L’édito de Fabrice Grosfilley : pourquoi le budget fédéral concerne les Bruxellois
On vous a beaucoup parlé du budget bruxellois ces dernières semaines.
Du budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles aussi.
Mais il ne faudrait pas oublier celui de l’État fédéral.
Ce n’est pas parce qu’on est à BX1, ou que vous êtes bruxellois, que l’État fédéral ne vous concernerait pas. Bien au contraire.
Des chiffres massifs
Au niveau fédéral, on en est encore aux travaux d’approche : des bilatérales, des déclarations dans la presse.
La vraie négociation commencera vendredi.
Comme ailleurs, l’heure est aux économies.
Le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem, avance un chiffre : 16,6 milliards d’euros à trouver sur 4 ans.
Pour comparer :
- 1 milliard à trouver à la Fédération Wallonie-Bruxelles.
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1 milliard, ou un peu plus, pour la Région bruxelloise.
Mais attention aux comparaisons rapides.
Le budget de l’État fédéral, c’est 170 milliards d’euros :
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70 milliards pour l’État lui-même.
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100 milliards pour la sécurité sociale (maladie, chômage, pensions, etc.).
La Fédération Wallonie-Bruxelles tourne autour de 15 milliards.
La Région bruxelloise, environ 8 milliards.
Un rapport de force classique
Le fédéral a des outils que les Régions ou la Fédération n’ont pas :
impôt des personnes physiques, impôt des sociétés, cotisations sociales…
Autant de leviers pour équilibrer le budget.
Deux options existent : jouer sur les recettes, ou sur les dépenses.
En pratique, on combine les deux.
Mais le clivage gauche-droite reste net :
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À gauche : on veut taxer davantage les grandes fortunes et mieux répartir l’effort.
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À droite : on refuse toute nouvelle taxe, préférant miser sur les économies.
Millionnaires contre malades
Le débat actuel en est une illustration quasi caricaturale.
Conner Rousseau (Vooruit) propose une « contribution des millionnaires » :
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0,3 % au-delà d’1 million.
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0,45 % au-delà de 2 millions.
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0,6 % au-delà de 3 millions.
Un milliard d’euros en jeu, 150 000 personnes concernées.
Réponse du MR : pas de nouvel impôt.
Et contre-attaque : chercher 5 milliards dans la maladie-invalidité, domaine du ministre Vooruit Frank Vandenbroucke.
Plus de contrôles, moins d’abus, et donc des économies massives.
Les autres pistes
Outre la fiscalité et les dépenses sociales, le fédéral peut aussi :
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vendre du patrimoine immobilier,
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céder des participations dans des entreprises publiques (« bijoux de famille »),
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réduire ses services,
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ou transférer certaines charges… vers les communes et les Régions.
Avec un effet domino :
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fin des allocations de chômage après 2 ans → charge accrue pour les CPAS,
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fin du financement du plan Grand Froid (65 000 €),
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désengagement possible de l’aide aux sans-abris,
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refus d’héberger certains demandeurs d’asile.
Ce qui se joue au fédéral a donc des répercussions directes pour les Bruxellois.
Fabrice Grosfilley





