L’assemblée citoyenne climat présente ses pistes pour une alimentation durable à Bruxelles

Articulé autour de trois grandes priorités, le rapport souligne la nécessité de réduire de moitié la consommation de viande en Région bruxelloise, de recourir à davantage d’alimentation locale, bio et de saison, ainsi que de lutter contre le gaspillage alimentaire. Merlijn De Rijcke, Secrétaire de l’assemblée citoyenne, était l’invité du 12h30.

L’assemblée citoyenne pour le climat a remis mardi au gouvernement bruxellois ses 56 propositions pour une “alimentation durable pour toutes et tous d’ici 2050”, en présence notamment du ministre bruxellois chargé de la Transition climatique, de l’Environnement et de la Démocratie participative, Alain Maron (Ecolo) et de la secrétaire d’État à la Transition économique, Barbara Trachte (Ecolo).

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L’objectif de cet avis citoyen, rendu au terme de plus de deux mois de débat entre 64 habitants bruxellois tirés au sort, vise à interpeller les secteurs publics et privés de l’alimentation, et les pouvoirs publics surtout. Les citoyens et citoyennes recommandent au gouvernement bruxellois de notamment multiplier les actions de sensibilisation auprès de l’ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire, par exemple au sein des établissements scolaires via la création de référents Good Food (du nom de la stratégie régionale) dans les écoles maternelles, primaires et secondaires. “Nous suggérons aussi de mettre en place des incitants financiers, afin de rendre accessible à tous une alimentation saine et durable”, a présenté la citoyenne Amélie Renardy.

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Il serait ainsi pertinent, selon l’assemblée, d’ajuster certaines taxes régionales pour favoriser l’installation de commerces durables et de proximité, d’octroyer des subsides destinés aux commerces labellisés “Good Food”, ou encore de diminuer la TVA sur les produits durables. En parallèle des leviers financiers et de la sensibilisation, l’avis citoyen pointe l’urgence pour la Région de mener une “action offensive et ferme” si elle souhaite véritablement transformer le secteur public de l’alimentation. Cette action pourrait, entre autres, s’opérer en imposant une réduction de 50% des protéines animales dans les lieux de restauration collective en accompagnant davantage les métiers du secteur à la transition (fixer des critères “durabilité” au sein des formations, subventionner de nouvelles formations pour les acteurs déjà dans le métier, etc.), ou encore en tenant un rôle central pour mieux gérer les invendus à Bruxelles.

“La bonne nouvelle, c’est qu’il y a une certaine corrélation entre ces recommandations et les mesures qui figurent déjà dans notre stratégie Good Food”, s’est réjoui Alain Maron. “La prochaine étape, c’est de faire plus et mieux, notamment en termes de sensibilisation. C’est effectivement un enjeu particulièrement pertinent à prendre compte pour enclencher cette transition alimentaire, qui représente également un changement culturel”, a-t-il continué.

De son côté, Barbara Trachte a insisté sur l’urgence de briser le “cercle vicieux” du modèle économique actuel, qui “surexploite autant l’environnement que les travailleurs”. Elle en a profité pour rappeler les mesures d’accompagnement et de financement des entreprises et commerces durables mises en place par le gouvernement bruxellois. L’élue écologiste a ensuite abondé dans le sens du récent rapport en soulignant la responsabilité fédérale de réduire la TVA sur les produits durables pour en garantir l’accessibilité pour toutes et tous. L’assemblée citoyenne, consciente que le gouvernement bruxellois ne pourra assurer à lui seul une alimentation durable d’ici 2050, a en outre abordé la responsabilité de la grande distribution. Elle préconise par conséquent aux supermarchés de mieux agencer leurs rayons pour inciter la clientèle à se diriger vers les produits durables, d’agir sur l’effet psychologique des dates de péremption et de réduire au maximum les emballages.

Le thème de l’alimentation durable conclut ainsi le deuxième cycle de la première année de l’Assemblée citoyenne bruxelloise pour le climat, initiée en 2023 par la Région bruxelloise. Malgré l’approche des élections, ce processus de démocratie participative comporte un “fondement législatif”, rassure Alain Maron. Ces recommandations – si elles ne sont pas contraignantes – feront par ailleurs l’objet d’un suivi par un comité de 10 citoyens sur une période d’un an, afin d’assurer leur prise en compte par le gouvernement actuel ainsi que par celui en charge dès juin prochain.

■ Interview de Merlijn De Rijcke, Secrétaire de l’assemblée citoyenne, au micro de Jim Moskovics et Vanessa Lhuillier

Belga