Khalil Aouasti : “Il n’y a que 2 enquêteurs pour tous les dossiers d’exploitation economique à Bruxelles”
Une nouvelle commission spéciale sur la traite des êtres humains est mise en place à la Chambre pendant huit mois et présidée par Khalil Aouasti, député de la Chambre des représentants de Belgique (PS).
Cette commission spéciale se focalise sur un phénomène d’une ampleur européenne, mais surtout mondiale. En effet, d’après Khalil Aouasti, la traite des êtres humains en Europe représente 14.000 victimes enregistrées par an. Concernant la Belgique, il y aurait entre 600 et 700 dossiers chaque année. Au niveau mondial, le chiffre d’affaires autour du trafic et de la traite des êtres humains correspondrait à environ 30 milliards d’euros par an.
Le député revient sur les différentes facettes de la traite des êtres humains. “Il y a l’exploitation sexuelle (…), l’exploitation économique, et ça, c’est payer des personnes qui travaillent dans la construction, dans des nights-shop, ou parfois même dans les services de santé à domicile, où on a pu voir aussi faire travailler des personnes 80 heures par semaine pour un salaire de 1000 euros par mois, c’est de l’exploitation économique. On a des choses, qui sont de l’exploitation de la mendicité“. Il précise que la Ville de Bruxelles a commencé à prendre des mesures strictes concernant la mendicité des mineurs de moins de 16 ans.
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Le dernier point pouvant s’inscrire dans la traite des êtres humains est le trafic d’organes avec leur prélèvement forcé.
Les objectifs de la commission
Pendant près de huit mois, cette commission va écouter un certain nombre d’experts afin, de “faire une évolution de la législation, faire une évolution du fonctionnement aujourd’hui, qu’il soit policier ou judiciaire. Du fonctionnement, aussi, de tout ce qui concerne la protection des victimes“.
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Le député précise que le point faible en Belgique sur ce sujet, porte sur le trop grand nombre de dossiers et le peu de personnel pour les traiter. “On est armé sur le plan législatif, on n’est pas armé sur le plan opérationnel et ça, tout le monde le dit. Les services de police et les services de la justice. Par exemple, ici à Bruxelles, en matière, par exemple d’exploitation sexuelle et d’exploitation économique, on a, à peine, une dizaine d’agents de la police judiciaire qui travaillent sur ces matières et deux uniquement sur l’exploitation économique“. Ce manque d’agents explique que certains dossiers sont classés très rapidement sans être traités. Pour les dossiers ayant pu être analysés, le risque pénal est présent. “La traite est déjà criminalisée, pour simplement l’infraction de traite, on peut déjà aller de 1 an à 5 ans et les circonstances aggravantes peuvent amener à 20 ans d’emprisonnement“.
En raison d’un trafic pouvant être international, dans le cadre des travaux de la commission, Eurojust, l’organisme européen de la police et de la justice, sera invité afin de voir comment améliorer les collaborations transfrontalières.
► Retrouvez en intégralité l’interview de Khalil Aouasti
■ Camille Paillaud / Une interview réalisée par Fabrice Grosfilley