Violence en marge de la Coupe de Belgique : la Pro League, le Club Bruges, les bourgmestres concernés et le monde politique condamnent unanimement les incidents

Le Club Bruges coopérera avec la police pour identifier les personnes impliquées. Le football ne doit en aucun cas être une couverture pour la violence“, a confié le club à l’agence Belga lundi.

Le Club Bruges a condamné fermement les violences qui se sont produites et ont impliqué des supporters brugeois dimanche à Bruxelles en marge de la finale de la Coupe de Belgique contre Anderlecht au stade Roi Baudouin.

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Bruges a remporté 2-1 la finale et sa 12e Coupe de Belgique dimanche. “Avant ce match, la Pro League, l’Union belge de football URBSFA et le RSC Anderlecht ont collaboré étroitement pour faire de ce match une fête du football”, a déclaré le Club. “Aujourd’hui, des images ont fait montré des présumés supporters en train de se déchaîner dans les rues de Bruxelles et autour du stade avant le match. Le Club Bruges condamne explicitement ce comportement et coopérera avec la police pour identifier les personnes impliquées. Le football ne doit en aucun cas servir de couverture à la violence”. La police bruxelloise a interpellé plus de 60 personnes lors des incidents qui ont suivi la finale. 

“Après la finale de la Coupe, la police a encore dû intervenir tard dans la nuit pour des émeutes entre des jeunes et des supporters de Bruges”, a déclaré la police. “Cette intervention a été motivée par des incidents antérieurs avec des supporters brugeois qui avaient eu lieu à Molenbeek-Saint-Jean et à Jette. Ce groupe s’était déplacé à pied à travers Molenbeek-Saint-Jean et Jette en direction du stade Roi Baudouin”.

Les exactions commises à Bruxelles, Molenbeek et Jette unanimement condamnées

Les bourgmestres de la Ville de Bruxelles, de Molenbeek-Saint-Jean et de Jette ont condamné lundi avec fermeté les exactions commises la veille sur le territoire de leurs communes respectives en marge de la finale de la Coupe de Belgique de football. Le caractère raciste des faits est souligné.

“Je condamne avec la plus grande fermeté les violences racistes commises par certains supporters brugeois”, déclare Philippe Close (PS), bourgmestre de la Ville de Bruxelles. “Ce sont des actes inacceptables et intolérables. Je remercie les forces de l’ordre pour leur intervention rapide.” En contact avec le ministère de l’Intérieur, il souhaite que ces “supporters” soient rapidement exclus des stades et que des poursuites judiciaires soient entamées. “Nous avons toutes les images nécessaires. Bruxelles est une ville ouverte et fière de sa diversité, nous ne laisserons pas des voyous d’extrême-droite venir la salir.”

Pour le bourgmestre de Bruxelles, il y a des spotters pour suivre les supporters. “Ceux qui sont venus ‘punir Bruxelles pour la diversité qui la caractérise’ ne doivent pas être autorisés à monter dans les trains ni avoir accès aux tickets”.

Sur le plan de la sécurité, M. Close a évoqué la difficulté complémentaire que représente la sécurité à assurer pour une finale de coupe de Belgique. Contrairement à un match de championnat pour lequel le nombre de supporters du club visiteur est contingenté, les deux clubs peuvent en faire venir dans une proportion égale (deux fois 20.000).  Au niveau du maintien de l’ordre, la zone de police de Bruxelles-Ixelles avait le lead des opérations concernant le match de dimanche. Elle était aussi prête à venir en renfort dans d’autres zones, en cas d’incidents, ce qui a été le cas. Une partie du commandement était au stade, et une autre au centre de sécurité régional.

Selon Amet Gjanaj (PS), le bourgmestre faisant fonction de Molenbeek-Saint-Jean (en l’absence de Catherine Moureaux), “il a manqué d’un filtre en amont pour que ces gens ne viennent pas à Bruxelles. C’est inadmissible ce qui est arrivé ce dimanche”. “La haine et la violence racistes n’ont pas leur place dans mon quartier. Nous ne laisserons pas passer cela”, a quant à lui déclaré l’échevin du Logement Dirk De Block, chef de file molenbeekois du PTB. La bourgmestre de Jette Claire Vandevivere (Engagés) “déplore que des pseudos supporters utilisent cette fête du sport pour se transformer en casseurs. Il faut absolument prendre des mesures contre ce type de personnes.” Elle en a profité pour saluer la très bonne coordination entre les zones de police. Au total, la police a procédé à 61 arrestations administratives et deux arrestations judiciaires. Toutes feront l’objet d’un procès-verbal. Quelques policiers ont été légèrement blessés.

Le monde politique consterné, les Verts parlent de “chasse raciste”

Les violences qui ont émaillé la journée de dimanche à Bruxelles, en marge du match de football opposant Anderlecht au Club Bruges, font réagir lundi le monde politique. La consternation est grande, au point que les écologistes flamands espèrent, en urgence, entendre au parlement fédéral la Pro League, l’association qui regroupe les clubs de D1A.

“Cela n’a plus rien à voir avec le sport, c’est de la pure terreur”, résume le député Groen Matti Vandemaele. L’élu parle de “violences racistes”, l’ancienne co-présidente de son parti, Nadia Naji, évoquant un “groupe de hooligans d’extrême-droite”. Les Verts francophones reprennent le même vocabulaire: “Ce ne sont pas de simples supporters brugeois qui ont commis des débordements à Molenbeek. C’est un groupe d’extrême-droite bien connu qui a organisé une chasse raciste dans des quartiers à des kilomètres du stade”, note la co-présidente d’Ecolo Marie Lecocq, lundi, via les réseaux sociaux.

Des affrontements avaient déjà eu lieu aux alentours de la Gare Centrale entre groupes de “supporters” brugeois et bruxellois. La police est parvenue à disperser les personnes impliquées, mais des groupes d’hommes vêtus de noir se sont ensuite déplacés vers Molenbeek-Saint-Jean, provoquant des affrontements avec des habitants, dégradant du mobilier urbain et s’attaquant à un magasin de bricolage et de matériel de rénovation. D’autres incidents, entre autres avec des pétards et feux d’artifice, ont été signalés dans le centre-ville et aux abords du stade.  Dès dimanche, le chef de file du PS bruxellois Ahmed Laaouej a tancé via les réseaux sociaux “ces hordes de racailles supporters du FC Bruges” venues “casser et agresser des Bruxellois”. “Que fait la police en Flandre pour empêcher ces gens de nuire chez eux et en déplacement?”, s’interroge-t-il, retournant avec ironie des phrases que l’on a souvent entendues à propos des “jeunes” bruxellois.

Rebondissant sur ce type de propos, le président des libéraux francophones Georges-Louis Bouchez a assuré condamner “avec la même fermeté” toutes les violences. Il renvoie au passage à la “nécessaire fusion des zones” de police, “avec la création d’une police du métro”.

“Espérons que les vidéos permettent clairement d’identifier les responsables afin qu’ils soient arrêtés, jugés et condamnés. J’ai confiance en la justice pour qu’elle soit rapide et efficace. Violence, racisme, dégradations n’auront pas leur place, ni ici ni ailleurs!”, précise David Leisterh, chef de file des libéraux bruxellois. “Quel horrible spectacle cette nuit à Molenbeek, pris pour cible par des supporters brugeois sans foi ni loi, et pour certains clairement racistes”, note Christophe De Beukelaer, président des Engagés Bruxelles.” La réponse doit être radicale. Pas d’impunité pour ceux qui cassent, insultent, et blessent délibérément. La lumière doit être faite sur tous les agissements, en dehors du caractère émotionnel généré par cette situation. Comment ces supporters violents ont-ils pu se retrouver sans surveillance en pleine ville?” Il en profite pour ajouter que “Molenbeek a besoin d’un ou d’une bourgmestre sur le terrain et pleinement opérationnelle”, faisant référence à l’annonce faite lundi matin par Catherine Moureaux, absente de sa fonction de maïeur depuis le début du mois de février pour maladie, et qui le restera jusque fin juin.

Comme le Club Bruges, la Pro League dénonce les incidents survenus en marge de la finale

La Pro League a dénoncé les incidents survenus dimanche en marge de la finale de la Coupe de Belgique, remportée par le Club Bruges face à Anderlecht au stade Roi Baudouin, lundi dans un communiqué. Quelques minutes plus tôt, le Club Bruges avait également fermement condamné ces violences qui ont provoqué l’interpellation de plus de 60 supporters.

“Il est clair qu’un certain nombre de hooligans ont utilisé le prétexte de la finale de la Coupe pour commettre des actes de criminalité organisée à Bruxelles”, a exposé l’organisation responsable du football professionnel belge. “Cela a entraîné une dynamique de violence mutuelle avec inéluctablement des victimes innocentes. Nous collaborons avec la police dans l’enquête sur ces faits.” La Pro League a également rappelé les progrès réalisés contre la violence dans le football ces derniers mois, avec notamment un alourdissement des sanctions et l’introduction des interdictions de stade immédiates. Elle constate toutefois que, dimanche, “tous ces efforts n’ont pas permis d’empêcher les actes criminels commis dans la capitale par des groupes avides de violence. Les groupes qui utilisent le football pour commettre des actes de violence doivent tout simplement disparaître du football et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour y parvenir.”

L’organisation a enfin souligné que “la modification de la Loi Football avec notamment des sanctions plus sévères se trouve dans l’accord de gouvernement. Le ministre de l’Intérieur a indiqué qu’il souhaitait agir rapidement dans ce domaine.”

Le monde politique réagit

Quel horrible spectacle cette nuit à Molenbeek, pris pour cible par des supporters brugeois sans foi ni loi“, déplore Christophe De Beukelaer pour Les Engagés. Selon lui, il faut un bourgmestre de plein exercice à Molenbeek. Actuellement, Catherine Moureaux est en arrêt maladie. “Comment ces supporters violents ont-ils pu se retrouver sans surveillance en pleine ville ? La lumière doit être faite sur tous les agissements“, poursuit-il.

Du côté du MR, Georges-Louis Bouchez indique condamner “avec la même fermeté les violences graves commises par des pseudos supporters de Bruges contre des habitants de Molenbeek, mais aussi la réponse toute aussi violente de certains à l’égard de brugeois“. Il rappelle la nécessité, selon lui et selon le ministre de l’Intérieur Bernard Quintin, d’une fusion des zones de police.

Les responsables des violences à Bruxelles devront être punis avec toute la sévérité de la loi“, indique de son côté justement le ministre de l’Intérieur.

La Team Ahidar demande l’audition de la responsable de Bruxelles Prévention et Sécurité

La Team Fouad Ahidar a demandé lundi l’audition en urgence, en commission des Affaires intérieures du Parlement bruxellois, de la Haut fonctionnaire de Bruxelles Prévention et Sécurité, Sophie Lavaux. Objectif: faire “toute la lumière” sur les débordements observés dimanche à Bruxelles en marge de la finale de la Coupe de Belgique”. Elle exige des “réponses claires sur les responsabilités en jeu”.

Condamnant “avec la plus grande fermeté les débordements inacceptables survenus dimanche”, la Team Fouad Ahidar a jugé d’une “gravité extrême” ne pouvant “rester sans réponse”, les violences perpétrées contre des personnes et des biens, en particulier à Molenbeek, “pour semer le chaos”. Tout aussi grave a été à ses yeux le passage par Molenbeek des groupes de supporters violents, organisés, structurés et issus de mouvances d’extrême droite, dont “tout indique une volonté assumée de provocation à caractère raciste”. “Comment des groupes bien connus pour leur potentiel de violence ont-ils pu circuler librement dans Bruxelles sans encadrement, organiser des attaques contre des biens et des personnes sans que la police n’ait été présente”, s’est étonné le chef de file du groupe parlementaire, Fouad Ahidar.

Selon celui-ci, dans d’autres pays, les autorités encadrent systématiquement les déplacements des supporters pour éviter ce type de débordements. “Pourquoi cela n’a-t-il pas été le cas ici? Il s’agit manifestement d’une faille grave dans le dispositif sécuritaire”, a-t-il déploré.

Quintin : identifier “avec soin” pour permettre à la Justice de punir sévèrement

Le ministre de l’Intérieur Bernard Quintin (MR) en a appelé lundi à une identification “avec le plus grand soin” des auteurs de violences commises en marge de la finale de la Coupe de Belgique de football “pour que la Justice puisse faire son travail et punir avec la plus grande sévérité de la loi les coupables identifiés”.

Réitérant sa condamnation “de tous ces actes inacceptables”, M. Quintin a précisé qu’il était en contact constant avec les autorités compétentes, depuis dimanche, et qu’il le restera dans les jours à venir “afin d’analyser la situation qui s’est déroulée et de voir comment améliorer de tels dispositifs à l’avenir”. Cité par son porte-parole, le ministre a ajouté qu’il avait officiellement demandé aux autorités responsables le rapport d’évaluation du déroulement des évènements. De manière plus générale, “nous travaillons à divers projets destinés à renforcer la sécurité, dont le renforcement de la loi football, ou encore à la fusion des zones de police à Bruxelles d’ores et déjà annoncée par le ministre”, a encore fait valoir le porte-parole de M. Quintin.

Unia va ouvrir un dossier pour racisme potentiel après les violences à Bruxelles

Unia va ouvrir un dossier par autosaisine (de sa propre initiative) pour racisme présumé à la suite des violences qui ont éclaté dimanche à Bruxelles, en marge du match de football opposant Anderlecht au Club Bruges, a indiqué à l’agence Belga le Centre interfédéral pour l’égalité des chances.

À ce stade, Unia n’a reçu aucun signalement de victimes. L’organisme va donc prendre contact avec le parquet et la police, qui mènent l’enquête. “Il s’agit de premières démarches pour rassembler une série d’informations et évaluer s’il y a un mobile discriminatoire derrière ces violences. Ce qu’il est difficile de conclure sur la seule base de vidéos”, a précisé Anne Salmon, porte-parole du centre. “Si nous avons des preuves du mobile raciste de ces agressions, nous pourrons alors nous déclarer personne lésée, proposer notre aide pour accompagner les victimes et potentiellement nous constituer partie civile s’il devait y avoir un procès”.

Belga et rédaction de BX1

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05 mai 2025 - 12h32
Modifié le 05 mai 2025 - 18h34