Le Plan Taxi déposé en urgence devant le Parlement bruxellois

Le PS va déposer cette semaine devant le Parlement bruxellois le Plan Taxi, chargé de réformer le secteur du transport rémunéré de personnes, annonce le chef de groupe PS à l’assemblée régionale, Ridouane Chahid, dans L’Écho. Mais dans la majorité, le député bruxellois Marc Loewenstein (DéFI) a confirmé sur BX1+ sa demande de passer par une solution transitoire avant de débattre “sereinement” du Plan Taxi.

Alors que les débats vont bon train autour de l’organisation du secteur des taxis et du transport de personnes, les députés du Parlement bruxellois et les membres du gouvernement bruxellois cherchent toujours une solution pour les nombreux chauffeurs indépendants qui utilisent la plateforme UberX, interdite depuis vendredi dernier sur le territoire de la capitale, sur décision de la cour d’appel de Bruxelles. Les chauffeurs de LVC font part de leur colère depuis l’annonce de cette décision via des manifestations dans les rues de la capitale, devant le cabinet du ministre-président bruxellois Rudi Vervoort (PS) et devant le Parlement bruxellois.

Une solution temporaire permettant à ces chauffeurs de prendre leur travail légalement n’a pu être trouvée vendredi, malgré des discussions entre membres du gouvernement bruxellois, députés bruxellois et chauffeurs. Selon le quotidien L’Écho, une solution avait été proposée par la société Uber elle-même, soit la modification de l’article 17 de l’ordonnance du 27 avril 1995 relatif aux services de location de voitures avec chauffeur. Un article qui prévoit notamment l’interdiction de circulation sur la voie publique sans réservation préalable ou l’interdiction d’équipement avec un appareil de radiocommunication : deux points retenus par la cour d’appel de Bruxelles pour interdire l’utilisation d’UberX à Bruxelles.

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“Une réponse sociale pour les chauffeurs”

Face à cette proposition, le groupe PS au Parlement bruxellois annonce qu’il va déposer le fameux Plan Taxi, la réforme du secteur du transport rémunéré de personnes, devant le Parlement bruxellois dès cette semaine. Il souhaite ainsi contourner la solution transitoire proposée par Uber et remettre sur la table ce Plan Taxi négocié depuis plusieurs années au sein du gouvernement bruxellois. “Notre objectif n’est pas de trouver une solution pour le modèle d’Uber que nous condamnons et que nous ne soutiendrons jamais. Mais nous voulons apporter une réponse sociale à la situation des chauffeurs créée par l’arrêt de la cour d’appel et aussi apporter une réponse au secteur du taxi confronté à cette concurrence déloyale”, déclare Ridouane Chahid, chef de groupe PS au Parlement bruxellois dans L’Écho.

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“Le texte sera déposé dans son intégralité, sans aucun changement. On demandera à ce qu’il soit mis à l’ordre du jour de la prochaine séance plénière, après le passage en bureau élargi ce mercredi, puis en commission le mardi d’après”, précise encore le député régional et bourgmestre d’Evere. Cette proposition, si elle émane du Parlement bruxellois, permettra ainsi de contourner l’obligation d’une demande d’avis au Conseil d’État, au contraire d’un projet gouvernemental.

David Leisterh : “Le MR veut une phase transitoire”

Le député bruxellois David Leisterh (MR), président du MR bruxellois, était l’invité de Fabrice Grosfilley dans Toujours + d’Actu pour réagir à ces nouvelles informations dans le dossier Uber. “Pour l’instant, nous allons nous concentrer sur notre texte qui permet de créer une phase transitoire, explique l’élu libéral. “Nous allons voir en quoi consiste le plan proposé par la majorité. Avant que ce dossier soit voté, ce qui peut prendre jusqu’à dix à quinze jours, nous souhaitons qu’une solution provisoire soit en place pour permettre aux chauffeurs de reprendre leur travail”.

“Ce qui m’intéresse, ce sont les chauffeurs Uber, ce sont près de 2 000 chauffeurs qui ont des familles. Nous voulons les aider”, réagit encore David Leisterh.

Le député MR estime que de nouvelles alternatives soient proposées en plus des taxis : “Cela passe par Uber ou d’autres plateformes”. Sur ce dossier du Plan Taxi, le gouvernement bruxellois a réussi à être plus lent que la justice, et ça, c’est très fort”, dénonce-t-il.

Du rififi dans la majorité : “Il ne faut pas se précipiter”, dit DéFI

Dans le Face à face de Toujours + d’Actu, ce lundi, le débat autour de ce Plan Taxi a également été houleux. “En 24 heures, d’un coup, le PS sort un Plan Taxi alors qu’on nous annonce que c’est si difficile depuis cinq ans… On sent que le PS est isolé dans son gouvernement”, estime Christophe De Beukelaer, député bruxellois (cdH). “Nous devons offrir un cadre temporaire pour permettre le retour au travail des chauffeurs Uber, pour ensuite débattre sereinement autour de ce Plan Taxi”.

“Je rappelle qu’un accord est intervenu au sein du gouvernement bruxellois, jeudi dernier. J’espère que la réforme du secteur sera menée avec diligence par la suite”, ajoute Marc Loewenstein, député bruxellois (DéFI). “Nous sommes favorables à une réforme du secteur des taxis depuis des années. Il faut permettre à tout le monde, dont les chauffeurs LVC, de pouvoir travailler, sans dégradation des conditions de travail”.

“La solution transitoire qui est proposée actuellement l’est par Uber, pour l’instant”, précise Jamal Ikazban, député bruxellois (PS), défavorable à une telle proposition émanant de la société californienne. “Je dis qu’il ne faut pas se précipiter dans la réforme globale des taxis. Ce n’est pas en une semaine qu’on va faire un plan Taxi”, répond Marc Loewenstein. “Uber propose cette solution pour permettre aux travailleurs de reprendre. On a déjà eu souvent des suggestions de la société civile pour des futurs projets parlementaires, mais le travail parlementaire doit ensuite être fait, évidemment”.

“On a 2 000 chauffeurs sans emploi. Et dans le gouvernement bruxellois, ça se chamaille”, s’étonne Christophe De Beukelaer. “C’est faux. Le Plan Taxi doit permettre cela. Et des solutions existent. Nous demandons notamment la création d’une cellule avec Actiris pour permettre aux chauffeurs LVC d’obtenir un métier avec CDI et des assurances”, rapporte Jamal Ikazban.

Gr.I. – Photo : Belga/Paul-Henri Verlooy