaire paisibles se sont transformés en quelques heures en des torrents meurtriers. Cette fameuse goutte froide qui s’est déversée sur l’est de la Wallonie et sur l’Allemagne, à quelques dizaines de kilomètres près, elle aurait pu se trouver au-dessus de la région bruxelloise.
Un an après, quand on parcourt ces zones sinistrées, on est frappé par le travail qui reste à accomplir. Des gravats à retirer, des déchets en attente de traitement, des maisons éventrées qui attendent d’être abattues, il en reste encore, hélas. On est aussi interpellé par le nombre de maisons qui sont à vendre. Par les logements qui sont abandonnés. Par tous ces habitants qui ont décidé qu’ils ne reviendraient pas. Et puis il y a aussi les signes encourageants. Les commerces qui rouvrent, les entreprises qui redémarrent, les écoles qui fonctionnent.
Depuis un an surtout, les Wallons ont pu bénéficier d’un immense élan de solidarité. D’autres Wallons, mais aussi des Bruxellois, et surtout, il faut le dire, des Flamands se sont mobilisés comme jamais pour aller porter des vivres, participer au déblayage, donner un coup de main pour les travaux. Cette fraternité est ce que la Belgique peut produire de mieux., C’est le grand paradoxe de cette catastrophe. Autant l’État fédéral peut être critiqué pour avoir donné l’impression qu’il laissait la Wallonie se débrouiller toute seule, chacun dans ses compétences, autant une partie de la population flamande a coopéré sans compter avec les sinistrés.
Ce matin, dans les discours, il était question de tristesse et de souvenir. Mais dans son intervention, Alexander De Croo n’a pas escamoté une préoccupation plus large, celle de la lutte contre le réchauffement climatique. Il a raconté l’histoire de Ben, un jeune garçon de 14 ans qui a vu partir son amie Rosa, 15 ans, emportée par les flots alors qu’ils participaient à un camp de jeunesse. Rosa était Bruxelloise. C’est la plus jeune des 39 victimes de ces inondations. Son corps a été retrouvé 3 jours après qu’elle ait lâché la main de Ben qui n’a pas donc pas réussi à la retenir face au courant. Ben a lancé une campagne qui se nomme Justice Climat pour Rosa. Pour que nous n’oublions jamais et que nous agissions, c’est à nous de leur redonner espoir, c’est par ces mots que le Premier ministre a conclu son intervention.