L’édito de Fabrice Grosfilley : convaincre Ecolo
David Leisterh, peut-il convaincre Ecolo d’entrer en négociation à la Région bruxelloise ? Le formateur s’y emploie activement et multiplie les initiatives en ce sens. Dernier épisode en date : la publication ce matin, dans La Libre Belgique et La Dernière Heure, d’une série de propositions visant à convaincre les écologistes qu’une discussion avec le MR est bel et bien possible. De manière très officielle et ostentatoire, David Leisterh a ainsi listé une série de convergences dans une note de quatre pages qu’il a envoyée aux écologistes. Le formateur y aborde les priorités stratégiques pour le développement de Bruxelles, susceptibles d’être partagées par l’ensemble des partenaires pressentis.
Ce document de quatre pages acte, par exemple, le gel des constructions envisagées sur les espaces verts menacés par des projets de logements ou d’équipements : le marais Wiels, le Donderberg ou encore la friche Josaphat. Une promesse qui pourrait être un game changer pour les écologistes, car le PS fait de la construction de logements une des conditions de sa participation. Autre point de convergence mis en avant par David Leisterh : une simplification du paysage institutionnel bruxellois, avec le regroupement des administrations, la dépolitisation de la fonction publique, la bonne gouvernance et le décumul. Le MR et Les Engagés ont glissé dans la note une réduction du nombre de parlementaires, l’organisation de consultations populaires chères aux écologistes et, fait notable, la fusion volontaire des communes. Ce dernier point est une petite surprise, qui pourrait provoquer quelques crispations parmi les 19 bourgmestres bruxellois, mais il s’agit aussi d’un signal adressé aux partis néerlandophones.
Le gros dossier, si le MR et Les Engagés veulent réellement séduire les écologistes, reste évidemment la mobilité et la qualité de l’air. Sur la zone de basse émission (LEZ), la formulation est floue : la note ne s’engage à rien. Concernant la poursuite de Good Move, il est indiqué que les éléments problématiques du plan seront supprimés et qu’un nouveau plan de mobilité sera élaboré, incluant le renforcement des transports en commun ainsi que le maintien du projet de Métro 3. Ce ne sont pas de véritables concessions. Les signataires de la note, poursuivront-ils la politique de zone 30 ? Sont-ils prêts à investir dans le réseau de trams ou à construire de nouvelles pistes cyclables ? Ce n’est pas dit explicitement. Quant au Métro 3, on sait que les écologistes y sont plutôt opposés.
A priori, pour convaincre les écologistes de monter à bord, il en faudrait davantage. Mais l’objectif à ce stade, pour David Leisterh et Christophe De Beukelaer, n’est pas de conclure un accord, mais de lancer le débat. Il s’agit de faire en sorte que le “non, pas question” opposé récemment par Zakia Khattabi et Marie Lecoq devienne un “oui, peut-être”. Provoquer le débat en interne chez Ecolo, c’est offrir une bouffée d’air et ouvrir une perspective de négociation. Pour arriver à leurs fins, le MR et Les Engagés seraient même prêts à offrir le mayorat de Schaerbeek aux écologistes. Mais ils devront aussi aller plus loin que cette note sur les questions environnementales, le vivre-ensemble, l’isolation des bâtiments ou encore le soutien au secteur associatif. Et, surtout, ils devront démontrer que cette “danse du ventre” n’est pas qu’un épisode ponctuel.
Personne n’a oublié les déclarations bravaches de Georges-Louis Bouchez annonçant qu’il allait mettre Good Move “par terre” et qu’il n’hésiterait pas à passer en force au gouvernement. Entre le “good cop” Leisterh et le “bad cop” Bouchez, les écologistes peuvent légitimement avoir des doutes. Le danger pour Ecolo serait d’entrer dans une négociation à reculons, pour devoir en sortir quelques semaines plus tard sur un constat d’échec, et d’endosser ainsi le rôle de celui qui bloque. Or, ce rôle de valet noir revient aujourd’hui au PS, et les écologistes ont clairement affirmé, il y a quelques jours encore, qu’ils n’étaient pas demandeurs.
Fabrice Grosfilley