La Conférence des bourgmestres redit son opposition à la fusion des zones de police

Les bourgmestres des 19 communes de la capitale ont redit mercredi matin leur opposition à une fusion des zones de police. Ils l’ont fait par les quatre représentants de leur bureau, issus de formations politiques différentes: Philippe Close (PS), Vincent De Wolf (MR), Benoît Cerexhe (Les Engagés), et Olivier Maingain (ex-DéFI).

Lors d’une conférence de presse, ceux-ci en ont expliqué les raisons, avant tout opérationnelles, dans un débat qu’ils estiment seulement alimenté par des slogans dans le chef de ceux qui soutiennent ce regroupement. Il existe notamment déjà un dispositif de commandement unique qui a fait ses preuves lors d’événements dépassant les limites d’une zone. Les zones ont ainsi pu développer ensemble une expertise dans la gestion de grandes manifestations, tout en jouant un rôle prépondérant en matière de proximité avec le citoyen.

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Une étude de l’université de Gand a jaugé la situation et en a déduit qu’une fusion n’améliorerait pas la situation. Les quatre bourgmestres n’ont pas manqué non plus d’épingler la déclaration récente de la ministre de l’Intérieur en affaires courantes Annelies Verlinden (CD&V) à la Chambre. Selon celle-ci, “il est difficile aujourd’hui de donner des chiffres très précis sur les gains d’efficacité en cas de fusion”, l’ont-ils citée.

Chiffres à l’appui, les bourgmestres bruxellois ont par ailleurs souligné que les zones de police de la capitale étaient confrontées à un sous-financement chronique, évalué à 500 millions d’euros pour la législature qui commence. Ce montant s’explique entre autres par l’absence persistante d’actualisation de la norme KUL de financement établie à l’époque sur une base de 900.000 habitants (ndlr: 1.250.000 actuellement), sans tenir compte de l’arrivée chaque jour de quelque 300.000 navetteurs. Il y a aussi eu une diminution de la dotation fédérale de base en raison du mécanisme de solidarité avec les zones de police rurales. La charge des pensions et la mise en œuvre des accords intersectoriels conclus en 2018 et 2022 sont aussi pointées du doigt.

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Selon les bourgmestres, il importe également de refinancer la police fédérale notamment face au phénomène de la grande criminalité liée au trafic de drogue, sous peine d’accentuer un phénomène d’aspiration des zones de police amenées à compenser cela au détriment de leurs missions de proximité. Celles-ci compensent déjà l’insuffisance d’effectifs de la police fédérale pour assurer la sécurité des 69 stations de métro et des nombreuses gares de la capitale (14 policiers par shift). Les bourgmestres bruxellois ont aussi rappelé que les six zones de police de la capitale figurent dans le top 12 des plus grandes zones du pays, avec une moyenne supérieure à 200.000 habitants par zone, contre 65.000 au niveau national.

Autre argument avancé lors de la conférence de presse: si on fusionnait les zones de police du pays à la hauteur de ce que certains revendiquent pour Bruxelles, il en resterait moins que les doigts d’une main en Flandre et en Wallonie. Les bourgmestres bruxellois soutiennent qu’ils n’hésiteraient pas à changer d’avis si l’efficacité d’une fusion était démontrée objectivement, mais ce n’est pas le cas, ont-ils dit en substance.

Au cours des dernières semaines, les esprits se sont quelque peu agités sur l’échiquier politique bruxellois après la révélation d’extraits d’une note de départ de discussions pour les négociateurs néerlandophones, en vue de la formation d’un gouvernement bruxellois. Cette note évoquait entre autres la piste d’une fusion des zones de police, des CPAS et des communes.

Belga

Reportage de Simon Breem et Daniel Magnette