L’autoroute A12 devient “A-douce”

C’est ce qu’avance la ministre de la Mobilité bruxelloise Elke Van den Brandt (Groen), dans un entretien accordé à La Libre Belgique mardi. Elle confirme avoir déposé la demande de permis pour la transformation de la fin de l’autoroute A12, cette portion de trois kilomètres qui longe l’Atomium, le parc de Laeken et ses tours d’inspiration extrême-orientale jusqu’au canal.

Le projet figure dans le plan Good Move du gouvernement bruxellois en matière de mobilité qui prévoit la réduction d’une bande de circulation, passant de trois à deux voies, et la transformation de l’autoroute actuelle en un boulevard urbain, qui intègre une route cyclable et des espaces verts, explique la ministre, aussi citée dans De Morgen.

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Maintenant que la demande de permis est déposée, la concertation pour l’enquête publique va pouvoir commencer. Le but est de terminer les travaux sous cette législature, d’ici 2024“, avance-t-elle.

Encourager les gens à prendre le train

L’autoroute A12 est un axe très emprunté par les navetteurs, car elle relie Anvers à Bruxelles. Ceux qui se rendent dans le centre pourront laisser leur voiture et emprunter les transports en commun, puisque le site sera relié au centre de la ville. Nous discutons aussi avec la SNCB pour davantage de parkings de dissuasion près des lieux d’habitation, afin d’encourager les gens à prendre le train. Ceux qui n’ont pas d’alternative peuvent toujours entrer dans Bruxelles en voiture“, détaille encore l’écologiste.

“Parkway 21”

La transformation de l’autoroute A 12 en boulevard urbain fait partie du projet “Parkway 21” qui vise à restructurer l’axe R21 entre Laeken et Neder-Over-Heembeek. Le projet s’étend plus précisément entre la limite régionale et le canal à hauteur du Pont Van Praet. Il a pour ambition d’assurer l’intégration urbaine et environnementale, ainsi que d’améliorer le cadre de vie des riverains et de favoriser la mobilité douce.

Offrir plus d’espaces de détente aux familles

“Ce dossier entre tout à fait dans notre projet de la “Ville à 10 minutes”, qui vise à pourvoir tous nos quartiers d’équipements collectifs comme des écoles, des crèches, du transport en commun, des centres culturels ou sportifs … Ici, notre objectif est d’offrir plus d’espaces de détente aux familles. Grâce à la réorganisation des voiries, les espaces verts seront beaucoup plus accessibles aux habitants, sans compter la diminution des nuisances liées au trafic automobile, ajoute le Bourgmestre de la Ville, Philippe Close.

D’autres investissements prioritaires sont à réaliser selon Pascal Smet

Au cours d’un entretien avec l’agence Belga, son prédécesseur Pascal Smet a déploré que le projet tel qu’avancé par la ministre n’a fait “l’objet d’aucune concertation au gouvernement bruxellois” alors qu’il modifie sensiblement le projet pour lequel lui-même a obtenu la délivrance d’un certificat d’urbanisme. Selon lui, il n’est visiblement plus question du projet Park and Ride directement connecté à l’A-12 et qui justifiait à lui seul la priorité donnée à un tel chantier.

En ces temps difficiles sur le plan financier, il y a d’autres investissements prioritaires à réaliser à Bruxelles en termes de déminéralisation de l’espace, par exemple sur les axes Belliard et Loi ou sur le boulevard Jamar. Ce serait un projet ‘nice to have’, mais plus ‘need to have’“, a-t-il commenté, soulignant que la fin de l’A-12 est déjà une zone verdurisée.

Le MR inquiet

Cependant, les députés MR du parlement bruxellois ont réitéré leur inquiétude quant aux conséquences selon eux désastreuses de la perspective de rétrécissement d’un accès autoroutier à la capitale sur l’activité économique de Bruxelles, en l’occurrence, celui de l’A-12.

Ils disent craindre un report du trafic sur les quartiers limitrophes comme en ont déjà attesté les études d’incidence à propos de la réduction des bandes de circulation sur le boulevard de la Woluwe par exemple. Par voie de communiqué, le Mouvement Réformateur a demandé au gouvernement bruxellois de faciliter l’accès à la Ville à davantage de modes de transport plutôt que d’isoler la capitale. Des solutions doivent être pensées en amont en concertation avec la Flandre et la Wallonie. Les parkings de dissuasion ne sont, par exemple, aujourd’hui pas accessibles aux véhicules exclus de la LEZ sans amende, a souligné le MR.

Y. Mo. avec Belga – Photos : Bruxelles Mobilité

• Un reportage d’Anaïs Corbin, camille Dequeker et Besnik Nikqi

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30 novembre 2021 - 15h00
Modifié le 30 novembre 2021 - 18h49