L’édito de Fabrice Grosfilley : le futur est déjà là

Dans son édito du mardi 06 juin 2023, Fabrice Grosfilley revenait sur le casque de réalité virtuelle d’Apple.

Ce serait la plus grosse innovation d’Apple depuis l’AppleWatch, la fameuse montre connectée lancée il y a déjà neuf ans avec un succès commercial très relatif. La firme américaine a présenté hier un nouveau casque de réalité virtuelle. Correction : un casque de réalité virtuelle ET de réalité augmentée. Les deux procédés sont combinés, c’est donc un casque mixte qui va permettre de mélanger des contenus numériques avec le monde réel. Lors de la cérémonie de lancement hier, le patron d’Apple, Tim Cook, a parlé avec enthousiasme d’un produit révolutionnaire, promettant “de nouvelles expériences jamais vues jusqu’ici“. Le casque de réalité virtuelle, on connait : il permet de se retrouver dans l’univers de son choix. Avec des images numériques ou des vidéos plus classiques. On peut ainsi avoir l’impression de se téléporter sur la banquise, en plein désert, sur la planète mars ou dans n’importe quel univers de science-fiction ou de jeux vidéos. La réalité augmentée permet de mettre ces éléments en connexion avec le réel, en mélangeant les deux images par exemple. Vous êtes toujours sur la banquise ou sur la planète Mars, mais si quelqu’un (de réel) entre dans la même pièce (réelle) que vous, il apparaitra dans le champ de vision.

Ce gros casque (plus gros que ce que les experts attendaient), aura son petit prix, on parle quand même de 3.500 dollars, donc plus de 3.000 euros. À ce prix-là, on notera qu’il n’est pas sans fil… En revanche, c’est un casque sans manette de contrôle : ce sont la voix et le regard qui permettront de contrôler l’appareil et d’en faire les réglages. Pourquoi est-ce que je vous en parle ce matin ? Parce que ce casque combiné à l’intelligence artificielle préfigure ce que seront peut-être nos loisirs de demain. On imagine bien toutes les déclinaisons en termes de jeux ou de création artistique possibles. On entrevoit aussi ce que cela pourrait donner dans le monde professionnel, quand je vais pouvoir découvrir par casque interposé un univers qui se trouve à des milliers voir des centaines de milliers de kilomètres et donner mon avis sur ce qu’il conviendrait d’y faire. Le casque pourra remplacer la télé et l’écran de cinéma, c’est une évidence. Mais peut être aussi l’ordinateur et nos smartphones. Cette vision de l’homme et de la femme de demain qui se baladent avec le casque sur la tête et qui sont à la fois ici et ailleurs peut nous faire froid dans le dos, nous donner l’impression d’entrer dans un monde de science-fiction, mais c’est une réalité à laquelle il va falloir nous préparer.

Mine de rien, avec ce genre de gadget et avec la généralisation rapide d’outils d’intelligence (on pourrait débattre du terme) artificielle, nous sommes en train de vivre une nouvelle révolution technologique comparable à celle que nous avons vécue avec l’arrivée de l’ordinateur, puis avec la création du web. Avec de nouveaux usages, mais aussi des emplois qui disparaissent et de nouvelles fonctions à créer. Prenons l’exemple de l’enseignement où l’IA est d’ores et déjà en train de bouleverser tous les codes.  L’homme numérique de demain commence par être un élève numérique. Un être aux capacités sérieusement augmentées depuis qu’il a accès à une quantité de savoir quasi illimitée. Les professeurs et instituteurs d’aujourd’hui sont condamnés à pister les emprunts au virtuel. Essayer de déterminer si un élève a bien rendu une copie qui est le fruit de sa propre production intellectuelle, l’œuvre d’un plagiat, ou carrément le produit d’une intelligence non humaine, du type chat GPT. Et il devient pour les enseignants de plus en plus difficile de déterminer avec certitude d’où vient la copie qu’ils ont reçue sur leur boite mail. Ces apprentissages, nous sommes tous en train de les faire. Ils s’imposent à nous. Et l’exemple de l’enseignement n’en est qu’un parmi d’autres. Notre monde change et il change de plus en plus vite. Et il va falloir que nous ayons tous les yeux bien ouverts pour pouvoir sortir la tête du casque et voir clairement le futur qui nous attend.

Fabrice Grosfilley