La salle de consommation à moindre risque de Lemonnier est-elle menacée par les négociations fédérales?

Quel avenir pour la salle de consommation de drogue qui se trouve près de la Gare du Midi ? Son futur pourrait être lié aux négociations fédérales qui souhaitent sa fin. Dans le quartier, entre les acteurs de terrain et les riverains, les avis sont partagés.

Nour Eddine Layachi est commerçant dans le quartier, tout près de la salle de consommation à moindre risque GATE. Une situation qu’il dit “subir”, tout comme certains commerçants du quartier, par manque de considération dans le dispositif. “On est déjà dans un quartier difficile. On n’est pas loin de la Gare du Midi, le SAMU Social est juste en face. Le fait d’installer une salle de shoot dans ce quartier, dans cet environnement-là, c’est compliqué. On n’a jamais été contre, mais on a demandé des choses à faire, qui n’ont pas été faites”, regrette-t-il, lui qui est également président de l’association des Commerçants Lemonnier.

Les salles de consommation sont pointées du doigt, notamment par Bart De Wever, actuel formateur du gouvernement fédéral. Dans une note de travail adressée à ses partenaires, il les qualifie “d’aimant pour les vendeurs et consommateurs de drogue”.

Ces accusations sont un coup de massue pour l’ASBL Transit, d’autant que la police n’observe pourtant pas de hausse des interventions depuis l’ouverture.

L’association se défend

70 % des bénéficiaires logeaient dans le quartier avant leur arrivée, c’est pour cette raison que l’association s’y est installée. Pour remédier à ces nuisances, elle propose des solutions : “On a spécifiquement un gardien de sécurité à la porte. Il veille, à la fois, à d’éventuelles tensions à l’intérieur, ce qui permet de soulager les équipes, mais il veille aussi à la tranquillité publique dans la rue. Cela a encore amené une force nouvelle qui permet, encore, d’apporter plus de sécurité. Lutter contre des représentations, des sentiments d’insécurité, c’est quelque chose qui se fait sur le long terme”, nous répond Bruno Valkeneers, porte-parole de l’ASBL.

Du côté de la Ville de Bruxelles, on dit que cette note de travail au fédéral ne devrait pas avoir d’impact sur l’existence de cette salle de consommation : “Le fédéral ne finance rien, c’est principalement la Ville, le CPAS et la Région bruxelloise qui financent cette salle. On a pris ça sur nous-mêmes parce qu’en même temps, on a l’habitude de gérer de grands centres hospitaliers comme l’hôpital Saint-Pierre ou l’hôpital Brugmann. On a mis les praticiens de santé publique autour de la table pour proposer une solution. Elle n’est pas la solution magique, mais un trajet de soins offert aux toxicomanes pour tenter de les sortir de la toxicomanie”, réagit le bourgmestre Philippe Close.

Les salles de consommation à moindre risque sont présentes dans neuf pays d’Europe comme la Suisse ou la France. À Bruxelles, les communes de Schaerbeek et Molenbeek se penchent également sur cette éventualité.

■ Reportage de Léa Dubuc, Neo Fasquel et Laurence Paciarelli