Le repreneur d’Air Belgium ne gardera que 197 travailleurs, l’emploi de 204 autres menacé

Le repreneur d’Air Belgium ne conservera que 197 des 401 collaborateurs actuels de la compagnie, a-t-il été annoncé jeudi devant le tribunal de l’entreprise de Nivelles. Les 204 autres n’ont plus de place “à court terme” dans le nouveau projet. Les pilotes, qui travaillent pour la plupart sous statut d’indépendant, seront tous repris dans la nouvelle entité.

Depuis la mi-septembre, la compagnie aérienne brabançonne se trouvait sous procédure de transfert de ses activités après une procédure de réorganisation judiciaire qui a duré un an. Elle disposait de quatre mois pour trouver un repreneur. Un praticien avait été désigné par le tribunal pour gérer la liquidation de l’entreprise et chargé de récolter les offres de parties intéressés à une reprise partielle ou totale des activités. Me Bernard Vanham a expliqué jeudi avoir été en contact avec 16 candidats potentiels, dont cinq ont signé un accord de confidentialité pour aller plus loin dans la procédure. Trois de ces investisseurs ont ensuite accédé à l’étape suivante, moyennant le paiement d’une somme de 20.000 euros, et seul un d’entre eux a remis une offre finale dans les temps au praticien.  Ce dernier a justifié avoir mis en place une série de règles afin d’éviter “un aréopage de rapaces” intéressés par la seule clientèle de la compagnie et non par la société en tant que telle. “On a fait le tour de la situation”, a estimé Me Vanham devant le tribunal jeudi à l’issue de sa mission.

Cette seule offre de reprise, pour les activités cargo d’Air Belgium (et non les activités passagers), émane d’un consortium de deux sociétés: une néerlandaise, PESO Aviation Management, et une autre britannique, Air One Holdings International. Cette dernière affirme gérer la cinquième plus grande flotte cargo d’avions gros porteurs au monde et dispose de trois filiales (Royaume-Uni, Moldavie et Roumanie). En cas d’accord du tribunal, la Belgique serait la 4e. Dans le cadre du rachat d’Air Belgium, le repreneur ajoutera deux avions à la flotte de la compagnie belge. Il reprendra 147 travailleurs, essentiellement le personnel actif dans les opérations de fret, tandis que 204 autres voient désormais leur emploi menacé. Avec les pilotes, qui travaillent sous statut d’indépendant pour la plupart, et l’une ou l’autre fonction additionnelle, ce sont en fait 197 collaborateurs sur 401 qui basculeraient dans la nouvelle entité, précisait-on chez Air Belgium jeudi. “Les postes du personnel administratif, opérationnel, au sol et de vol, ainsi que le personnel navigant pilote (toutes catégories d’avions confondues), seraient conservés, indépendamment du type de contrat. Toutefois, le personnel de cabine lié spécifiquement aux activités passagers, ne sera pas repris. Des discussions restent néanmoins en cours pour explorer d’autres options”, assure l’entreprise brabançonne.

“Le projet des investisseurs inclut actuellement un accroissement de la flotte cargo, le développement d’activités connexes, telles que dans la maintenance ainsi que l’établissement de la base opérationnelle à l’aéroport de Bruxelles. Par ailleurs, le plan prévoit de poursuivre les activités existantes d’Air Belgium tout en développant de nouveaux vols réguliers complémentaires pour le transport de fret”, ajoute le transporteur.

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Le prix de la cession a été fixé à 800.000 euros, sachant que la compagnie n’était pas propriétaire de ses avions mais qu’elle les louait, tout comme les moteurs des appareils, et que les créances sur les clients ne font pas partie de la cession envisagée. Le juge délégué et les avocats d’Air Belgium ont recommandé au tribunal d’accepter l’offre. Plusieurs créanciers étaient présents devant le tribunal jeudi à l’audience, dont les banques CBC et CPH, Wallonie Entreprendre (le bras financier de la Région wallonne et actionnaire de l’entreprise, NDLR) ou Sabena Aerospace Engineering (autre actionnaire). La Société fédérale de participations et d’investissement (SFPI), le bras financier de l’Etat belge, fait aussi partie des actionnaires mais n’était pas représenté jeudi.   Plusieurs intervenants volontaires dans la procédure avaient également fait le déplacement, comme le Club Med, Sichuan International Air Cargo ou Airbus.  Aucun des créanciers ou des intervenants volontaires ne s’est opposé au transfert de l’activité vers la nouvelle structure.

Une représentante du personnel a, elle, confié au tribunal sa déception face à la situation de la compagnie, regrettant qu’environ 200 collaborateurs ne seront pas conservés. S’exprimant au nom de ses collègues, elle ne s’est pas opposée non plus au transfert d’activité, mais a dit espérer qu’une solution puisse être trouvée pour les travailleurs concernés, essentiellement du personnel navigant.  Le tribunal de l’entreprise de Nivelles a pris l’affaire en délibéré et se prononcera le 12 décembre. La Direction générale du transport aérien (DGTA), qui dépend du SPF Mobilité, doit également donner son feu vert à l’opération, devant procéder à de nombreuses vérifications avant d’accorder une licence de vol à la nouvelle entité. Un processus qui devrait prendre de 3 à 4 mois. La finalisation de la procédure devrait dès lors intervenir vers la fin du premier trimestre 2025. Durant cette période, Air Belgium continuera d’assurer ses opérations quotidiennes pour les vols cargo.  Air Belgium avait annoncé en septembre 2023 la fin de ses vols passagers opérés en propre (vers l’Afrique du Sud et l’Île Maurice), “chroniquement non rentables”. Cela avait laissé sur le carreau environ 11.000 passagers, qui espéraient être remboursés de l’achat de leur billet. Depuis lors, le transporteur continuait à développer ses activités d’ACMI, c’est-à-dire l’affrètement d’avions pour d’autres compagnies, qu’elles soient de fret ou passagers. Il proposait également des vols “charter” pour des clients spécifiques, que ce soit en vue de transporter des passagers ou du cargo. Seules les activités cargo se poursuivent désormais, tandis que le personnel de cabine est au chômage économique depuis la fin octobre.

Belga

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05 décembre 2024 - 12h20
Modifié le 05 décembre 2024 - 14h48