L’édito de Fabrice Grosfilley : et la santé, ça va ?
Dans son édito de ce mercredi 24 avril, Fabrice Grosfilley revient sur la santé des Bruxellois.
Et toi, ça va ? Comment va ta santé, Bruxelles ? Pour ne rien te cacher, moi, j’ai un petit rhume. Tu pardonneras mon élocution difficile, ma voix rauque et mes quintes de toux. J’ai un peu mal au crâne, le nez qui coule et la nuit a été difficile. Sans doute que circuler à vélo quand il y a des averses de grêle ou des températures qui flirtent avec le zéro degré n’a rien arrangé.
Si je te parle de ta santé ce matin, Bruxelles, c’est parce que globalement, elle s’améliore. C’est ce qui ressort du Tableau de bord publié ce matin par l’Observatoire de la Santé et du Social de Vivalis. Vivalis, c’est le nouveau nom de la Cocom, la Commission Communautaire Commune, qui s’occupe notamment de la santé des Bruxellois qu’ils soient francophones ou néerlandophones. C’est la Cocom qui organisait la campagne de vaccination pendant la période Covid par exemple. Sans doute que changer de nom, c’était l’occasion de se refaire une santé.
Bon, je m’égare. Donc, tu portes mieux Bruxelles. Et le meilleur moyen de s’en rendre compte, c’est de parler de ton espérance de vie. Pour les hommes, elle est désormais de 79 ans et trois mois. C’est cinq ans de mieux que lors du baromètre précédent qui date d’il y a cinq ans. Pour les femmes, on est passé de 80 ans et neuf mois à 84 ans, trois années de vie en plus. Il y a quand même dix ans d’écart entre les Bruxellois et les Bruxelloises, il faut le noter. La bonne nouvelle, c’est que le cancer provoque moins de morts prématurées qu’avant. On soigne donc mieux les cancers, et les politiques de prévention contre le tabac portent leurs fruits, ce qui n’empêche pas le cancer d’être la première cause de décès chez les hommes, alors que chez les femmes, ce sont les maladies cardio-vasculaires qui arrivent en tête.
Bref, ta santé s’améliore, Bruxelles. Mais ce n’est pas vrai pour tout le monde. Ou, en tout cas, pas de la même manière. Selon l’endroit où tu vis et ton milieu socio-économique, il peut y avoir des différences importantes. Les hommes de Woluwe-Saint-Pierre vivent en moyenne six ans et demi de plus que ceux de Saint-Josse-ten-Noode. Certaines pathologies touchent également plus souvent les personnes vulnérables. C’est le cas du diabète, presque deux fois plus que chez les personnes dites défavorisées. Les Bruxellois ayant un faible niveau d’éducation sont également plus à risque de souffrir d’un diabète non diagnostiqué. Ces inégalités commencent dès le plus jeune âge, voire avant. Le risque d’enfant mort-né est deux fois plus élevé dans des ménages sans revenu du travail que dans un ménage à deux revenus.
Et puis, il y a l’environnement. Pour la première fois, ce tableau de bord a passé l’impact de l’environnement sur ta santé au peigne fin. Avec, là aussi, une bonne nouvelle. La mise en place de la zone de basses émissions porte ses fruits. Les émissions de particules et le dioxyde d’azote, deux polluants qui ont de forts impacts sur la santé, ont diminué respectivement de 80 et 71 % entre 1990 et 2020. Il n’empêche que la pollution de l’air est responsable d’un peu plus de 930 décès prématurés par an à Bruxelles. Derrière ces deux polluants, on trouve le chauffage et la pollution automobile. Le tableau de bord note que l’impact de la pollution automobile est plus fort dans les quartiers populaires, alors que les habitants de ces quartiers ont souvent moins de voitures que les habitants des quartiers aisés. Même chose pour le logement. Un Bruxellois sur dix a des problèmes d’humidité ou de moisissure dans son logement. Ceux qui souffrent de ces problèmes sont dix fois plus nombreux parmi les ménages en difficulté financière que les personnes plus aisées. Bref, il y a un lien entre la santé et les inégalités sociales. Pour être franc, on s’en doutait un peu. L’avantage de ce baromètre, c’est de l’objectiver. À la veille d’élections importantes où on peut parler du budget des soins de santé, des remboursements de médicaments, mais aussi de la qualité de l’air ou des logements insalubres, ce n’est peut-être pas inutile.
Fabrice Grosfilley