Le comité Alhambra note les adresses où des travailleuses du sexe reçoivent des clients : des associations s’insurgent
Sur une publication partagée sur Facebook, relatant les derniers événements du quartier, le comité de riverains Alhambra a dénoncé les travailleuses du sexe qui poursuivent leur “racolage” dans les rues du quartier, et invité les riverains à leur envoyer des adresses où ces travailleuses recevraient des clients, afin de les remettre ensuite à la police locale. Un “appel à la délation” qui fait bondir quatre associations.
Tout est parti d’une publication sur Facebook publiée le mardi 1er décembre dernier sur la page du Comité Alhambra. Ce dernier est un comité de riverains particulièrement actif au nord du Pentagone, et adressant régulièrement ses griefs concernant la propreté du quartier, le problème du trafic de drogues et la prostitution. Dans cette publication depuis mise à jour, le Comité Alhambra dénonce le fait que plusieurs “travailleuses du sexe, principalement d’Europe de l’Est, continuent de racoler”. “Pendant la journée, nous voyons maintenant aussi les latinas transsexuelles, qui n’étaient auparavant actives que la nuit. Elles font des passes dans la rue – une manière de travailler qu’elles pratiquaient déjà avant la COVID – et, dans une moindre mesure, dans des appartements privés”, affirme le comité de riverains.
Dans la publication initialement partagée, le comité affirmait qu’il allait établir “une liste de toutes les adresses connues où les prostituées reçoivent des clients (boulevard Emile Jacqmain, rue de Laeken, rue des Commerçants, boulevard d’Anvers, boulevard Adolphe Max) et les remettra à la police locale“, avant d’ajouter, comme le révèle la DH : “ Si, en tant qu’habitant, vous connaissez une autre adresse de ce type, veuillez nous le faire savoir par MP“.
Traitées “comme des criminelles”
Ce message est considéré comme un “appel à la délation” par quatre associations, Utsopi, Alias, Espace P et Médecins du monde, qui s’insurgent dans la DH contre cette publication. “Nos associations dénoncent cet appel à la délation qui traite les travailleuses du sexe comme des criminelles. Ces femmes que traque le comité Alhambra sont parmi les plus précaires de Bruxelles. Pour survivre, elles/ils n’ont d’autre choix que de continuer à travailler, dans la clandestinité et dans des conditions souvent sordides”, disent ces associations. Elles s’indignent également du fait que le Comité Alhambra publie régulièrement des photos sur son mur Facebook de travailleuses du sexe et de leurs client(e)s, “bafouant ainsi le droit à l’image et le respect de la vie privée”.
Les associations demandent aux autorités de nouvelles “mesures fortes” pour améliorer les conditions de vie et de travail des travailleuses du sexe, et annoncent un possible recours à l’encontre du Comité Alhambra.
De son côté, l’association de riverains se défend en expliquant que les habitants se plaignent que depuis la fermeture des hôtels de passe suite au Covid-19, les travailleuses du sexe reçoivent des clients dans des adresses privées. “Cela va à l’encontre des mesures Covid applicables. Nous visons également les appartements liés aux cafés de prostitution ou aux hôtels de passe et les adresses de résidents confrontés à des prostituées et leurs clients dans leur hall, leur ascenseur ou les escaliers”, dit le comité à la DH. Il précise également que les adresses privées des travailleuses du sexe ne sont pas transmises à la police : “Nous relayons simplement les plaintes des habitants du quartier“.
Gr.I. – Photo : archive Belga